Fiche de lecture SupplĂ©ment au voyage de Bougainville Denis Diderot Titre SupplĂ©ment au voyage de Bougainville Auteur Denis Dider or 11 Date de parution 1 Sni* to View Genre Conte philos hiq Biographie de lâauteu . Denis Diderot 1713-1784 est un phllosophe, Ă©crivain et encyclopĂ©diste français. Appartenant aux umiĂšres, il est Ă la fois romancier, conteur, dramaturge, essayiste, ainsi que critique littĂ©raire et critique dâart. Il est surtout connu pour ĂȘtre lâauteur dâun des ouvrages les plus marquant de son siĂšcle, lâEncyclopĂ©die. Peu cĂ©lĂ©brĂ© de son temps, câest au XIXĂšme siĂšcle quâil recevra une mmense reconnaissance postume. RĂ©sumĂ© Deux personnages, A et B, dialoguent de lâoeuvre de Louis Antoine de Bougainville, Voyage autour du monde, tout juste paru. Mais B propose ensuite de parcourir le prĂ©tendu Le vieil Otaitien / Orou / LâAumĂŽnier MĂȘme si il nâest question de lui que durant un seul chapitre, le vieil Otaitien possĂšde une place importante dans ce livre. Il nous est prĂ©sentĂ© comme un homme expĂ©rimentĂ©, un grand sage de quatre-vingts dix ans passĂ©s qui en sait long sur la vie. Lorsque Bougainville arrive chez les Otaltiens, le vieillard ne les acceuille as chalereusement comme les autres habitants de lâĂźle. Au lieu de ça, il se retire dans sa cabane et sâenferme dans un mutisme total. Ce vieil homme incarne la voix de la raison, car il sait que les EuropĂ©ens ne sont pas plein de bons sentiments ils sont lĂ pour asservir les Otaitiens et prendre tout ce quâils ont. Dans le chapitre oĂč il intervient, il met en garde son peuple contre les rĂ©elles intentions des EuropĂ©ens, avant de sâadresser directement Ă Bougainville pour lui dire de quitter line et de ne jamais revenir asservir son peuple. Orou est un Otaitien de trente-six ans, ayant une femme et trois illes, Asto, Palli et Thia. Cest lui qui acceuille lâaumĂŽnier chez lui. Lorsque ce dernier arrive, Orou respecte la tradition de hospitalitĂ© et offre sa plus jeune fille, Thia, pour agrĂ©menter sa nuit. Le moine refuse dâabord, puls se plie aux traditions. Le lendemain, Orou ne comprenant pas pourquoi lâaumĂŽnier avait tant protestĂ© contre sa fille la veille, il interroge lâaumĂŽnier sur la religion et le mariage, dâune part parce que le mot religion lui est inconnu, dâautre part parce le mariage Ă une dĂ©finition trĂšs diffĂ©rente chez les EuropĂ©en PAG » 1 ui est inconnu, dâautre part parce le mariage Ă une dĂ©finition trĂšs diffĂ©rente chez les EuropĂ©ens, et que les Othaitiens ne comprennent que peu ou tout simplement pas. Orou est curieux du mode de vie des EuropĂ©ens et sâĂ©tonne mĂȘme de leurs moeurs et dĂ©cisions, comme la pudeur. Orou remet Ă©galement en cause la notion de Dieu » et les conventions EuropĂ©ennes. Cest un personnage brave et fort parmi les Otaitiens qui, couplĂ© ? celui de lâaumĂŽnier, pose des rĂ©flexions intĂ©ressantes. LâaumĂŽnier est un europĂ©en de trente-six ans faisant parti de lâĂ©quipage de Bougainville. II est du mĂȘme Ăąge que son hĂŽte, Orou. Ayant fait voeu de chastetĂ© et nâenvisageant mĂȘme pas de se donner Ă une femme Ă laquelle il nâest pas mariĂ©, lâaumĂŽnier refuse catĂ©goriquement les avances de Thia, la fille cadette de Orou, qui avait Ă©tĂ© destinĂ© par son pĂšre pour honorer lâaumĂŽnier. Mais ce dernier fini par accepter de se soumettre aux traditions et dâhonorer Thia. Le lendemain, Orou questionne lâaumĂŽnier sur la religion qui prive le moine des plaisirs de la chair, sur le mariage, ainsi que sur les moeurs et la condition de la sociĂ©tĂ© europĂ©enne. Les deux personnages appartiennent Ă des cultures diffĂ©rentes, t les questions innocentes et curieuses dâOrou remettent en cause le fondement et lâexistance des moeurs europĂ©ennes en les comparant aux moeurs otaitiennes. Le personnage de lâaumĂŽnier va donc de paire avec celui dâOrou, puisque câest grĂące Ă leur entretien que les rĂ©flexions du livre sont prĂ©sentes et ont un impact sur le lecteur. PAGF30F11 grĂące Ă leur entretien que les rĂ©flexions du livre sont prĂ©sentes et ont un impact sur le lecteur. ThĂšmes Le mariage et la fidĂšlitĂ© La nature et la civilisation es points de vues et la relativitĂ© des comparaisons Le mariage et la fidĂšlitĂ© Câest un thĂšme trĂšs prĂ©sent dans lâentretien entre Orou et lâaumĂŽnier. En effet, chez les Otaitiens, la dĂ©finition du mariage revient aux prlncipes mĂȘme de la chose, tels quâils sont dans la nature, câest-Ă -dire le consentement dâhabiter une mĂȘme cabane, et de coucher dans un mĂȘme lit, tant que nous nous y trouvons bien ». Ainsi, les Otaltiens dĂ©finissent le mariage de façon simple, et sans y faire intervenir la religion. Les EuropĂ©ens, par contre, font du mariage une cĂ©rĂ©monie qui crĂ©e un lien sacrĂ©, inaltĂ©rable et religieux entre deux personnes de sexe opposĂ©. Et est ici que sâopposent les Otaltiens et les EuropĂ©ens sur la dĂ©finition du mariage et sur la maniĂšre de traiter ce dernier, ainsi que la fidĂšlitĂ© qul va de paire avec. Les Otaltiens dĂ©finissent ainsi le mariage comme un acte respectant lâordre naturel des choses tant que deux personnes sont heureuses et bien portantes ensembles, alors elles restent ensemble. Si elles ne sont plus heureuses ensembles, alors elles se sĂ©parent. Ni plus, ni moins. Par contre les EuropĂ©ens dĂ©finissent le mariage comme un acte religieux et sacrĂ©. Lorsque deux personnes se marient, câest pou a vie, et câest une union qui ne peut pas ĂȘtre brisĂ©e Ă cette Ă©poque. On peut aussi voir que chez les Otaitiens, pour savourer PAGFd0F11 qui ne peut pas ĂȘtre brisĂ©e Ă cette Ă©poque. On peut aussi voir que chez les Otaltiens, pour savourer les plaisirs de la chair dâune autre personne, il nâest pas nĂ©cessaire dâĂȘtre liĂ©e Ă elle par le mariage. Alors que chez les europĂ©ens, se donner Ă une personne avec laquelle on est pas mariĂ©e est un blasphĂšme, encore plus grand si la personne Ă laquelle on se donne est mariĂ©e, ou si lâon est mariĂ©e Ă une personne diffĂ©rente de celle Ă laquelle on e donne. Mais on peut aussi voir que les Otaitiens ne sont pas nĂ©cessairement obligĂ©s de prendre du plaisir uniquement avec leur autre moitiĂ©, contrairement aux europĂ©ens, qui restent liĂ©es Ă la mĂȘme personne toute leur vie. Deux dĂ©finitions diffĂ©rentes donc, pour deux cultures, voir mĂȘme deux mondes, diffĂ©rents. La nature et la civilisation ci, la nature, avec lâhomme sauvage, lâhomme des origines, trouve son adversaire et son opposĂ© dans la civilisation, avec lâhomme sophistiquĂ©, lâhomme raffinĂ©. Chomme sauvage est, bien Ă©divdament lâOtaitien, et lâhomme sophistiquĂ© est donc lâEuropĂ©en. Mais alors que lâOtaitien possĂšde peu voir pas de rĂ©elles rĂšgles, lâEuropĂ©en Ă des codes, des moeurs et des lois parfols contre nature, des codes et des lois en parfaite opposition Ă celles de lâOtaitien. Lâun est libre, lâautre est enfermĂ© dans sa prĂ©tendue civilisation », dictĂ©e par ses codes et ses lois. Mais on ne se rend rĂ©ellement compte de ça quâen confrontant les deux mandes. Dans lâentretien dOrou et de lâaumĂŽnier, on voit que ce dernier, loin de dominer lâĂ©change s 1 mondes. Dans lâentretien dOrou et de lâaumĂŽnier, on voit que ce dernier, loin de dominer lâĂ©change, peine Ă justifier les oeurs europĂ©ennes par des raisons logiques et rĂ©flĂ©chies. Au yeux dâOrou, les moeurs de lâaumĂŽnier sont basĂ©es sur des conventions injustifiĂ©es et contre-nature. Diderot renverse ici le rapport de force entre les Otaitiens et les EuropĂ©ens, en mettant les EuropĂ©ens en position de faiblesse contre lâinocence de la nature des Otaitiens. Le dialogue de fin entre A et B concerne Ă©galement ce sujet, puisque les deux personnages tentent de voir quelles sont les coutumes de leur sociĂ©tĂ© provenant directement de la nature, et quelles sont celles que seuls les codes imaginaires Ă©dictent. B rĂ©sume bien la condition de lâhomme civilisĂ© lorsquâil dit Il existait un homme naturel on a introduit au-dedans de cet homme un homme artificiel; et il sâest Ă©levĂ© dans la caverne une guerre continuelle qui dure toute la vie. TantĂŽt lâhome naturel est le plus fort; tantĂŽt il est terrassĂ© par lâhomme moral et artificiel » La sociĂ©tĂ© et la civilisation imposent donc une convention de morale aux hommes civilisĂ©s. Les Otaltiens bousculent le fondement et lâexistante des lois morales, sociales et juridiques, mais ils bousculent aussi tout ce qui est Ă©dictĂ© par lâĂglise, car ivant sans religion, ils ne sont pas corrompus par le Mal pour autant. pour eux, seul la nature a créée lâhomme, et ce dernier nâappartient Ă personne, ni Ă Dieu, ni au Diable, ni Ă une entitĂ© plus puissante que lâhomme. Qui plus est, Oro 6 1 ni Ă Dieu, ni au Diable, ni Ă une entitĂ© plus puissante que lâhomme. Qui plus est, Orou trouve parfaitement ridicule et contraire Ă la nature mĂȘme de Ihomme le voeu de stĂ©rilitĂ© prononcĂ© et encouragĂ© par lâĂglise catholique de lâĂ©poque. Les europĂ©ens sont Ă©galement sous le joug de besoins fictifs et chimĂ©riques, qui est un code de sociĂ©tĂ©. Les Otaitiens, eux, se contentent du nĂ©cessaire, et ne veulent rien de plus. La notion mĂȘme de propriĂ©tĂ© nâexiste que peu ou pas chez les sauvages », alors que les EuropĂ©ens sont profondement ancrĂ©s lĂ -dedans. On peut aussi voir que le mode de vie des Otaitiens est idylique, tellement idylique que mĂȘme lâaumĂŽnier Ă lâidĂ©e de se dĂ©barrasser de ses vĂȘtements et de rester parmi les Otaitiens, et regrettant aprĂšs coup de ne pas lâavoir fait. un homme civilisĂ©, qui plus est un homme dâĂ©glise, serai donc prĂȘt Ă renoncer Ă tout ses besoins fictifs, Ă son confort, Ă sa sociĂ©tĂ©, et mĂȘme Ă la foi en son Dieu, pour rester vivre dans la patrie de ces hommes de la nature, de ces hommes sauvages. Les points de vues et la relativitĂ© des comparaisons En effet, les moeurs et codes Otaitiens ont beau sâopposer aux moeurs et codes EuropĂ©ens, mais pour que lâopposition soit possible, il faut un contexte, et des points de vues. Cest une thĂšmatique intĂšressante, et qui trouve un terreau fertile dans ce SupplĂ©ment au voyage de Bougainville. Par exemle, si pour lâopposition des moeurs et des codes entre Otaitiens et EuropĂ©ens, on choisit de prendre le point de vu dâun europĂ©en standard, et b PAGF70F11
Cequestionnaire de lecture sur SupplĂ©ment au Voyage de Bougainville de Diderot vous aidera Ă : Âż vĂ©rifier votre comprĂ©hension de ce conte philosophique Âż faire des liens entre la rĂ©alitĂ© et la fiction Âż approfondir votre analyse de l¿¿uvre Cette ressource comprend un questionnaire de lecture ainsi quÂżun corrigĂ© complet et dĂ©taillĂ©. Lecture Analytique & Commentaire SupplĂ©ment au Voyage de Bougainville, Diderot. PremiĂšre S â 1 Introduction. PrĂ©sentation de l'auteur, remise en place du contexte Denis Diderot 1713 â 1784 est issue d'une famille d'artisans aisĂ©s. Il est d'abord promis Ă une carriĂšre d'ecclĂ©siastique mais finit par s'enfuit Ă Paris en Juillet 1749, il est enfermĂ© au chĂąteau de Vincennes pour ses Ă©crits. LibĂ©rĂ©, il commence Ă Ă©crire sa principale Ćuvre l'encyclopĂ©die. Pendant 20 ans, il rĂ©dige des centaines d'articles dans lesquelles ils rusent lui-aussi avec la censure. A 60 ans, l'Ă©crive se rend auprĂšs de Catherine II, impĂ©ratrice de Russie qui cherche Ă appliquĂ© dans son pays, la doctrine des lumiĂšres. Diderot dĂ©fend la libertĂ© de penser et Ă constamment recours au dialogue comme une forme privilĂ©giĂ©e du dĂ©bat. Chaque personnage reprĂ©sentent souvent les opinions contradictoires de l'auteur lui-mĂȘme. Le dialogue permet donc Ă Diderot de mettre en scĂšne une dĂ©libĂ©ration en exposant ses propres interrogations. Le supplĂ©ment au voyage de Bougainville participe pleinement Ă une rĂ©volution du regard sociologique le naĂŻf, le barbare prĂ©tendu devient le juge de l'europĂ©en, c'est l'inversion des rĂŽles et cela rejoint le thĂšme essentiel au 18e siĂšcle, du regard sur l'autre et de l'autre sur soi le sauvage » comprend mieux la civilisation que Bougainville lui-mĂȘme. DĂ©jĂ Montaigne, dans ses essais avec ses cannibales » avait opĂ©rĂ© ou effectuĂ© ce changement de perspective donner la parole Ă un Ă©tranger qui analyse les travers de la civilisation a Ă©tĂ© une dĂ©marche commune Ă plusieurs acteurs â Montesquieu rĂ©vĂšle Ă travers le regard des persans, les contradictions de la sociĂ©tĂ© Française. â Voltaire met en scĂšne un voyageur interplanĂ©taire, Micromigas, qui fait preuve d'une curiositĂ© universelle, se montre raisonnable et peine Ă comprendre les querelles engendrĂ©s par les superstitions humaines. De mĂȘme, Candide dĂ©couvre Ă ses dĂ©pends que la folie mĂšne le Monde. Mais en quoi ce texte est-il un rĂ©quisitoire contre les maux de la civilisation et un Ă©loge du retour au naturel ? 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Diderot prĂ©sente le vieillard comme un homme dont la parole est lĂ©gitime, c'est une sorte de portier familias », bienveillant et de bon sens Le pĂšre de famille » L-1 ; Il se montre mĂ©fiant et distant des regard de dĂ©dain sur eux » ; se retire dans sa cabane » L-2 & 3 . A la venu des EuropĂ©ens, il refuse de se laisser sĂ©duire, mais il est serain ni Ă©tonnement, ni frayeur, ni curiositĂ© », il incarne la maĂźtrise de soi, il a la sĂ©vĂ©ritĂ© de l'homme d'expĂ©rience qui parle en connaissance de cause. C'est donc dĂšs le premier paragraphe que Diderot impose ce personnage du sage, comme un personnage digne de confiance et d'Ă©coute ce qui rend sa rĂ©volte crĂ©dible et lĂ©gitime. Dans un premier temps, le vieillard s'adresse au ThaĂŻtien car certains parmi-eux regrettent le dĂ©part de ces envahisseurs. En effet, ils cherchent Ă emprunter leurs valeurs, Ă s'occidentaliser. Puis dans un second temps, il se tourne vers Bougainville et s'indigne de la supĂ©rioritĂ© prĂ©tendu de leurs mĆurs et de leurs valeurs. Le discours du vieillard reprend un certains nombres de procĂ©dĂ©s chĂšres Ă l'Ă©loquence classique. â Premier procĂ©dĂ© rhĂ©torique la triple apostrophe qui interpelle le Tahitien Pleurer malheureux Tahitien » ; Ă Tahitien, mes amis ! ». â Il interpelle aussi Bougainville Et toi, chef des brigands », puis s'adresse Ă Orou, un interprĂšte de la tribu. On a presque ici, les figures d'avocats se tournant vers les diffĂ©rentes parties en prĂ©sence. â La description pĂ©jorative Ă l'aide de termes connotant la violence fureurs inconnues » ; folle dans tes bras » ; fĂ©roces dans les leurs » ; se haĂŻr, Ă©gorger... » ; teinte de votre sang » ; futur esclavage ». â Le parallĂ©lisme de construction devenu folle â devenu fĂ©roce » ; lorsque nous avons faim..., lorsque nous avons froids... ». â Les questions oratoires, elles ont pour buts l'ironie et la vive critique des croyances, des comportements Tu crois donc que le Tahitien ne sait pas dĂ©fendre sa libertĂ© ? ». Ce discours cherche Ă provoque une prise de conscience chez les Tahitiens. Il prĂ©sentent les europĂ©ens non seulement comme une menace actuel, mais Ă©galement dans l'avenir, voir l'usage de l'anaphore Un jour ils reviendront, un jour vous servirez... ». Il s'adresse Ă sa communautĂ© toute entiĂšre et s'appuie sur des verbes au futur simple Ă valeur catĂ©gorique pour prĂ©senter un avenir funeste Vous les connaitrez mieux » ; Ils reviendront ». Le fanatisme religieux, la fureur guerriĂšre entraĂźnent l'esclavage et la corruption. Le ton employĂ© par le vieillard et le lexique choisis inscrivent le thĂšme dans un registre pathĂ©tique. Il n'y a pas d'issu aux malheurs qui s'abattent sur les Tahitiens Aussi, malheurs au Tahitiens prĂ©sents et Ă tout les Tahitiens Ă venir, du jour oĂč tu nous visitĂ©. ». Registre pathĂ©tique C'est un registre qui par la narration ou une mise en scĂšne d'une situation malheureuse, inspire au lecteur ou au spectateur une forte Ă©motion en s'adressant Ă leur sensibilitĂ©. ParallĂšlement Ă ce refus de la corruption par les mĆurs europĂ©ennes, le vieillard prĂŽne un retour au naturel et Ă la simplicitĂ© des besoins qui sont les deux seules voies du bonheur d'une sociĂ©tĂ© qui souhaite rester saine. A Tahiti, la vie naturel est valorisĂ© ; elle obĂ©it Ă un code moral car il s'agit de suivre le pur instinct de la nature. Le vieillard rappelle ainsi Ă Bougainville Nous sommes innocents, nous sommes heureux et tu ne peux que nuire Ă notre bonheur » ; Tout ce qui nous est nĂ©cessaire et bon, nous le possĂ©dons ». Il transforme ainsi, la connaissance en aveuglement lorsqu'il dit Ă Bougainville Nous ne voulons point troquer ce que tu appelle notre ignorance contre tes inutiles lumiĂšres ». Il rappelle Ă©galement qu'en dehors de l'alimentation et de la protection contre le froid, les autres besoins sont superflus. Selon le vieillard, l'organisation de la sociĂ©tĂ© Tahitienne porte en elle des valeurs fondamentales de la sociĂ©tĂ©, la libertĂ© originelle, l'Ă©galitĂ© entre les hommes et la rĂ©ciprocitĂ© des liens, la fraternitĂ©. C'est au sein d'interrogations Ă l'Ă©gard de Bougainville qu'on retrouve dans ces trois thĂšmes et dans les discours qui surgissent du texte Ă travers les mise en question et le comportement des europĂ©ens Vous ĂȘtes tout deux enfants de la nature, quels droits as-tu sur lui qu'il n'ait sur toi ? ». Il Ă©voque ensuite les liens de rĂ©ciprocitĂ© et l'Ă©galitĂ© entre les hommes qui en dĂ©coule Nous avons respectĂ© notre image en toi, laisse nous nos mĆurs ». On a donc vraiment affaire Ă une vĂ©ritable morale de l'altruisme de la part du vieillard il ne faut pas faire Ă l'autre ce que l'on voudrait pas que l'on vous fasse ». Tout au long de son discours, le vieillard oppose deux attitudes, deux ensembles de valeurs diffĂ©rentes ; il fait alterner considĂ©ration gĂ©nĂ©rale avec des arguments et illustrations particuliĂšres, il dĂ©nonce â La notion de propriĂ©tĂ© individuelle et la distinction du tien et du mien illustrĂ© par l'attitude des europĂ©ens. â Il dĂ©nonce la perte de la libertĂ© par la colonisation violente d'un pays rĂ©duit Ă l'esclavage attitude inverse d'accueil des tahitiens . â Il dĂ©nonce la quĂȘte du superflu qui engendre la fĂ©brilitĂ© et la fatigue inutile ; les Tahitiens pratiquant le repos. â Il dĂ©nonce enfin l'effondrement d'une sociĂ©tĂ© saine et robuste, et l'Ă©change d'une population marquĂ© par le manque de rigueur Je laboure, je grimpe, je perce, je parcours... » ; Tes jeunes compagnons ont peine Ă me suivre ». Ce texte appartient Ă cette stratĂ©gie littĂ©raire prĂ©sente au 18e siĂšcle, qui consiste Ă donner la parole Ă un Ă©tranger qui commente et critique parfois violemment les valeurs, les abus et les mĆurs des europĂ©ens. Le vieillard par sa posture de sage en fait parti il emporte l'adhĂ©sion du lecteur qui s'insurge avec lui des atrocitĂ©s et de la corruption propre aux mĆurs des europĂ©ens prĂ©sentĂ© comme violent et non pas civilisĂ©. Ceux qui ont l'esprit Ă©clairĂ© » ne sont pas ceux qu'on pourrait croire et ici, Diderot renvoi Ă une morale naturelle de la simplicitĂ© comme gage du bonheur d'une sociĂ©tĂ©. RdM...LE DISCOURS DU VIEUX TAHITIEN Extrait du SupplĂ©ment au LE DISCOURS DU VIEUX TAHITIEN Extrait du SupplĂ©ment au voyage Ă Bougainville de Diderot I. - - - Analyse du discours et de sa vĂ©hĂ©mence Celui qui parle 1 est prĂ©sent ms sâexprime au nom dâune communautĂ©. Utilisation de nous ou le Tahitien. Il est le porte-parole dâune sociĂ©tĂ© opprimĂ©e Opposition celui Ă qui il parle 2 est sans cesse interpellĂ© tu + Adj. Poss. 2Ăšme pers. A presque toutes les lignes 1 dit tout ce quâil a sur le cĆur, 2 nâa pas le temps de se dĂ©fendre reproches inĂ©branlables Rythme du texte dicte lâintonation Phrases courtes, agressives et nerveuses Absence de liaisons & parallĂ©lismes Vocabulaire + Intonation Transmission de lâindignation et de la colĂšre des indigĂšnes au lecteur et Ă lâinterlocuteur immĂ©diat Tu nâes ni un dieu, ni un dĂ©mon qui es-tu donc pour faire des esclaves ? Propositions simples & sĂ©parĂ©es par ponctuation expressive et grave le discours solennel est marquĂ© de pauses Oppositions avec mais, tout est Ă tous Indignation devant le comportement des colons ModalitĂ© exclamative dominante 2 propositions injonctives laisse-nous & Ă©carte promptement Vieillard donne des ordres et harcĂšle son interlocuteur par un dialogue fictif et vif Questions & interrogations Ce pays est Ă toi ? marquent une exaspĂ©ration marquĂ©e dâindignation Quel droit as-tu quâil nâait pas sur toi ? le lecteur se voit obligĂ© de formuler une rĂ©ponse nĂ©gative EfficacitĂ© des questions rhĂ©toriques BUT - Le lecteur europĂ©en doit regretter la conduite de ses semblables - Vieillard = Sage des contes orientaux, il en a la sagesse et lâautoritĂ© - Discours portĂ© par une argumentation sans faille et un Ă©lan qui entraĂźne notre adhĂ©sion II. Analyse de lâargumentation du vieillard Alliance dâarguments de circonstance et dâarguments gĂ©nĂ©raux reposant sur valeurs intangibles - Raisons de la colonisation sont discrĂ©ditĂ©es Mettre le pied sur terre Expression familiĂšre & concrĂšte ne suffit pas pour la considĂ©rer sienne Le vieillard envisage une hypothĂšse absurde mais intelligente lâinversement des rĂŽles A quâen penserais-tu ?, la rĂ©ponse est Tu penserais que câest injuste et injustifiable sur le plan rationnel. De mm pour lâesclavage Tu n es pas esclave[âŠ] veux nous asservir Vieillard invite celui qui fait souffrir les autres Ă sâinfliger le mm sort et Ă rĂ©flĂ©chir 1 - Argument plus gĂ©nĂ©ral La Raison du + fort ne justifie toujours pas lâinjustifiable Comparaison du comportement des colonisateurs et des colonisĂ©s qui subissent Disproportion entre le vol de bagatelles or et la csq Vol de tout un pays !Tahitien dresse tableau en nĂ©gatif* de lâattitude conciliante et bienveillante de son peuple Ă lâĂ©gard des EuropĂ©ens hostiles et agressifs - MS Arguments les + forts & les + gĂ©nĂ©raux st au milieu de lâextrait Le Tahitien est ton frĂšre, nous avons respectĂ© notre image en toi Il faut donc voir des frĂšres en tous les hommes Câest donc le prĂ©tendu sauvage qui fait une leçon de morale au prĂ©tendu civilisĂ© Ce renversement est un coup magistral de Diderot III. HabiletĂ© extrĂȘme de Diderot qui est maĂźtre dâĆuvre de cette mise en scĂšne - Diderot donne sa voix aux colonisĂ©s Diderot met sa rhĂ©torique apprise chez les JĂ©suites au service au service des opprimĂ©s Renverse la situation Fait la leçon de lâOccidental en prenant la parole du colonisĂ© - ! Cela ne signifie pas que Diderot prend en charge la dĂ©fense de lâĂ©tat de nature ni quâil dĂ©nigre les LumiĂšres au profit de lâignorance Il donne une leçon de relativitĂ© aux Occidentaux qui se croient supĂ©rieurs Il donne une leçon dâhumanitĂ©, exhorte les hommes Ă regarder les autres comme lâimage dâeux-mĂȘmes sinon les raisons des LumiĂšres, imposĂ©es par la force, seraient considĂ©rĂ©es inutiles par les opprimĂ©s Nous ne voulons point troquer ce que tu appelles notre ignorance contre tes inutiles lumiĂšres - La parole est donc sage et fait rĂ©flĂ©chir celui qui opprime et qui se croit supĂ©rieur ; ceci est le principe des contes philosophiques. Tahitien=Candide, lâIngĂ©nu, le Persan. Le Tahitien fait la leçon aux EuropĂ©ens en appliquant un regard neuf Ă des pratiques qui semblent lĂ©gitimes ms qui sont contraires aux lois naturelles. La Colonisation prĂ©sentĂ©e du point de vue indigĂšne est une idĂ©e originale et intĂ©ressante. Le discours du vieillard soulevĂ© par un ample mouvement oratoire et soutenu par des arguments infaillibles ne dâadresse pas quâĂ Bougainville, il met en garde tous les lecteurs contre la FACILITE ET LâINHUMANITE DE LâESCLAVAGE. Par lâintermĂ©diaire du vieillard, Diderot rĂ©vĂšle la face cachĂ©e des colonies. En inversant les rĂŽles & en invitant le lecteur Ă se mettre Ă la place des opprimĂ©s, Diderot rĂ©alise un coup de maĂźtre. 2
NotĂ©. SupplĂ©ment au voyage de Bougainville de Denis Diderot (Fiche de lecture) : RĂ©sumĂ© complet et analyse dĂ©taillĂ©e de l'oeuvre - Normand, Fanny, des millions de romans en livraison rapideDĂ©cryptez SupplĂ©ment au Voyage de Bougainville de Denis Diderot avec lâanalyse du ! Que faut-il retenir du SupplĂ©ment au Voyage de Bougainville, le conte philosophique qui a plongĂ© les lecteurs au coeur de Tahiti ? Retrouvez tout ce que vous devez savoir sur cette Ćuvre dans une fiche de lecture complĂšte et dĂ©taillĂ©e. Vous trouverez notamment dans cette fiche âą Un rĂ©sumĂ© complet âą Une prĂ©sentation des personnages principaux tels que A, B, le vieillard tahitien, Orou et l'aumĂŽnier âą Une analyse des spĂ©cificitĂ©s de lâĆuvre les LumiĂšres et le mythe du bon sauvage, la nature et la culture, la morale sexuelle et le dialogue philosophique Une analyse de rĂ©fĂ©rence pour comprendre rapidement le sens de lâĆuvre. LE MOT DE LâĂDITEUR Dans cette nouvelle Ă©dition de notre analyse du SupplĂ©ment au Voyage de Bougainville 2014, avec Fanny Normand, nous fournissons des pistes pour dĂ©coder ce dialogue philosophique qui confronte deux mondes trĂšs diffĂ©rents. Notre analyse permet de faire rapidement le tour de lâĆuvre et dâaller au-delĂ des clichĂ©s. » StĂ©phanie FELTEN Ă propos de la collection PlĂ©biscitĂ© tant par les passionnĂ©s de littĂ©rature que par les lycĂ©ens, est considĂ©rĂ© comme une rĂ©fĂ©rence en matiĂšre dâanalyse dâĆuvres classiques et contemporaines. Nos analyses, disponibles au format papier et numĂ©rique, ont Ă©tĂ© conçues pour guider les lecteurs Ă travers la littĂ©rature. Nos auteurs combinent thĂ©ories, citations, anecdotes et commentaires pour vous faire dĂ©couvrir et redĂ©couvrir les plus grandes Ćuvres littĂ©raires. est reconnu dâintĂ©rĂȘt pĂ©dagogique par le ministĂšre de lâĂducation. Plus dâinformations sur. 38 781 707 658 335 727 644 545