RogueOne: A Star Wars Story. (2016) de Gareth Edwards et Tony Gilroy. 2h13. 64% 385 micro-critiques | Sa note : sudroxaz. “ Un opus pĂąteux, filandreux et nĂ©buleux, qui coche les cases sans jamais parvenir Ă  aligner les planĂštes. "Le Secret de l'Espadon" du pauvre. ” — sudroxaz 16 dĂ©cembre 2019. ï»żExposĂ© du 29 septembre 2010, par Mr Moreau-Hamel. Le film Ă©tudiĂ© prĂ©sente des idĂ©ologies trĂšs Ă©quivoques. Certaines scenes sont choquantes tant sur les propos que sur les actes
 Il est de notoriĂ©tĂ© commune de dire que l’amour d’autrui vaut mieux que la haine de son prochain. Mais depuis des temps innombrables, on peut voir le Monde entier se dĂ©chirer pour des questions de races, de religions, de couleurs de peaux ou d’idĂ©es politiques et morales. Peut-on aujourd’hui donner un seul exemple de societe civilisĂ©e qui a reussi a vivre depuis sa creation sans une once de ce qu’on appelle le racisme ou encore segregation ? Les differences entre les Hommes sont l’occasion de donner libre court a ces dĂ©rives idĂ©ologique. Le film American history X traite de ce sujet. Segregation anti-noire, antisionisme, antisĂ©mitisme, la question est de savoir comment se positionnent ces idĂ©ologies dans la morale kantienne. Pourquoi considerer qu’il existe des races inferieurs ? Comment s’articule l’edification d’une doctrine raciale a un point de vue philosophique ? Dans une premiere partie, nous verrons en quoi la haine de l’etranger pose un probleme moral religieux et social. Nous verrons ensuite en quoi l’endoctrinement de masse joue un rĂŽle clĂ© dans une idĂ©ologie tel que celle du DOC. Puis nous verrons enfin quelle place prend la mise en place de la loi du plus fort. I/ la haine de l’etranger, un problĂšme moral. De tout temps, la non-acceptation de l'autre a existĂ© ; on peut mĂȘme parler Ă  cet Ă©gard de constante du comportement humain, liĂ©e Ă  l'Ă©goĂŻsme et Ă  l'Ă©troitesse d'esprit, qui peut mĂȘme se manifester au sein d'une famille. C'est pourquoi toutes les morales du monde ont encouragĂ© la tolĂ©rance, et une plus grande comprĂ©hension de l'autre. » a/ En vĂ©ritĂ© je vous le dit » Je deteste tous ceux qui ne sont pas Blancs et protestants » Ainsi s’exprime Danny alors qu’on lui demande en quoi il croit. La doctrine neo-nazi presente des points commun a toute doctrine raciale. On note ici l’intolerance frappante qui se trouve dans cette phrase. Dans son intention de prise de conscience generale, American History X n’hesite pas a user des mots explicites et a tenter de lĂ©gitimer la xĂ©nophobie dans un but de dĂ©nonciation. Certain considere le racisme comme justifie par la Bible, GenĂšse 9 ;27 Dilatet Deus Iapheth, et habitet in tabernaculis Sem, sitque Chanaan servus eius. » La religion prend alors une part importante dans la mise en place de l’idĂ©ologie, car on use de l’immanence de Dieu pour justifier la haine raciale. Comment alors considerer un acte tel que cela en parallĂšle d’une doctrine religieuse qui prĂŽne l’amour de son prochain ? Relativement a ce que dit la Bible, une forme de suivit strict du dogme va se mettre en place afin de pouvoir agir en totale adequation avec la doctrine et les idĂ©es de l’eglise. Dans American History X le cote religieux de l’idĂ©ologie n’est pas le plus represente mais elle reste neamoins omnipresente de part le nom meme du mouvement the disciple of Christ » ndlr DOC. De plus si les adeptes du mouvement suivent les prĂ©ceptes bibliques, il n’empeche pas moins que toute une reflexion politique se met en place qu’on la partage ou non
. Ainsi, on peut entendre de la part de certains membre des phrases pleines de sens ou le vĂ©cu se fait sentir. Lors de l’interview de Dereck sur la mort de son pĂšre, il expliquera Bien sĂ»r que c'est d'origine raciste ! Tous les problĂšmes de ce pays sont d'origines racistes ! Et pas seulement les meurtres. L'immigration, le Sida, les dĂ©penses sociales sont les problĂšmes de... de la communautĂ© noire, de la communautĂ© Hispanique, de la communautĂ© Asiatique ! C'est pas un problĂšme blanc. ». LE cotĂ© religieux semble finalement n’etre qu’une partie de l’iceberg car entre alors en compte un probleme de morale sociale et plus seulement de morale religieuse . b/ la moralisation de Sweeney Le professeur Sweeney represente la voix de la sagesse. On le voit a de nombreuse reprise jouer le role de moralisateur aupres de Danny ou de Dereck. Pourtant la morale du professeur d’histoire ressemble d’avantage a une morale base sur des idĂ©es empirique et non fondĂ©e sur une veritable reflection. En effet on entend de sa bouche le basique discours moralisateur sur le racisme. Il semble apparaitre cependant que ce discours parraisant simpliste a une grande importance dans le film. Sweeney represente le but a atteindre Il y a une Ă©poque oĂč j'en voulais Ă  la terre entiĂšre, ou j'avais la haine, pour toutes les misĂšres, les vexations, les souffrances que j'endurais continuellement, que je voyais... infligĂ©e Ă  mon peuple. J'en voulais Ă  tout le monde j'en voulais aux blancs, j'en voulais Ă  la sociĂ©tĂ©, j'en voulais Ă  Dieu ! Mais j'avais aucune rĂ©ponse parce que je posais les mauvaises questions. » On peut se demander ce que represente la morale dans une telle situation. Alors que Dereck et Danny se trouve pris dans un cercle vicieux, la morale leur apparait comme un discours pleins d’ignominies qu’ils ne sont pas capable d’entendre. Mais a force d’acharnement Sweeney parviendra a sauver Dereck. La morale sociale nous apparait comme la clĂ© du film. En effet lors de son repentir, on peut voir Dereck revenir sur ses a priori et sur ces idĂ©es fondĂ©es en repensant a ce que lui a dit Sweeney. Peut-on rapproche la morale de sweeney a la morale kantienne ? En realite Emmanuel Kant s’est exprime sur le racisme et plus spĂ©cifiquement sur l’antisĂ©mitisme. En disant En 1715, dans son MĂ©moire sur les diffĂ©rentes races humaines je pense que le mĂ©lange des races provoque la diminution graduelle des qualitĂ©s de l'espĂšce humaine. » Il attaque Ă©galement le nĂ©faste esprit judaĂŻque ». Ainsi on peut distinguer dans la philosophie deux sortes de racisme distinctes. Le premier serait le racisme traditionel qui justifie la domination des races inferieures par les races superireures au nom de l’interet de tous a etre gouvernĂ©s par les etres les plus eclairĂ©s. Et les racisme differentialiste qui prĂŽne quant a lui la difference entre les races et qui est base sur la peur du melange et de l’indiffĂ©renciation. Ainsi les nazis n’ont pas souhaitez dominer les juifs, les homosexuels et les handicapĂ©s. Necessairement , suivant leur idĂ©ologie ils devaient les exterminer. Dereck agit exactement de la meme maniĂšre lorsque sa voiture se fait braquer un soir. Voyant que ce sont des noires qui agissent ainsi il ne saisit pas la possiblite d’appeler la police pour agir et est suivant son idĂ©ologie, dans l’obligation de les exterminer. Kant voit dans le racisme un cote transcendental qui legitime les actes et les paroles a l’egard de ce qu’il appelle les races inferieurs. Dans American history X il est clairement montre que les deux types de racisme classifie par Kant sont present. Ainsi quand Seth explique a Danny comment il faut voir les races considerĂ©es comme inferieures, il s’exprime en ces termes Nan y'a pas un de ces enfoirĂ©s qui est bien Danny tu piges ? C'est rien que de la vermine tout ça. Souviens toi de ce que Cameron dit "On veut pas les connaĂźtre mais on sait que l'ennemi c'est ces fils de putes." » Ici est parfaitement montrĂ© la volontĂ© de ne pas connaitre ces personnes mais simplement de les dominer sans comprendre qui ils sont . On peut se rendre compte dans le film que les disciples du christ veulent asseoir leur superiorite de craintes de voir les communautĂ©s Ă©trangĂšres prendre leur place. c/ le repentir face a l’opiniĂątretĂ© Je pense que le moment est venu de vous dire ce que j'ai appris, d'en tirer une conclusion nan ? HĂ© bien ma conclusion c'est que la haine est une saloperie, la vie est trop courte pour passer son temps Ă  avoir la haine. Derek dit toujours que c'est bien de terminer un devoir par une citation. Il dit que quelqu'un a dĂ©jĂ  dĂ» en faire une bonne alors, si on ne peut pas faire mieux, autant la lui emprunter carrĂ©ment. J'ai choisis celle lĂ , et j'espĂšre qu'elle vous plaira Nous ne sommes pas ennemis, mais amis. Nous ne devons pas ĂȘtre ennemis, mĂȘme si la passion nous dĂ©chire, elle ne doit pas briser l'affection qui nous lie. Les cordes sensibles de la mĂ©moire vibreront dĂšs qu'on les touchera, elles rĂ©sonneront au contact de ce qu'il y'a de meilleur en nous. » C’est en ces termes que Danny fini le devoir demander par Sweeney. On peut clairement voir le retournement de situation dans l’ideologie de Danny. En effet au depart totalement ferme d’esprit, Danny semble suivre les traces de son fere en s’etant repentit de sa haine envers les races inferieurs. On comprend alors le role de la morale sociale dans le repentir du jeune skin head. Comment la morale peut jouer sur nos sentiments au point d’en changer la nature meme qui semblait etre l’essence de Danny ? Dans sa reflexion sur la theorie et l’experience, le philosophe Bachelard expliquait que pour trouver la reponse a une question ou a une problematique il fallait se separer de tout ce qui pouvait s’apparenter a une idĂ©e recu, car le resultat serait alors un resultat induit par la pensĂ©e commune et non par l’experience personnelle suiviant une reflexion poussĂ©e sur un sujet donner. Le repentir de Dereck semble suivre cette facon de procede car alors qu’il en prison on le voit au fur et a mesure que le temps passe, se rendre compte de ce qu’il est vraiment et ainsi se rapprocher de la communaute afro-amĂ©ricaine. Alors qu’il sort on le voit metamorphose et donnant des lecons de vie a son jeune frere Danny en lui expliquant ce qui lui est arrive en prison, le degout qu’il a commence a eprouver pour cette ideologie dĂ©bordante de haine. Cependant malgre le fait que Danny se repentisse egalement, on peut considerer que la facon dont il le fait n’ai pas necessairement la bonne dans la mesure ou il suit ce que lui a dit son frere et non sa propre experience ou sa propre volonte de changer. II/ Cameron ou l’endoctrinement de masse. a/ La GenĂšse d’une idĂ©ologie La fondement meme d’une idĂ©ologie se trouve dans l’endoctrinement de la masse, dans la mise en place d’une pensĂ©e commune a tous qui ne souffrira d’aucun vice, d’aucune faille. » Ainsi s’exprimait Adolphe Hitler, plus grand dictateur et plus grand dirigeant de masse que la Terre est jamais connu alors qu’il expliquait l’importance du mouvement de masse dans la doctrine nationale socialiste. Dans American History X, le personnage de Cameron joue le rĂŽle d’endoctrineur charismatique semblable a la figure du patriarche si souvent importante lorsqu’il s’agit de passation d’idĂ©e. On se rend rapidement compte du rĂŽle que joueun tel personnage dans l’edification d’une idĂ©ologie si fragile que celle du nazisme portĂ©e sur la xĂ©nophobie. Alors que Dereck exprime sa facon de penser a de nombreux moments du film, on croit entendre la parole meme de Cameron dans sa bouche. Au moment ou Vignard Dereck parle avec la bande skins head avant de mettre le magasin a sac, on le voit dans une voiture avec cameron qui lui explique combien il est important pour lui qu’il serve de relai entre lui et les nouveaux engagĂ©s. Pour Heiddeger, la figure du patriarche idĂ©ologique est surement une des plus importantes pour la mise en place d’une doctrine quel quelle soi dans la mesure ou chacun va se retrouver dans cette figure charismatique et ainsi se trouver renforcer dans ses idees puisque une personne au caractĂšre fort va sous ce nom rallier tout un peuple a son niveau. Hitler, Staline, Mao sont trois exemples de fortes figures idĂ©ologiques. Apres reflexion, on ne peut pas imaginer leurs parti voir le jour sans eux, car ils seront la cle de voute du parti, le ciment qui va lie chaque membre a cette idĂ©ologie sans faille que presentais Hitler. La question est de savoir pourquoi les memebres d’un parti ont besoin de cette figure quasiment transcendentale au sens kantien du terme. Alors qu’il est en prison, Dereck perd ses reperes. Se retrouvant seul face a tous, il essaye de se rallier a un groupuscule neo nazi au sein meme de la prison mais se rend vite compte que les membres de ce groupes ne sont pas vraiment ce a quoi il s’attendait. Loin de Cameron et de ses preceptes, dereck va voir sa foi en la superiorite de la race blanche se desagreger au fur et a mesure puisque il ne pourra plus voir combien l’idĂ©ologie en laquelle il croit rassemble du monde. Il se rendra compte que toute sa doctrine Ă©tait basĂ© sur la figure meme de Cameron. Ainsi le patriarche idĂ©ologique semble etre une notion primmordiale dans l’edefication d’une doctrine. Mais pas seulement car on peut voir que le nombre et le sentiments de puissance liĂ© a ce nombre de membre croyant en une meme idĂ©ologie est egalement important. b/ La puissance du nombre Si tu crois que c’étais dĂ©jĂ  genial avant attend de voir ce que c’est devenu maintenant. On est carrement mieux organise, c’est presque une petite armĂ©e qu’on a avec nous. » C’est en ces termes que stesi la copine de Dereck lui explique ou en sont les disciples du Christ lorsqu’il sort de prison. Et c’est egalement en ces termes que le spectateur se rend compte de l’importance du nombre dans une telle situation doctrinale. Personne ne se battrait pour une cause si il Ă©tait seul, personne n’aurait le courage d’affirme une chose telle que ce qu’affirme les disciple si il Ă©tait seul contre tous. La vision que cameron stesi et Seth on du DOC ressemble a toute les visions des mouvements de masse. De Hitler a Martin Luther King en passant par le Ku Kux Klan, absolument tous on chercher a joindre a leur cause un nombre toujours plus grand d’adeptes en y parvenant ou pas d’ailleurs. Mais chacun avait compris l’importance et le pouvoir qu’apportait le mouvement de masse. Ce mouvement qui fait echo toujours plus loin. Dans American History X l’augmentation du nombre est parfaitement montrĂ©e. Avant de partir en prison, Dereck alors main droite de Cameron, partait faire une ce qu’on pourrait rapproche a une rattonade avec une poignĂ©e seulement de militants. A sa sortie de centre de dĂ©tention, on le voit acceuillit a une soiree en son honneur par une foule de sympathisants qui le vĂ©nĂšrent comme un mythe vivant. Dereck ou l’homme qui a montre l’exemple se rend alors compte que jamais plus les choses ne seront comme avant. D’apres Hitler, la valeure d’un mouvement se calcul en fonction du nombre de sympathisants et en fonction de la foi qu’on ces sympathisants en la doctrine et en le chef de file de cette meme doctrine. Mais etre nombreux et ne rien faire ne servirait pas a grand chose. Voila pourquoi des actions concretes sont mises en places pour montrer la puissance du mouvement. III/ La violence raciale ou la mise en place du droit du plus fort. a/ La violence dans la non considĂ©ration de la dignitĂ© d’autrui La mise en place de la loi du plus fort se fait dans la non considĂ©ration de la dignitĂ© d’autrui. Si dans le cadre de mon crĂ©do, je dois mettre en place une supĂ©rioritĂ© de ma personne par rapport aux autres, il est nĂ©cessaire que cette mise en supĂ©rioritĂ© se fasse dans la nĂ©gation d’autrui, dans le dĂ©nigrement de sa personne, de son intĂ©gritĂ©. C’est exactement ce qu’il s’est passe lors de la seconde guerre mondiale. Alors qu’Adolphe Hitler ordonnait l’extermination des juifs, on a vu se mettre en place parallĂšlement une propagande qui considĂ©rait le juif comme sous-hommes, comme un rat. Le terme de juif Ă©tait purement nĂ©gatif, d’ailleurs nous n’appelions pas un juif un juif » mais on le prenait dans son ensemble dans sa qualitĂ© au terme philosophique du terme de juif. Ainsi une exposition a Paris partait le nom suivant LE juif et la France ». Etant pris dans son ensemble le juif Ă©tait alors exempt de toute humanitĂ©. Dans American History X, cette notion de dĂ©shumanisation est tout a fait explicitĂ© par les termes utilisĂ©s par les membres du DOC. Quand Dereck traine au sol la personne qui lui a braquer sa voiture, il s’adresse a lui en ces mots c’est bĂȘte le negre tu es tombĂ© a la mauvaise adresse. » Ou encore mets tes dents sur le trottoir esclave ! » La violence apparait donc comme purement physique dans un premier temps mais egalement morale dans un deuxieme. La violence joue un role extremement important pour asseoir se sentiment de superiorite par rapport a la race dite inferieure. En effetil est de notoriete commune de penser pouvoir etre respecter avant tout avec la violence avant les paroles. Le film exploite cette facon de voir les choses en montrant des images choquantes tels que le meurtre des 5 afro-amricains par Dereck ou encore avec des decors tout a fait explicites a grand renforts de croix gammĂ©es et de signe SS ou violence est donc vu comme un moyen de pression sur autrui ou du moins ce qu’il reste d’autrui puisque il n’est plus considere comme un homme a partir du moment meme ou une doctrine raciale va se mettre en place contre lui. Ce sentiments de superiorite par la violence semble un point de plus majeur pour la doctrine. b/Un sentiment nĂ©cessaire Pour nous faire entendre il faut que nous agissions et si certains doivent mourir au cours de la manƓuvres, ce n’est pas notre faute. » Quand Cameron explique cela a Dereck alors qu’il sort de prison on comprend comment il a pu en arriver a exterminer purement et simplement ces personnes. Dans Le Prince, Machiavel explique l’importance pour un souverain de se faire bien voir mais en etant respecter de ses sujets. Il considere que l’important n’est pas ce qu’on fait, mais ce que l’on pense de nous. Ainsi on peut considerer que dire une chose bonne devant ses sujets et faire tout bonnement l’inverse sans leur dire est etre un bon souverain. On peut rapprocher cette facon de penser de la doctrine du DOC. L’important d’un souverain etant d’etre respecter par tous les moyens on peut considerer que la violence peut apparaitre comme necessaire pour les sympathisants dans le but de se sentir superieurs et respecter par les races dites inferieures. C’est pourquoi au moment du saque du magasin, les skins head ne se sentent pas mal. Ils se trouvent dans un etat quasi second, un etat qui leur permet une fois lancĂ© de ne plus souffrir d’aucun scrpules en respectant toutes les regles necessaire pour la bonne tenue de la doctrine. Deshumanisation d’autrui, violence, sentiment de superiorite, haine raciale
 Conclusion American History X a marquĂ© les esprits car il est un des seuls films a avoir montre le problĂšme de la rĂ©demption de l’intĂ©rieur mĂȘme du problĂšme. A grand renfort de figure charismatiques on peut concevoir, sur un plan philosophique, que ce film est tout a fait en accord avec de nombreuses doctrines d’auteurs. Montrant l’horreur d’une telle façon de penser dans un monde ou des vagues entiĂšres de populations migrent a travers le monde, American History X pose la problĂ©matique de la bien sĂ©ance de se genre de pensĂ©e doctrinale. Qu’on partage ou pas ces idĂ©es, force est d’admettre que la question peut se poser de savoir si on doit tendre du cote de l’ouverture ou du cotĂ© du rejet raciale et idĂ©ologique. Personnellement mon choix est fait mĂȘme si je ne sais pas si c’est le bon choix, je dirais qu’il est avant tout rĂ©flĂ©chit et basĂ© sur mon expĂ©rience. A chacun d’en faire autant. Chacun chez soi et Dieu pour tous, amour entre les peuples, voila surement la plus grande question de ce Monde. DeNuri Bilge Ceylan. -La colline a des yeux 1 et 2 (viols) -Collision. -Contre-enquĂȘte (viol pĂ©dophile, qui n'est pas montrĂ©, mais qui fait la trame du film.) -Cruelle Justice (viol) -Les DamnĂ©s (pĂ©dophilie implicite) -Delivrance (viol homosexuel.) -La DerniĂšre maison sur la gauche. -Le Dernier train de la nuit.

Chaton taré au sale caractÚre. 29 piges. Mentalement, c'est une autre histoire. trop Androgyne malgré lui.Kendoka en reprise. Cosplayeur de seconde zone à mes heures perdues. Auteur répondant au pseudo de de Walking Dead, de Doctor Who et de Tim Burton. Fan de yaoi. Lecteur de 19 Days et Starfighter. Accro à la lecture et à l'écriture. Otaku de premier ordre, envahi par les mangas et les partie blog secret est consacrée à mon travail de cosplayeur trÚs amateur. Justifiez vos demandes de sinon elles seront refusées directement. Lecture Du Moment Le fils du dragon de Film Vu du moment Ghost Whisperer S5E17 + Black mirror En Cours Deadman Wonderland E8. Le reste, tu demandes, je répondrais ou pas. Tu demandes pas, je m'en réponds sur mon blog, je réponds sur le tien. Réponds sur ton propre blog et t'auras pas de = DE PUBS ! NO PUB !Sinon je vous la renvoie à la gueule et j'vous étouffe avec. Posted on Thursday, 07 January 2016 at 1125 AMEdited on Wednesday, 17 August 2022 at 518 PM

LADEMANDE D'ASILE EN BELGIQUE; Les djinns et la possession - Hassan Iquioussen; Lilly Wood & The Prick - Prayer In C (Live @ Main UAE Ambassador to Rwanda Speaks Out on attack on Y Le gĂ©nocide du Rwanda (HISTOIRE VRAIE) Film entier NASA Mars Science Laboratory (Curiosity Rover) Mis Resident Evil: Son BölĂŒm Filminden TĂŒrkçe "Wouaw...", voilĂ  tout ce que j'ai trouvĂ© Ă  dire Ă  la fin de ce film. C'est le premier long-mĂ©trage de ce rĂ©alisateur, Tony Kaye, qui est quasiment inconnu dans le monde du cinĂ©ma, et quelle rĂ©ussite ! Je vais mĂȘme avoir du mal Ă  exprimer tout ce que j'ai pu ressentir en voyant ce film, rempli de scĂšnes tout aussi bonnes les unes que les autres. Voyons, par oĂč commencer ? Alors dĂ©jĂ , je me demande si j'ai dĂ©jĂ  vu passer 2h de film aussi vite. Toutes ces images, tous ces dialogues sont tellement forts que j'ai Ă©tĂ© hypnotisĂ© pendant les trois premiers quarts du film. Pas hypnotisĂ© d'admiration, je vous rassure, mais plutĂŽt de choc, mĂȘlĂ© Ă  de la rĂ©volte. Comment dire...? Edward Norton est hallucinant, dĂ©jĂ . C'est trĂšs trĂšs impressionnant de voir Ă  quel point il donne de la crĂ©dibilitĂ© Ă  son personnage, c'est dingue. Il interprĂšte ce skinhead nĂ©onazi avec tant de force et de talent que je n'en reviens toujours pas. Le personnage de Derek est imposant, terrifiant, rĂ©voltant. Voir cet homme dĂ©biter toute ces insultes, toutes ces conneries pendant la majeure partie du film, ça fait un choc. On a typiquement affaire au gros raciste de base qui ne sait pas exactement de quoi il parle, et qui forge toute sa pensĂ©e sur un traumatisme d'adolescent et des thĂ©ories de groupuscules d'extrĂȘme-droite. Et il y croit Ă  fond, il est persuadĂ© de dĂ©tenir la vĂ©ritĂ© suprĂȘme. Ce qui m'a beaucoup refroidi, c'est de penser que de telles personnes existent rĂ©ellement et bien sĂ»r, pas seulement aux USA, puisque ce genre de clans existe en France. Des xĂ©nophobes primaires qu'on ne peut absolument pas raisonner, quoiqu'on puisse dire. Ce principe est puissamment montrĂ© dans ce film, notamment lors de la scĂšne oĂč Derek s'Ă©nerve chez lui, Ă  table, et que ça dĂ©gĂ©nĂšre. Une scĂšne assez choquante, face Ă  laquelle on ne sait pas comment rĂ©agir, bĂ©ats de stupeur ou murmurant Ă©ventuellement un petit "oh la vache"... Dans ce film, la violence est trĂšs prĂ©sente, mais elle n'est pas gratuite. C'est surtout Ă  de la violence morale qu'on a affaire, notamment lorsque Derek abat deux noirs dans un Ă©lan de haine, torse nu, avec une grosse croix gammĂ©e tatouĂ©e sur le buste et les yeux pĂ©tillants de folie premiĂšre photo. Quand on pense que ce genre de personnes court les rues, il y a de quoi avoir peur et se poser des questions sur leur Ă©tat mental. De plus, ce film ne dĂ©nonce pas vraiment le racisme mais bien sĂ»r, il ne le prĂŽne pas !. Disons simplement que ce n'est pas un film contre le racisme, mais sur le racisme. On assiste Ă  l'Ă©volution de ce personnage qu'on dĂ©teste profondĂ©ment, mais qui va commencer par trouver la voie de la rĂ©demption. J'arrĂȘte lĂ  pour les spoilers, car sinon je devrais tout raconter bien que j'en ai envie !. MĂȘme si certains voient dans ce film une oeuvre ultra-moralisatrice, ce n'est pas ce que j'ai personnellement ressenti. La fin du film est assez Ă©trange car la profondeur du personnage est vraiment poussĂ©e jusqu'au bout, et on en arrive Ă  le plaindre alors qu'on l'a haĂŻ pendant presque deux heures. Le film est basĂ© sur un systĂšme de flashbacks, tous en noir et blanc tiens, tiens, ce qui donne au film quelque chose de plus. Ce principe est vraiment intĂ©ressant, car il nous permet d'essayer de comprendre le personnage de Derek jusqu'au bout, des origines de sa haine vers sa prise de conscience, en passant par tous ses actes et discours odieux. Ce sont vraiment les paroles qui frappent dans ce film, plus que les gestes. Des dialogues pĂ©trifiants qui montrent non seulement que ces personnes ont une argumentation trĂšs claire, mais pire qu'elles y croient Ă  fond et qu'aucun argument ne peut les en dissuader. Certains diront que le film accumule les clichĂ©s, car il associe tous les racistes Ă  des admirateurs sanguinaires de Adolf Hitler. Mais ce n'est pas le cas, car si le film traite en effet du racisme, il se concentre surtout sur les racistes les plus violents, les plus haineux et les plus dangereux, ceux justement qui adulent le nazisme et font l'apologie de la race supĂ©rieure. Le film prend le risque de ne montrer que ces cercles trĂšs fermĂ©s, et a l'intelligence de ne pas gĂ©nĂ©raliser Ă  tous les xĂ©nophobes, puisqu'il parle uniquement du groupe auquel appartient Derek. Le racisme existe Ă  diffĂ©rents niveaux, et le film montre simplement le plus extrĂȘme. C'est pour ceci que moralement, c'est frappant et ça calme. Un film brutal, mais qui prend soin de ne pas donner de leçons Ă  part la toute fin, regrettable par sa nian-nianterie, en montrant simplement l'histoire de cet homme dans la spirale de la violence et du fanatisme racial. En plus du noir et blanc, le rĂ©alisateur, qui est Ă©galement le directeur de la photographie, nous offre des plans incroyables. Avec des ralentis captivants, des gros plans qui font froid dans le dos, il nous scotche totalement, l'esthĂ©tisme atteignant des sommets. GrĂące Ă  ceci, il parvient Ă  capter chaque regard de l'acteur qui fait un boulot monstre. Et ce qui est fort, c'est d'avoir prĂ©sentĂ© ce personnage principal comme un leader nĂ©o-nazi aux idĂ©es bien arrĂȘtĂ©es, et pas comme un "jeune naĂŻf" influencĂ© par une masse ultra-convaincante. Mais Edward Norton n'est pas seulement imposant et frappant, il est aussi bouleversant et poignant. Le deuxiĂšme acteur principal du film est un autre Edward, il s'agit d'Edward Furlong, Ă©blouissant de talent. Il n'avait alors que 20 ans, et je suis de plus en plus surpris par le jeu cet acteur souvenez-vous, le fils Connor de Terminator 2 au fur Ă  mesure que je le dĂ©couvre. Il joue donc le rĂŽle de Danny, le jeune frĂšre de Derek, qui va se laisser embrigader par les absurditĂ©s de son frĂšre, son modĂšle. C'est donc lui qui joue le rĂŽle du jeune naĂŻf qui tourne mal. Bref, j'ai vraiment vu quelque chose de trĂšs fort ce soir, et je vous le conseille vivement si vous ne l'avez jamais vu, car il vaut le dĂ©tour. J'en viens mĂȘme Ă  me demander pourquoi je ne l'ai pas vu avant mais c'est souvent comme ça avec les chefs d'oeuvre. Une petite bande-annonce tiens, ça faisait longtemps Voir aussi La 25e heure, Fight Club fin du film. Parexemple (et il y en a bien d'autres) l'ouvrage "Histoire du Canada" de F. X. Garneau que ce Webster diffame dĂ©magogiquement, c'est l'histoire du Canada français, du peuple issu de Nouvelle-France. Et je possĂšde des rayons entiers dans ma bibliothĂšque contenant des livres parus avant 1960 et dans lesquels "Canada" et "canadien", cela concerne uniquement le peuple Krokodyle dundee ...Mecreants deserteurs d'ISSAH !Jonathan Peltier Dreyfus LhoistD+VI+L+L = 606 ? NON! 594ou 494 !oecumenisme ,tu pardonneras 7 fois 77 fois ces fois ....*cette foisJonathan Villaris Devillersle soleil a l'EST ; le fils a la verge de fer ..."les rois de la terre sont si peu ....;1 pere et une mere +3 freres + 1 soeur +[1 tante +1 aieul et leurs apparentĂ©s]AprĂšs la promesse divine il s’écoula une annĂ©e entiĂšre. Puis le jour vint oĂč Abraham et Sara eurent un fils, Isaac, alors qu’ils avaient, lui, 100 ans et, elle, 90 Villaris Devillers37 min "jean denis est un mickael Jackson qui se prends pour un africain ...Jonathan Peltier Dreyfus LhoistD+VI+L+L = 606 ? NON! 594ou 494 !oecumenisme ,tu pardonneras 7 fois 77 fois ces fois ....*cette foisJonathan Villaris Devillersle soleil a l'EST ; le fils a la verge de fer ..."les rois de la terre sont si peu ....;1 pere et une mere +3 freres + 1 soeur +[1 tante +1 aieul et leurs apparentĂ©s]AprĂšs la promesse divine il s’écoula une annĂ©e entiĂšre. Puis le jour vint oĂč Abraham et Sara eurent un fils, Isaac, alors qu’ils avaient, lui, 100 ans et, elle, 90 que tous ceux qui aiment ton salutredisent constamment Que l’Eternel est grand!»18 Moi, je suis pauvre et malheureux,mais le Seigneur prend soin de qui es mon secours et mon libĂ©rateur,mon Dieu, ne tarde pas! Lesmeilleures offres pour American History X BLU-RAY Tony Kaye(DIR) 1998 sont sur eBay Comparez les prix et les spĂ©cificitĂ©s des produits neufs et
1 Alors que l’histoire environnementale a acquis dĂšs les annĂ©es 1990 une audience forte dans de nombreux pays, la France a tardĂ© Ă  reconnaĂźtre la lĂ©gitimitĂ© de ce champ. Les critiques ne portaient pas tant sur la pertinence des objets historiques que sur la nouveautĂ© rĂ©elle des recherches, et sur la robustesse des mĂ©thodes et des concepts. Pour une tradition historique sensible aux liens avec la gĂ©ographie, un certain nombre de propositions, en particuliers Ă©tatsuniennes, ne semblaient pas si neuves. L’analyse comparĂ©e de la constitution de ce domaine de recherche montre qu’une partie des divergences vient de malentendus et d’ignorances entre des communautĂ©s scientifiques structurĂ©es de maniĂšre diffĂ©rente selon les pays. Les dĂ©placements Ă  l’Ɠuvre lors du transfert de certains travaux d’une rive Ă  l’autre de l’Atlantique ont achevĂ© de brouiller les pistes. Mais l’heure n’est plus Ă  ces divisions, et il est aujourd’hui possible de prĂ©senter un tableau historiographique convergent de l’histoire environnementale, tout en respectant les diffĂ©rences nationales. 2 Si en France, l’histoire environnementale est encore peu dĂ©veloppĂ©e, ce dĂ©calage temporel est en un certain sens un atout, car plusieurs dĂ©cennies de travaux ont montrĂ© que cette voie de recherche, loin de constituer un sous-champ spĂ©cifique et plus ou moins autonome, prend place au cƓur de la discipline. L’un de nos souhaits principaux est ici d’adresser une invitation Ă  la communautĂ© des historiens, pour leur proposer de se pencher de maniĂšre attentive et critique sur ce nouveau chantier intellectuel et sur sa capacitĂ© potentielle Ă  modifier les mĂ©thodes et approches de l’histoire [1]. LE CREUSET AMÉRICAIN 3 L’histoire environnementale s’est d’abord constituĂ©e aux États-Unis, plongeant ses racines dans les annĂ©es 1960. Dans un climat fortement influencĂ© par la new left history et par l’activisme politique, de jeunes historiens, Roderick Nash et Donald Worster en particulier, affirment qu’une classe d’opprimĂ©s est systĂ©matiquement oubliĂ©e la terre, le biotope [2]. Il faut, disent-ils, Ă©crire une histoire from the bottom up », qui parte d’en-bas, de ce qui est ignorĂ©, mĂ©prisĂ© et n’a pas la parole [3]. Il s’agit de donner un rĂŽle central aux Ă©lĂ©ments naturels, de les introduire dans tous les livres d’histoire, au lieu de dĂ©rouler la succession des rois, des guerres et des grandes idĂ©es [4]. Rappelons qu’au dĂ©but des annĂ©es 1960, outre-atlantique, l’histoire intellectuelle et politique domine encore trĂšs largement la profession [5]. 4 On situe gĂ©nĂ©ralement la naissance de l’histoire environnementale en aoĂ»t 1972, avec un numĂ©ro spĂ©cial de la Pacific Historical Review et un article fameux de Roderick Nash [6]. Le choix de la revue marque la montĂ©e de l’environnementalisme sur les campus de la cĂŽte ouest. InitiĂ©e par la publication de Silent Spring par Rachel Carson en 1962, cette prise de conscience triomphe le 22 avril 1970 avec le premier Earth Day, l’une des plus grandes manifestations jamais organisĂ©es aux États-Unis, rĂ©unissant 20 millions de personnes [7]. Dans ce climat, John Opie Ă©dite en avril 1974 une lettre d’information en histoire environnementale, suivie de la crĂ©ation d’une revue, l’Environmental Review, Ă  l’automne 1976 [8]. L’American Society for Environmental History est fondĂ©e en 1977 [9]. Ces dates de naissance sont cependant trompeuses. D’une part, ce nouveau champ mobilise des travaux antĂ©rieurs, par exemple ceux publiĂ©s par Samuel P. Hays sur l’histoire de la conservation ou les nombreuses publications sur l’histoire des forĂȘts qui dispose de sa propre revue depuis 1957 [10]. D’autre part, l’histoire environnementale demeure une Église des catacombes jusqu’au milieu des annĂ©es 1980, avec une revue qui manque de disparaĂźtre Ă  plusieurs reprises, tandis que le nombre d’adhĂ©rents de la sociĂ©tĂ© est encore infĂ©rieur Ă  200 en 1987 [11]. Nul poste universitaire en histoire environnementale n’existe, et il faut se raccrocher Ă  quelques campus accueillants, comme ceux de l’University of California et de l’University of Kansas pour dĂ©velopper ses recherches, malgrĂ© le succĂšs des premiers parcours en environmental studies auprĂšs des Ă©tudiants [12]. 5 Si cette Ă©mergence reste fragile, elle est structurante, et ceci pour au moins trois raisons qui, mĂȘme remises en cause, continuent Ă  peser aujourd’hui. Le lien entre environnementalisme et histoire environnementale est trĂšs fort parmi la premiĂšre gĂ©nĂ©ration, qui conçoit ses travaux comme un levier pour agir sur le prĂ©sent [13]. Certains n’hĂ©sitent pas Ă  s’engager publiquement, tel Roderick Nash Ă©crivant la Santa Barbara Declaration of Environmental Rights pour protester contre la marĂ©e noire qui touche cette rĂ©gion en janvier 1969 [14]. Ensuite, la redĂ©couverte des racines amĂ©ricaines du rapport Ă  la nature conduit Ă  la conviction que cette nation a inventĂ© l’environnement et, par consĂ©quent, l’histoire environnementale. Les travaux pionniers de Roderick Nash sur la wilderness ou sauvagerie » permettent de rĂ©habiliter des figures comme Aldo Leopold ou John Muir [15]. TroisiĂšme originalitĂ©, l’attention portĂ©e aux dĂ©gradations de la nature par l’action des hommes ouvre de nouveaux champs de recherche. Donald Worster est celui qui va le plus loin dans cette direction, jusqu’à incarner selon Hal Rothman l’école tragique » de l’histoire environnementale, pointant la responsabilitĂ© du capitalisme [16]. Il inaugure ainsi un nouveau type de rĂ©cit, celui de la chute, du dĂ©clin, en opposition Ă  l’usage raisonnĂ© de la nature par les populations locales [17]. 6 Les annĂ©es 1980 voient surgir une deuxiĂšme gĂ©nĂ©ration, dont les Ɠuvres sont aujourd’hui des classiques de l’histoire environnementale. La fragilitĂ© institutionnelle est compensĂ©e par l’extraordinaire dynamisme des chercheurs qui s’investissent dans ce champ en construction. Richard White et William Cronon réécrivent l’histoire de certaines rĂ©gions amĂ©ricaines sous l’angle du changement Ă©cologique, avec une narration qui rend impossible la sĂ©paration entre les hommes et leur environnement [18]. Carolyn Merchant relit la rĂ©volution scientifique baconienne Ă  la lumiĂšre de l’environnement, en affirmant qu’elle marque un tournant essentiel dans le rapport Ă  la nature celle-ci cesse d’ĂȘtre un tout vivant pour ĂȘtre sectionnĂ©e, fragmentĂ©e en morceaux privĂ©s de vie, qui pourront ĂȘtre objets de connaissance scientifique et de domination [19]. En affirmant le passage d’une conception fĂ©minine de la nature Ă  une conception masculine, Carolyn Merchant propose trĂšs tĂŽt d’écrire une histoire environnementale attentive au genre [20]. Stephen Pyne construit une histoire totale du feu, mĂȘlant les caractĂ©ristiques physiques du phĂ©nomĂšne, les valeurs, les institutions, les croyances [21]. GrĂące Ă  l’utilisation de nouvelles sources, il exhume la rationalitĂ© des modes traditionnels d’utilisation du feu qui, loin de dĂ©truire la nature, permettent de gĂ©rer les ressources. Enfin, certaines publications, Ă  mi-chemin entre travail scientifique et journalisme, contribuent Ă  structurer l’histoire environnementale et Ă  lui donner une visibilitĂ© [22]. 7 À cette liste d’objets nouveaux, il faut ajouter des objets prĂ©existants Ă  l’histoire environnementale mais revendiquĂ©s par ses thĂ©oriciens. Cette appropriation a d’ailleurs peu de consĂ©quence pendant un certain temps, tant l’histoire environnementale est marginale. Dans un premier bilan bibliographique, en 1985, Richard White cherche explicitement Ă  dĂ©montrer qu’un nouveau champ est en train de se constituer, Ă  partir d’une sĂ©rie d’objets dispersĂ©s. Les trĂšs nombreuses rĂ©fĂ©rences montrent qu’il peut s’appuyer sur des bibliographies fournies et antĂ©rieures sur la mise en valeur de l’Ouest amĂ©ricain les mouvements de conservation et de prĂ©servation, l’histoire des forĂȘts et des services forestiers, l’histoire intellectuelle de la wilderness et de ses grandes figures, l’histoire des parcs nationaux, l’étude des paysages et la gĂ©ographie historique, la maĂźtrise de l’eau, la mise en valeur agricole [23]. En revanche, certains objets ne sont pas annexĂ©s, comme les risques, qui surgissent au mĂȘme moment en sociologie et en anthropologie, probablement parce qu’ils sont trop assimilĂ©s aux risques technologiques [24]. Seuls les insecticides font exception, qui lient thĂ©ories scientifiques, transformations environnementales et changement social [25]. Les rĂ©percussions de Silent spring expliquent un tel intĂ©rĂȘt. La deuxiĂšme moitiĂ© des annĂ©es 1980 propose de nouveaux objets, certains esquissĂ©s de maniĂšre programmatique la pĂȘche et la disparition des ressources en poisson, la pollution de l’air, les consĂ©quences de l’expansion des banlieues, l’histoire du genre et l’environnement, l’histoire environnementale de l’industrie [26]. Les colonnes de l’Environmental History Review restent tenues essentiellement par les États-Unis. Et pourtant, ailleurs, les premiers travaux d’histoire environnementale sur des aires africaines et asiatiques commencent Ă  Ă©merger, par exemple sur la chasse en Afrique, les forĂȘts en Inde, l’occupation des terres en Chine [27]. Ces Ă©tudes n’ont pas encore besoin de se dĂ©finir comme relevant de l’histoire environnementale. Les travaux sur les animaux ont ainsi leur dynamique propre, qui s’est inscrite d’abord dans l’Angleterre des XVIIIe et XIXe siĂšcles avec Keith Thomas et Harriet Ritvo, puis a gagnĂ© les colonies britanniques avec John MacKenzie [28]. 8 Plusieurs leçons se dĂ©gagent de ce deuxiĂšme moment de l’histoire environnementale Ă©tatsunienne. Le champ s’est constituĂ© par l’invention de nouveaux objets plus que par des mĂ©thodes, des concepts, une thĂ©orie de l’histoire. Cette inventivitĂ© rĂ©pond pleinement aux intuitions des fondateurs il faut mettre de la nature dans l’histoire, le plus possible, pour faire surgir des thĂšmes qui n’ont jamais Ă©tĂ© Ă©tudiĂ©s jusque-lĂ . Cette expansion territoriale peut se traduire par l’annexion d’objets prĂ©existants. Alors que la premiĂšre confĂ©rence en histoire environnementale a lieu seulement en 1982 et que les forces demeurent trĂšs maigres, ces ambitions relĂšvent encore du vƓu pieux [29]. Pourtant, peu Ă  peu, les termes nature » et geographical » cĂšdent la place Ă  ecological » et environmental », c’est-Ă -dire Ă  un autre type d’inscription disciplinaire, alors que le contenu n’est pas nĂ©cessairement diffĂ©rent. 9 La deuxiĂšme leçon rĂ©side dans les limites d’un consensus thĂ©orique, mĂȘme si l’Environmental Review consacre en 1987 un numĂ©ro spĂ©cial aux thĂ©ories de l’histoire environnementale [30]. En 1990, le Journal of American History dĂ©die un numĂ©ro entier Ă  la dĂ©finition de l’histoire environnementale [31]. Le dĂ©bat est trĂšs embarrassĂ© car il apparaĂźt que les principaux acteurs du domaine ne partagent pas les mĂȘmes positions thĂ©oriques sur la nature, tout en se reconnaissant une identitĂ© commune dans la pratique de l’histoire. Stephen Pyne le formule nettement, en affirmant qu’il aime les histoires de Donald Worster mais pas ses valeurs ; le dĂ©saccord est Ă©pistĂ©mologique et politique, l’accord empirique [32]. 10 Lorsque commencent Ă  paraĂźtre les premiers signes de reconnaissance de la part des historiens, Ă  la fin des annĂ©es 1980, l’histoire environnementale occupe une position ambiguĂ« dans le champ de l’histoire. Historiquement, plusieurs praticiens se sentent proches de la vague des annĂ©es 1960, pas seulement de la new left history mais aussi des women’s studies, de l’African-American history, de la Chicano history, de la gay and lesbian history [33]. Cependant, l’histoire environnementale n’a pas rĂ©ussi Ă  occuper les mĂȘmes positions de pouvoir, Ă  revendiquer la constitution d’un territoire distinct, qui passerait par le refus de s’intĂ©grer dans les cours d’histoire gĂ©nĂ©rale [34]. Le sentiment que, dans la dĂ©fense des opprimĂ©s, les non-humains passeront toujours aprĂšs les femmes, les Afro-amĂ©ricains et les autres minoritĂ©s, est explicitement formulĂ© [35]. En 1995 encore, Alfred Crosby reprochera Ă  l’histoire environnementale d’ĂȘtre une secte, avec son association, l’AAEH, et son journal, Ă©crivant et parlant pour elle-mĂȘme, sans influencer le cƓur de la communautĂ© historienne [36]. Cette marginalitĂ© institutionnelle prĂ©serve et entretient un certain nombre de dĂ©calages avec le tournant post-moderne de ces annĂ©es 1980. L’histoire environnementale est plus attachĂ©e Ă  la dimension Ă©thique et militante qu’à la subjectivitĂ© des points de vue de l’historien, elle continue Ă  affirmer qu’il existe une matĂ©rialitĂ© et des faits qu’il s’agit de reconstituer. En 1988, un des meilleurs tableaux de l’histoire amĂ©ricaine au XXe siĂšcle peut se contenter d’une seule allusion Ă  l’environnement, en le considĂ©rant comme un des nouveaux sujets de cette Ă©poque, investi par les jeunes historiens blancs libĂ©raux qui se dĂ©tournent des Ă©tudes afro-amĂ©ricaines [37]. Dans la dĂ©cennie suivante, la fin de cette marginalitĂ© coĂŻncide avec d’autres transformations profondes qui bousculent le champ. INTERNATIONALISATION ET RECOMPOSITIONS 11 Dans les annĂ©es 1990, la reconnaissance croissante de l’histoire environnementale par les historiens se conjugue avec l’internationalisation des objets de recherche, favorisant un certain nombre de recompositions. L’ouverture aux mondes non-amĂ©ricains prend deux visages, l’un externe et contestataire, l’autre interne et plus souple. En rĂ©alitĂ©, il faut souligner que, trĂšs tĂŽt, des appels Ă  une ouverture plus grande ont Ă©tĂ© lancĂ©s, en particulier par Donald Worster lors du premier colloque de 1982. D’une part, avance-t-il, l’histoire environnementale n’est pas une invention amĂ©ricaine, mais elle a Ă©mergĂ©, sous d’autres noms et parfois plus tĂŽt, dans d’autres pays principalement la France et l’Angleterre ; d’autre part, le cadre national rĂ©ducteur des Ă©tudes amĂ©ricaines conduit Ă  confondre environnementalisme et environnement, et doit laisser la place Ă  une histoire comparĂ©e et transnationale [38]. Ces deux points ont mis longtemps Ă  se concrĂ©tiser, faute de forces suffisantes et de liens entre communautĂ©s scientifiques. 12 La premiĂšre attaque provient de l’histoire environnementale de l’Inde [39]. Ramachandra Guha dĂ©veloppe une critique radicale de l’environnementalisme Ă©tatsunien Ă  partir du point de vue dĂ©centrĂ© de l’Inde et du Tiers-Monde [40]. VĂ©hiculĂ© par l’histoire environnementale, le concept de wilderness, qui a une origine strictement nationale, aurait Ă©tĂ© injustement Ă©rigĂ© en valeur universelle pour asseoir la domination amĂ©ricaine. Cette projection occidentale sur le monde serait passĂ©e par la construction mythique d’une pensĂ©e orientale traditionnelle, plus respectueuse de la nature, ne reposant en fait sur aucune source historique [41]. CĂŽtĂ© europĂ©en, une autre critique forte est apportĂ©e par Richard Grove, Ă  travers ses propres recherches et la crĂ©ation de la revue Environment and History en 1995 [42]. Le premier Ă©ditorial affirme que l’histoire environnementale Ă©tatsunienne est une tradition parmi d’autres, Ă  cĂŽtĂ© de l’Inde Subaltern Studies, de la France Fernand Braudel, Emmanuel Le Roy Ladurie, AndrĂ©e Corvol et de l’Angleterre Henry Clifford Darby, Olivier Rackam, Victor Skipp, John Sheail. La revue souhaite donc apporter un triple dĂ©centrement par rapport Ă  l’Environmental History Review et Ă  la forest and conservation history » par les aires d’étude Afrique, Asie, Australie, AmĂ©rique du sud, Europe, les disciplines engagĂ©es l’histoire Ă©conomique et sociale, et surtout la gĂ©ographie historique, Carl Sauer et Clarence Glacken devenant les pĂšres fondateurs de l’histoire environnementale, les pĂŽles institutionnels Cambridge, Canberra, New Delhi [43]. Le dĂ©calage entre les positions de Richard Grove et l’histoire environnementale Ă©tatsunienne s’accentue dans un texte postĂ©rieur qui accuse les historiens amĂ©ricains, Roderick Nash en particulier, de s’ĂȘtre emparĂ©s au dĂ©but des annĂ©es 1970 d’un terme utilisĂ© avant eux par les gĂ©ologues, les archĂ©ologues et la gĂ©ographie historique [44]. L’acte de naissance de l’histoire environnementale, marquĂ© par la crĂ©ation de l’Environmental Review en 1976, cacherait un point de vue myope et isolationniste, une sorte de coup d’État amĂ©ricain. 13 La mise en avant des dĂ©bats thĂ©oriques constitue le deuxiĂšme tournant des annĂ©es 1990. William Cronon donne le coup d’envoi avec un article devenu fameux, The trouble with wilderness or, getting back to the wrong nature », publiĂ© dans un volume aux fortes prĂ©tentions thĂ©oriques et repris dans Environmental History [45]. L’affirmation centrale – les environnementalistes s’appuient sur une wilderness imaginaire, alors que la nature est socialement construite – ne semble pas si iconoclaste. Elle dĂ©clenche pourtant des rĂ©actions extrĂȘmement vives, accusant William Cronon de saper les fondements de l’histoire environnementale mais aussi de l’environnementalisme [46]. La textualisation du monde commence Ă  toucher un champ qui, jusque-lĂ , y avait Ă©chappĂ©, ouvrant la voie au tournant culturel de l’histoire environnementale [47]. Le texte de William Cronon paraĂźt Ă  un moment stratĂ©gique, marquĂ© par le succĂšs d’autres pĂŽles que les États-Unis et par les doutes sur le positionnement du champ Ă  l’intĂ©rieur de la discipline historique. GrĂące au dĂ©couplage entre environnementalisme et histoire environnementale, les spĂ©cialistes du champ sont dĂ©sormais recrutĂ©s dans leur propre spĂ©cialitĂ© et accĂšdent de plus en plus aux pages des revues historiques gĂ©nĂ©ralistes [48]. Pourtant domine un sentiment d’incomplĂ©tude et de relatif Ă©chec, car l’histoire environnementale n’a pas transformĂ© la maniĂšre dont les historiens Ă©crivent l’histoire et elle reste cantonnĂ©e dans son domaine, sans avoir rĂ©ussi Ă  occuper une section de toutes les histoires gĂ©nĂ©ralistes [49]. Pourquoi, se demandent ses tenants, l’histoire environnementale n’a-t-elle pas connu le mĂȘme succĂšs aux États-Unis que l’histoire du genre ? La faiblesse thĂ©orique et l’hĂ©tĂ©rogĂ©nĂ©itĂ© des pratiques sont invoquĂ©es, entre autres. 14 De fait, l’histoire environnementale n’a jamais Ă©tĂ© unifiĂ©e par une mĂȘme dĂ©finition de la nature et de l’environnement, ni par une sĂ©rie de mĂ©thodes clairement identifiĂ©es [50]. Face Ă  cette situation, une sĂ©rie des propositions thĂ©oriques sont faites. Richard White, prenant le contrepied de l’histoire environnementale globale, souligne l’importance historique de la nationalisation de la nature et la nĂ©cessitĂ© d’une rĂ©flexion spatiale, dans la lignĂ©e des travaux d’Henri Lefevbre [51]. Edmund Russel ouvre la voie d’une histoire de l’évolution qui historiciserait l’évolution des espĂšces non humaines [52]. Un consensus semble se dĂ©gager pour rompre l’autonomie du champ et installer l’environnement au cƓur de la discipline historique, au nom de la convergence avec l’histoire sociale, de la prise en compte de la matĂ©rialitĂ©, ou encore d’une histoire du pouvoir [53]. Quant Ă  Sverker Sorlin et Paul Warde, ils en appellent Ă  poser le problĂšme du problĂšme », c’est-Ă -dire Ă  cesser de chercher un consensus dĂ©finitif autour de la dĂ©finition de l’histoire environnementale, pour interroger plutĂŽt la constitution du savoir et de la science de l’environnement avec les outils de la thĂ©orie sociale et politique [54]. Des rĂ©fĂ©rences nouvelles apparaissent et sont discutĂ©es, en particulier les textes de Bruno Latour autour de l’écologie et des politiques de la nature [55]. 15 Ces doutes sont insĂ©parables d’un troisiĂšme phĂ©nomĂšne l’explosion des effectifs en histoire environnementale et l’apparition de pĂŽles multiples, issus de traditions scientifiques diffĂ©rentes. L’ouverture europĂ©enne, consacrĂ©e par la crĂ©ation de l’European Society for Environmental History ESEH en 1999, a dilatĂ© la communautĂ©, gĂ©ographiquement certes, mais aussi thĂ©matiquement. L’histoire environnementale a Ă©tĂ© Ă©largie Ă  la gĂ©ographie historique, Ă  l’histoire rurale et agricole, Ă  l’écologie historique et aux approches historiques des sciences de la nature [56]. Cette orientation Ă©tait dĂ©jĂ  sensible dans les colonnes d’Environment and History, revue qui a jouĂ© un rĂŽle important de structuration du domaine en Europe. La masse de publications en jeu devient alors considĂ©rable plus de 1000 rĂ©fĂ©rences pour la Finlande et le Danemark entre 1994 et 2003 ; plus de 24 000 dans la base bibliographique sur l’histoire environnementale du Canada ; plus de 40000 dans la base bibliographique en histoire environnementale de la Forest History [57]. En 2006, la sociĂ©tĂ© amĂ©ricaine, l’ASEH, comptait 1000 membres, et l’ESEH 426 [58]. Longtemps peu dĂ©veloppĂ©e, l’histoire environnementale du Canada bouscule elle aussi les frontiĂšres amĂ©ricaines, en se rĂ©clamant de l’histoire rurale et de la gĂ©ographie historique [59]. En Allemagne et en Suisse, les racines proviennent plutĂŽt de l’histoire Ă©conomique et sociale, avec Franz-Joseph BrĂŒggemeier, Joachim Radkau et Christian Pfister, ainsi que de l’histoire politique de l’Allemagne avec Christof Mauch [60]. 16 L’éclatement du champ n’empĂȘche pourtant pas de nouveaux objets de continuer Ă  surgir. L’histoire de la consommation complĂšte des approches jusque-lĂ  centrĂ©es sur les modes d’exploitation des ressources [61]. RĂ©pondant aux critiques portĂ©es contre une histoire environnementale sĂ©parant nature et travail, Christine Rosen et Christopher Sellers posent les bases d’une Ă©co-histoire des entreprises [62]. L’histoire du corps fait son apparition dans un domaine qui, jusque-lĂ , considĂ©rait l’homme comme une espĂšce parmi d’autres et s’interrogeait peu sur le type de naturalitĂ© qui lui est propre [63]. Ainsi, le lien s’établit avec les analyses sur les risques, mais essentiellement pour la pĂ©riode contemporaine, marquĂ©e par des menaces industrielles et toxiques de type nouveau [64]. Les catastrophes naturelles font elles aussi timidement leur apparition, plus facilement dans l’espace europĂ©en qu’amĂ©ricain, plutĂŽt sous l’angle d’une Ă©tude des vulnĂ©rabilitĂ©s que de la rupture introduite par l’évĂ©nement catastrophique [65]. Les atlas environnementaux introduisent de nouvelles perspectives sur l’espace et les bio-rĂ©gions [66]. Deux champs anciens, l’histoire diplomatique et les Ă©tudes sur la guerre, sont Ă  leur tour gagnĂ©s par les nouvelles approches environnementales [67]. Dans un autre ordre d’idĂ©e, un certain tournant culturel » de l’histoire environnementale favorise le dĂ©veloppement des Ă©tudes sur le cinĂ©ma, la littĂ©rature et le paysage [68]. L’EXCEPTION FRANÇAISE 17 Dans ce tableau mondial, les historiens français sont particuliĂšrement absents, trĂšs loin derriĂšre l’Europe du Nord et l’Inde, mais aussi derriĂšre l’Europe du Sud et la Chine [69]. La quasi-inexistence de l’histoire environnementale en France serait certes peu Ă  peu corrigĂ©e par l’investissement de jeunes chercheurs [70]. L’éclatement de l’histoire environnementale et l’intĂ©gration rĂ©cente de filiations diverses et distinctes permettent de poser le problĂšme sous un autre angle, en distinguant trois questions diffĂ©rentes. L’histoire environnementale peut-elle se rĂ©clamer de l’école des Annales », mĂȘme si Lucien Febvre, Marc Bloch, Fernand Braudel n’ont exercĂ© aucune influence directe sur sa naissance aux États-Unis ? L’absence de rattachement identitaire Ă  l’histoire environnementale avant les annĂ©es 2000 peut-elle ĂȘtre nuancĂ©e par la proximitĂ© de nombreux travaux français avec un certain nombre d’objets environnementaux ? Comment situer l’essor rĂ©cent de l’histoire environnementale en France, par rapport Ă  des approches qui ont eu peu d’hĂ©ritiers chez les historiens, Ă  savoir l’histoire de l’environnement » Emmanuel Le Roy Ladurie, l’éco-histoire » Robert Delort et l’histoire Ă©cologique » Georges Bertrand ? 18 La rĂ©fĂ©rence aux Annales est plutĂŽt rĂ©cente en histoire environnementale, et surgit dans la phase de questionnement identitaire des annĂ©es 1990 [71]. À l’exception de Donald Worster, marquĂ© par la filiation avec l’histoire Ă©conomique et sociale, les fondateurs du domaine aux États-Unis n’ont pas Ă©tĂ© influencĂ©s par les historiens français [72]. GeneviĂšve Massard-Guilbaud voit dans ces rĂ©fĂ©rences aux Annales un malentendu dĂ» aux effets de brouillage des transferts culturels, et une familiaritĂ© trompeuse due Ă  l’interpĂ©nĂ©tration de l’histoire et de la gĂ©ographie qui a, au contraire, empĂȘchĂ© le dĂ©veloppement de l’histoire environnementale en France [73]. Il y a lĂ  un vĂ©ritable dĂ©bat. Remarquons toutefois que les rĂ©fĂ©rences aux Annales sont aujourd’hui suffisamment explicites pour ne pas relever du simple malentendu ce n’est pas un hasard si Ramachandra Guha fait de Marc Bloch un modĂšle d’histoire Ă©cologique, et si diverses discussions rĂ©centes tournent autour des modĂšles temporels de Fernand Braudel [74]. 19 Le terme environnement » surgit dans la langue des historiens au dĂ©but des annĂ©es 1970. Jusque-lĂ , en particulier par Lucien Febvre, il est vu comme un terme anglais marquĂ© par le dĂ©terminisme, auquel il faut prĂ©fĂ©rer une dĂ©finition plus ouverte de tout ce qui environne l’homme » au sens de Taine [75]. Cette acception trĂšs large est encore utilisĂ©e par Emmanuel Le Roy Ladurie en 1975 pour l’écologie de Montaillou » qui comprend l’ensemble des facteurs et des conditions entourant les hommes, de la flore et de la faune jusqu’à la possession fonciĂšre et aux structures familiales. DiffusĂ© par les organismes internationaux comme l’OCDE, le terme est intimement liĂ© Ă  l’institutionnalisation de l’environnement, marquĂ©e par la crĂ©ation en 1971 du premier ministĂšre de la Protection de la nature et de l’environnement français [76]. Cette origine technocratique, et nullement environnementaliste comme aux États-Unis, suscite donc dĂšs le dĂ©part la mĂ©fiance des historiens alors que Pierre Georges, du cĂŽtĂ© des gĂ©ographes, accepte l’extension pratiquement illimitĂ©e du terme, Emmanuel Le Roy Ladurie dĂ©nonce le danger de cĂ©der aux impĂ©ratifs de la mode, thĂšme promis Ă  une longue postĂ©ritĂ© [77]. 20 Les Annales sont une des premiĂšres revues d’histoire, dans le monde, Ă  consacrer un article important Ă  l’environnement en 1970, puis un numĂ©ro spĂ©cial en 1974 [78]. Remarquons cependant qu’aucun de ces textes ne dĂ©finit un programme d’histoire environnementale, comparable Ă  ce qui s’élabore aux États-Unis au mĂȘme moment. L’article de 1970 ne milite que pour l’histoire du climat, tandis que la courte introduction de 1974 ne dĂ©finit ni un champ, ni des mĂ©thodes, et Ă©numĂšre avant tout des objets. Ces approches novatrices ont Ă©tĂ© Ă©moussĂ©es par des lectures rĂ©trospectives donnant une importance exagĂ©rĂ©e Ă  la filiation avec la gĂ©ographie vidalienne, qui serait Ă  l’origine de l’intĂ©rĂȘt des historiens pour les paysages et l’histoire rurale, cet embryon d’environnement [79]. Il faut plutĂŽt rappeler le regard critique d’un Marc Bloch sur des travaux de gĂ©ographie vidaliens dans lesquels il ne se reconnaissait pas [80]. La gĂ©ohistoire a Ă©tĂ© utilisĂ©e un peu facilement pour dĂ©noncer les illusions d’un paradigme des Annales simplificateur par son dĂ©terminisme et sa globalitĂ© [81]. Les premiĂšres pages de l’Apologie pour l’histoire de Marc Bloch montrent comment la conception de l’histoire comme science des hommes dans le temps est appliquĂ©e aux phĂ©nomĂšnes naturels, ici l’ensablement d’un golfe profond de la cĂŽte flamande, le Zwin, Ă  partir du Xe siĂšcle [82]. La nature n’intervient pas comme une cause extĂ©rieure, car les processus sont trop complexes, mĂȘlĂ©s, indissociables. Elle est donc intĂ©grĂ©e Ă  l’histoire des hommes, le tout formant un assemblage. 21 Dans les annĂ©es qui suivent, trois basculements sont Ă  l’Ɠuvre, qui limitent la portĂ©e des textes prĂ©curseurs des Annales. Emmanuel Le Roy Ladurie s’engage sur la voie d’une histoire sans les hommes » qui met fin Ă  l’histoire totale des Annales, englobant les hommes et l’environnement dans un mĂȘme rĂ©cit, une co-histoire faite de multiples interrelations. L’histoire du climat pose, d’un cĂŽtĂ©, une histoire sans les hommes, scientifique, objective, sĂ©rielle, de l’autre une histoire des hommes, interprĂ©tative, subjective, qualitative [83]. L’environnement est ainsi coupĂ© en deux aux historiens, la part de la nature dans l’outillage mental ; aux recherches pluridisciplinaires associant parfois des historiens, la reconstitution des facteurs naturels qui pĂšsent sur les sociĂ©tĂ©s humaines. Le projet reste cependant ambigu car l’histoire sans les hommes » est en partie Ă©crite Ă  partir de sources produites par les hommes mercuriales, livres de raison, etc.. Il s’agit surtout d’une volontĂ© accrue de scientificitĂ©, d’une opĂ©ration intellectuelle passant par la sĂ©paration des Ă©lĂ©ments. 22 DeuxiĂšme inflexion, le basculement gĂ©ographique de l’histoire de l’environnement est thĂ©matisĂ© par Georges Bertrand dans Pour une histoire Ă©cologique de la France rurale » [84]. Renversant le rapport de forces au profit de la gĂ©ographie, ce programme s’appuie sur une dĂ©finition intemporelle et physique de l’environnement appliquĂ©e Ă  toutes les Ă©poques pour Ă©tudier les interrelations entre les milieux naturels et les hommes. Saisie au niveau micro des communautĂ©s, cette Ă©tude des relations rĂ©ciproques n’est pas une histoire des mĂ©diations entre les hommes et l’environnement, telle que proposĂ©e par exemple par Donald Worster faisant intervenir les structures de production, les acteurs sociaux, les reprĂ©sentations de la nature. 23 Enfin, troisiĂšme Ă©lĂ©ment, le passage de l’histoire Ă©conomique et sociale Ă  une histoire anthropologique et des mentalitĂ©s achĂšve d’éloigner les historiens de l’environnement. En 1978, le volume consacrĂ© Ă  la Nouvelle histoire entĂ©rine cet abandon l’article Environnement » se contente de renvoyer Ă  l’entrĂ©e GĂ©ographie historique » [85]. Le caractĂšre d’ethnologie intĂ©rieure de l’histoire se renforce, contribuant Ă  rejeter un peu plus la nature du cĂŽtĂ© des invariants, des pesanteurs ayant forgĂ© une civilisation millĂ©naire. Le terme Ă©cologie », qui ouvrait la porte Ă  une histoire des facteurs et de leurs variations, laisse la place au mot espace », chargĂ© de lourdeurs, de permanences [86]. L’attachement Ă  une civilisation rurale millĂ©naire en train de disparaĂźtre pousse les historiens du cĂŽtĂ© des rapports harmonieux et stables entre les hommes et la nature, au moment oĂč l’histoire environnementale amĂ©ricaine insiste sur une histoire heurtĂ©e des dĂ©gradations de la nature par les sociĂ©tĂ©s humaines. 24 Ces filiations montrent pourquoi il existe dans les annĂ©es 1980 et 1990 des travaux historiques sur l’environnement en France, mais pris dans un sens plus restrictif que l’histoire environnementale. Trois groupes peuvent ĂȘtre identifiĂ©s. Le premier, issu des propositions de Georges Bertrand, Ă©tudie l’évolution des milieux bio-physico-chimiques avec lesquels l’homme est en relation, en prenant en compte la maniĂšre dont celui-ci intervient et transforme ces milieux [87]. DĂ©veloppĂ©es Ă  travers plusieurs programmes du CNRS, ces perspectives sont prises en charge avant tout par les sciences de la nature, comprenant la section d’écologie du CNRS créée en 1976, tandis que les appels aux sciences de la sociĂ©tĂ© suscitent peu de rĂ©actions [88]. Un deuxiĂšme pĂŽle, regroupant les chercheurs en sciences humaines investis dans les collaborations pluridisciplinaires prĂ©cĂ©dentes, s’engage sur la voie d’une Ă©co-histoire qui prend en compte la complexitĂ© physique de la nature et ses dynamiques propres, tout en affirmant ne pas la poser comme extĂ©rieure aux sociĂ©tĂ©s humaines, et faisant intervenir toutes les formes de mĂ©diations structures Ă©conomiques et sociales, amĂ©nagements, outillage mental [89]. ArchĂ©ologues, gĂ©ographes, Ă©cologues dĂ©veloppent de nombreuses recherches, dans lesquelles les historiens se font rares [90]. Le troisiĂšme ensemble est extrĂȘmement vaste et contient tous les travaux qui, dans d’autres pays, pourraient ĂȘtre identifiĂ©s comme relevant de l’histoire environnementale, mĂȘme si peu d’entre eux revendiquent cette Ă©tiquette [91]. Certains ouvrages importants, pourtant, auraient aux États-Unis Ă©tĂ© classĂ©s dans ce domaine [92]. De maniĂšre plus localisĂ©e, il faudrait ajouter les travaux sur les forĂȘts, les nuisances, les paysages, les Ă©pidĂ©mies ainsi qu’une partie de l’histoire rurale et de la gĂ©ographie historique [93]. 25 Il ne s’agit nullement de dire ici que les historiens français ont fait de l’histoire environnementale sans le savoir, ni de minimiser la portĂ©e des appels rĂ©cents Ă  une histoire environnementale française. Plusieurs remarques semblent toutefois nĂ©cessaires pour mettre en perspective sur le plan international les approches dĂ©veloppĂ©es en France. L’absence de structuration d’un domaine de recherche appelĂ© histoire environnementale » dans les organismes de recherche, et plus encore dans les universitĂ©s, se traduit par un manque de visibilitĂ© internationale, mais aussi et surtout par une faible dynamique collective. Le volume des travaux publiĂ© en France est donc trĂšs loin de celui atteint par nombre d’autres pays. L’inexistence d’une communautĂ© se traduit par l’absence d’outils pour la recherche. La bibliographie en histoire environnementale, essentiellement anglophone, est mal connue et absente des bibliothĂšques françaises [94]. Rarement le cloisonnement des rĂ©fĂ©rences a Ă©tĂ© aussi fort, rendant tout dialogue difficile [95]. L’étude fine des interrelations entre l’écosystĂšme et les hommes Ă  l’échelle locale s’articule mal avec les perspectives globales et de longue durĂ©e qui cherchent Ă  dĂ©terminer l’avĂšnement de l’anthropocĂšne [96]. Loin de l’histoire totale environnementale, les rares synthĂšses françaises sĂ©parent l’histoire physique de l’environnement et l’histoire humaine, les faits et les reprĂ©sentations [97]. De trĂšs nombreux objets de l’histoire environnementale n’ont donc jamais trouvĂ© leurs prolongements en France. Jusqu’aux travaux sur l’histoire des pollutions, les historiens français n’ont accordĂ© aucune attention aux dĂ©gradations de la nature par les hommes, pivot des recherches Ă©tatsuniennes [98]. 26 Ces rĂ©serves Ă©mises, notre conviction est celle d’une convergence souhaitable et fructueuse entre l’histoire environnementale anglophone et les travaux français. Dans un contexte de croissance et d’éclatement du champ, le temps est favorable Ă  des lectures et Ă  des traditions plurielles. MĂȘme si le mot environnement n’est pas toujours lĂ , il est difficile de nier la fĂ©conditĂ© de recherches marquĂ©es par la gĂ©ographie historique, l’histoire rurale, les reprĂ©sentations de l’environnement, l’histoire des sciences, l’histoire Ă©conomique et sociale. L’HISTOIRE ENVIRONNEMENTALE UN PANORAMA HISTORIOGRAPHIQUE 27 Parmi les vastes possibles de l’histoire environnementale, nous avons choisi de privilĂ©gier et de prĂ©senter quatre domaines pour illustrer ces Ă©changes. Conservation et prĂ©servation des ressources et des espaces naturels 28 L’étude de la conservation et de l’utilisation raisonnĂ©e des ressources, d’une part, celle de la prĂ©servation des espaces naturels, d’autre part, ont constituĂ© l’un des premiers axes de dĂ©veloppement de l’histoire environnementale. Ces recherches ont Ă©mergĂ© tout d’abord au sein de l’historiographie Ă©tatsunienne. 29 Le livre de Samuel P. Hays Conservation and the Gospel of Efficiency 1959 est l’ouvrage fondateur des Ă©tudes sur les politiques conservationnistes ». Hays y traite des initiatives que le gouvernement fĂ©dĂ©ral mĂšne en ce domaine au tournant des XIXe et XXe siĂšcles, notamment sous la prĂ©sidence de Theodore Roosevelt [99]. Sa perspective est celle d’une histoire politique centrĂ©e sur les Ă©lites gouvernementales, savantes et administratives. Ce livre inaugure un demi-siĂšcle d’études sur les lĂ©gislations, les programmes et les organismes de conservation et de valorisation des ressources nationales amĂ©ricaines [100]. À partir des annĂ©es 1970, cette question de la conservation est explorĂ©e dans une perspective inspirĂ©e par l’histoire sociale et les approches bottom up ». Dans un ouvrage influent, John Reiger a dĂ©crit la prĂ©cocitĂ© et l’intensitĂ© de l’engagement des associations amĂ©ricaines de chasseurs dans la protection des ressources cinĂ©gĂ©tiques. Plus rĂ©cemment, des auteurs comme Louis S. Warren et Karl Jacoby ont proposĂ© une relecture de l’histoire de la conservation, analysĂ©e sous l’angle des effets de coercition – indexĂ©s sur la classe et la race » – que celle-ci suscite restriction de l’accĂšs aux ressources, criminalisation des pratiques d’usage, disqualification de certains types de rapport aux milieux naturels [101]. 30 Une forme particuliĂšre d’atteinte Ă  l’environnement occupe par ailleurs une place Ă  part dans l’histoire amĂ©ricaine. Il s’agit du Dust Bowl, ces tempĂȘtes de poussiĂšre gigantesques qui touchent les grandes plaines dans les annĂ©es 1930. Elles ravagent les fermes et les habitations et poussent trois millions de personnes sur les routes. Comme on l’a vu, c’est Ă  propos de ce phĂ©nomĂšne que Donald Worster signe en 1979 l’un des grands classiques de l’histoire environnementale il s’y livre Ă  une critique radicale du capitalisme et en appelle Ă  un nouveau rapport Ă  l’environnement, libĂ©rĂ© de sa logique destructrice [102]. Le thĂšme de la dĂ©gradation et de la protection des sols a suscitĂ© depuis une importante production historiographique, assez largement centrĂ©e sur ce second Ăąge d’or » de la conservation qu’a Ă©tĂ© le New Deal rooseveltien [103]. 31 L’étude des pratiques de prĂ©servation, elle aussi, s’est surtout dĂ©veloppĂ©e aux États-Unis, oĂč sont créés les premiers parcs naturels Yellowstone, 1872. Le travail sĂ©minal, sur cette question, est l’ouvrage de Roderick Nash, Wilderness and the American Mind, paru en 1967 [104]. Nash y analyse en historien des idĂ©es l’importance de la notion de wilderness dans la construction de l’identitĂ© nationale amĂ©ricaine. Cette sauvagerie », c’est celle des grands espaces que Dieu a donnĂ©s en tribut aux colons partis Ă  la conquĂȘte de l’Ouest. La conquĂȘte achevĂ©e, la prĂ©servation de parcelles de nature sauvage » au sein des parcs naturels permet de conserver le tĂ©moignage de ce moment fondateur de la nation amĂ©ricaine. Dans le sillage de Nash, c’est un pan entier de l’histoire des idĂ©es et des reprĂ©sentations qui a travaillĂ© la question de la construction des catĂ©gories de sauvage » et de naturel », en analysant l’influence du christianisme, du romantisme ou de grandes figures tutĂ©laires comme Henry David Thoreau et Aldo Leopold. Les parcs naturels proprement dits ont Ă©galement suscitĂ© des travaux nombreux et circonstanciĂ©s, qui se sont focalisĂ©s sur leur signification culturelle et symbolique, leur histoire politico-administrative [105], leurs pratiques de gestion Ă©cologique [106], leur dimension touristique [107]. Comme la conservation, la prĂ©servation a Ă©tĂ© analysĂ©e sous l’angle des effets de domination qu’elle peut susciter. La wilderness n’est pas seulement une construction culturelle Mark D. Spence a montrĂ© par exemple que pour crĂ©er les parcs de Yellowstone, Yosemite et Glacier et y fabriquer une nature sauvage », il avait d’abord fallu expulser et regrouper les indiens qui habitaient ces territoires et effacer les traces matĂ©rielles et mĂ©morielles de leur prĂ©sence [108]. Le cas n’est pas exceptionnel, et cette face cachĂ©e des pratiques prĂ©servationnistes est aujourd’hui de mieux en mieux connue. 32 L’histoire de la conservation et de la prĂ©servation a connu des dĂ©veloppements trĂšs diffĂ©rents en Grande-Bretagne et en France, les deux autres pays les mieux connus de ce point de vue. La situation est trĂšs diffĂ©rente de celle des États-Unis en effet, ici, les dynamiques Ă  l’Ɠuvre dans les espaces coloniaux ont Ă©tĂ© dĂ©terminantes. Or, l’étude des politiques de conservation/ prĂ©servation Ă  l’Ɠuvre dans l’empire français n’a Ă©mergĂ© qu’assez rĂ©cemment, avec les travaux de Caroline Ford, ceux de FrĂ©dĂ©ric Thomas sur la foresterie indochinoise et ceux d’Adel Selmi sur la genĂšse des parcs nationaux [109]. L’histoire des pratiques conservationnistes et prĂ©servationnistes mĂ©tropolitaines est mieux connue. Les stratĂ©gies de conservation associĂ©es Ă  certaines ressources ont suscitĂ© des travaux Ă©tendus c’est le cas notamment pour les forĂȘts, avec les travaux d’AndrĂ©e Corvol et du Groupe d’Histoire des ForĂȘts Françaises IHMC-CNRS. Les politiques prĂ©servationnistes, de leur cĂŽtĂ©, ont profitĂ© de travaux d’anthropologues et de sociologues ainsi Isabelle Mauz et Sophie BobbĂ© ont rĂ©cemment contribuĂ© Ă  l’histoire des parcs naturels [110] et Florian Charvolin a analysĂ© la genĂšse du ministĂšre de l’Environnement [111]. Approche globale et trĂšs longue durĂ©e 33 L’une des caractĂ©ristiques majeures de l’histoire environnementale, et Ă  notre sens l’un de ses grands intĂ©rĂȘts, tient Ă  ce qu’elle propose des cadrages spatiaux et temporels inhabituels par leur ampleur. Les situations historiques peuvent ĂȘtre analysĂ©es Ă  l’échelle de la planĂšte ou d’un continent, sur un siĂšcle, un millĂ©naire ou au-delĂ . Les recherches qui adoptent ce type d’approche constituent un sous-champ disciplinaire, celui de l’histoire environnementale globale, qui a fourni une imposante production savante mais aussi plusieurs succĂšs de librairie. 34 Ce courant Ă©merge Ă  l’aube des annĂ©es 1970, avec les travaux d’Alfred Crosby sur le Columbian Exchange [112]. Crosby dĂ©signe ainsi le transfert croisĂ© de plantes, d’animaux et de maladies consĂ©cutif Ă  la dĂ©couverte » de l’AmĂ©rique par l’Occident, et il en analyse pour la premiĂšre fois tous les effets effondrement des populations amĂ©ricaines dĂ©cimĂ©es par les maladies importĂ©es, ces puissantes alliĂ©es des conquĂ©rants, transformation des cultures alimentaires, explosion dĂ©mographique europĂ©enne. Il gĂ©nĂ©ralise cette approche dans un second ouvrage, oĂč il dĂ©crit les bouleversements Ă©cologiques qui créÚrent les conditions du succĂšs ou de l’échec de l’impĂ©rialisme europĂ©en aux AmĂ©riques, au Moyen-Orient et en OcĂ©anie, entre 900 et 1900 [113]. Ces travaux s’articulent avec un positionnement anti-impĂ©rialiste et environnementaliste nettement revendiquĂ©. Ils font de Crosby l’un des pionniers de l’histoire globale, aux cĂŽtĂ©s de William McNeill – qui invente le mot et travaille lui aussi sur les inĂ©galitĂ©s et l’histoire des maladies Ă  l’échelle de la planĂšte, mais dans une perspective temporelle encore plus ample du NĂ©olithique Ă  nos jours [114]. Ces recherches partagent un mĂȘme style analytique, fĂ©condĂ© par les apports de l’écologie scientifique l’Homme y est considĂ©rĂ© globalement, comme une espĂšce aux prises avec des Ă©cosystĂšmes qu’il contribue en retour Ă  façonner [115]. 35 Dans les dĂ©cennies 1980 et 1990, le climat intellectuel Ă©volue et devient moins favorable Ă  ce type de dĂ©marches, avec l’essor des approches micro » et une nouvelle gĂ©nĂ©ration d’historiens qui raisonnent plus en termes de construction sociale de la nature » qu’en terme d’écosystĂšmes ou d’espĂšce humaine [116]. L’approche globale/environnementale n’en continue pas moins d’inspirer des chercheurs issus de la gĂ©nĂ©ration prĂ©cĂ©dente comme J. Donald Hughes, ou qui se rĂ©clament de son hĂ©ritage [117]. En 1992, John McNeill signe ainsi un livre remarquĂ© sur l’histoire des sociĂ©tĂ©s montagnardes mĂ©diterranĂ©ennes depuis la prĂ©histoire, considĂ©rĂ©es sous l’angle de leur rapport Ă  l’environnement [118]. 36 Mais Ă  la fin des annĂ©es 1990, la sortie du Guns, Germs and Steel de Jared Diamond marque le grand retour de l’histoire environnementale globale [119]. L’ouvrage – qui relĂšve plus de la haute vulgarisation que d’un travail acadĂ©mique – est un immense succĂšs commercial et critique prix Pulitzer. Diamond est un Ă©cologue formĂ© en physiologie, qui reprend ici la question qui Ă©tait dĂ©jĂ  celle de Crosby et McNeill comment expliquer la domination de l’Occident sur le reste du Monde, ou – comme il l’écrit – pourquoi est-ce Francisco Pizarro GonzĂĄlez qui a conquis l’empire Inca et non pas Atahualpa le royaume d’Espagne ? MĂ» par une recherche des lois gĂ©nĂ©rales de l’histoire qui Ă©voque par moments Arnold J. Toynbee, Jared Diamond dĂ©crit une chaĂźne causale initiĂ©e il y a prĂšs de 9000 ans, au dĂ©but du NĂ©olithique. C’est la disponibilitĂ© diffĂ©rentielle des animaux et des vĂ©gĂ©taux domesticables qui aurait suscitĂ© des dĂ©veloppements inĂ©gaux des sociĂ©tĂ©s en termes de rĂ©sistance aux germes, de complexitĂ© sociale, de crĂ©ativitĂ© technique. L’ouvrage mobilise l’archĂ©ologie, l’histoire, la gĂ©nĂ©tique, la linguistique, l’écologie dans un rĂ©cit au souffle indĂ©niable, mais oĂč des sĂ©quences historiques comme la rĂ©volution industrielle apparaissent comme des Ă©piphĂ©nomĂšnes, Ă  peine analysĂ©s. Il y a peu, Diamond a connu un nouveau succĂšs public avec son livre Collapse, dans lequel il propose une analyse des effondrements civilisationnels qu’ont provoquĂ©, dans le passĂ©, de mauvaises gestions des ressources environnementales [120]. 37 La logique de Jared Diamond est inspirĂ©e par la systĂ©mique Ă©cologique, mais aussi par les thĂ©ories Ă©volutionnistes et la gĂ©nĂ©tique des populations. Depuis ses dĂ©buts, l’histoire environnementale globale a empruntĂ© des mĂ©thodes, des cadrages, des raisonnements aux sciences de la nature [121]. Avec l’essor des sciences du systĂšme-Terre », ce sont de nouveaux objets comme l’oscillation climatique ENSO dont El Niño est une composante qui inspirent certaines de ses recherches [122]. C’est Mike Davis qui a fourni l’exemple le plus abouti d’une analyse intĂ©grĂ©e des facteurs climatiques, sociaux, Ă©conomiques et politiques, appliquĂ©e Ă  un phĂ©nomĂšne global les famines qui frappĂšrent la Chine, l’Inde, le BrĂ©sil et l’Afrique entre 1876 et 1902, causant entre 30 et 60 millions de morts [123]. Il dĂ©crit l’impact catastrophique du phĂ©nomĂšne ENSO sur des sociĂ©tĂ©s colonisĂ©es, dĂ©stabilisĂ©es par l’impĂ©rialisme occidental et/ou intĂ©grĂ©es depuis peu Ă  une Ă©conomie-monde centrĂ©e sur Londres. Il propose dans la foulĂ©e une gĂ©nĂ©alogie du Tiers Monde » – dont ces gigantesques famines, analysĂ©es ici dans les termes de l’histoire environnementale, auraient fixĂ© jusqu’à aujourd’hui l’état de domination Ă©conomique et politique. 38 Depuis le dĂ©but des annĂ©es 2000, avec le succĂšs de J. Diamond et le renouveau de l’histoire globale, les ouvrages proposant des histoires environnementales planĂ©taires se sont multipliĂ©s. Donald Hughes a dĂ©ployĂ© une gamme impressionnante d’études de cas – empruntĂ©s aussi bien Ă  l’ancienne Sumer qu’à l’administration Clinton – pour analyser les dynamiques, souvent dĂ©lĂ©tĂšres, de co-Ă©volution des sociĂ©tĂ©s et de leurs Ă©cosystĂšmes [124]. John Richards, lui, se focalise sur une sĂ©quence historique particuliĂšre l’essor des États et de leurs populations, entre 1500 et 1800 [125]. Il pointe le contraste entre des sociĂ©tĂ©s engagĂ©es dans une gestion raisonnĂ©e de leurs ressources le Japon du XVIIIe siĂšcle et celles portĂ©es Ă  Ă©tendre sans fin leurs fronts d’exploitation et d’occupation les sociĂ©tĂ©s europĂ©ennes. Kenneth Pomeranz fait des facteurs Ă©cologiques une donnĂ©e primordiale dans la grande divergence » entre l’Orient et l’Occident au tournant des XVIIIe et XIXe siĂšcles [126]. Avec John McNeill, c’est l’idĂ©e d’une rupture historique qui est centrale pour lui, il y a eu du nouveau sous le soleil » au XXe siĂšcle [127]. Les interactions sociĂ©tĂ©-environnement se sont intensifiĂ©es jusqu’à provoquer des effets d’une telle ampleur qu’ils sont devenus le phĂ©nomĂšne historique le plus important du siĂšcle Ă©coulĂ©. C’est toute la vision de l’histoire qui en est changĂ©e. La pollution atmosphĂ©rique tue plus que les deux guerres mondiales ; Churchill ou Guillaume II s’effacent derriĂšre Thomas Midgley, l’inventeur de l’essence au plomb et du premier gaz CFC [128]. 39 Depuis ses dĂ©buts, on le voit, l’histoire environnementale globale a produit un nombre important d’ouvrages, qui ont connu une grande visibilitĂ© dans le monde anglo-saxon via l’enseignement et une diffusion grand public » [129]. Á l’intersection de l’histoire environnementale et de l’histoire globale, elle a jouĂ© un rĂŽle moteur dans l’essor de ces deux secteurs de la recherche historique. En revanche, elle n’a suscitĂ© qu’un Ă©cho restreint chez les historiens français la tendance Ă  la focalisation sur le cadre national et une certaine mĂ©fiance vis-Ă -vis des rĂ©cits englobants et de haute vulgarisation y ont certainement contribuĂ©. Environnement, impĂ©rialisme, colonisation 40 L’étude des inĂ©galitĂ©s de niveau de vie et de puissance Ă  l’échelle planĂ©taire est l’une des questions sĂ©minales de l’histoire environnementale, et des approches comme celles de Crosby irriguent depuis les annĂ©es 1970 l’étude de la premiĂšre colonisation ». Cependant, les recherches abordant la question coloniale sous l’angle de l’histoire environnementale ont surtout pris leur essor depuis la fin des annĂ©es 1980. 41 Ces travaux ont tout d’abord permis de dresser un bilan environnemental du colonialisme, et de mesurer les effets Ă©cologiques souvent dĂ©sastreux de la dĂ©structuration des systĂšmes politiques et Ă©conomiques d’avant la conquĂȘte [130]. Les autres transformations Ă©co-systĂ©miques suscitĂ©es par la colonisation ont aussi retenu l’attention, notamment celles liĂ©es au transport et Ă  la mise en culture des espĂšces vĂ©gĂ©tales Ă  l’échelle du globe [131]. La botanique et l’agronomie tropicale – qui ont promu ou organisĂ© cette circulation des espĂšces – ont Ă©tĂ© Ă©tudiĂ©es par des chercheurs venus des Science Studies, qui ont Ă©galement analysĂ© les outils de gouvernement que constituent les politiques d’ amĂ©lioration » et de modernisation » agricole [132]. Ces recherches ont aussi rĂ©vĂ©lĂ© l’importance du terreau colonial dans la naissance et le dĂ©veloppement de l’écologie scientifique [133]. 42 Par ailleurs, l’histoire environnementale a montrĂ© que les espaces coloniaux ont Ă©tĂ© des laboratoires pour l’émergence des prĂ©occupations, des thĂ©ories et des pratiques de protection environnementale. C’est notamment lĂ  que les puissances europĂ©ennes ont expĂ©rimentĂ© leurs politiques prĂ©servationnistes, aux XIXe et XXe siĂšcles. Cela est apparu clairement pour la Grande-Bretagne Ă  la suite d’un livre coordonnĂ© par Richard Grove et David Anderson, oĂč ces politiques Ă©taient rĂ©solument interprĂ©tĂ©es comme des produits et des instruments de la domination coloniale [134]. L’annĂ©e suivante, John Mackenzie apportait une consistance supplĂ©mentaire Ă  cette thĂšse, dans son livre sur les liens entre chasse, impĂ©rialisme et conservation [135]. Il y analysait toute la symbolique de la chasse au gros gibier – mise en scĂšne comme le triomphe de l’homme blanc sur la nature sauvage – et les mesures de protection animaliĂšre mises en place pour en perpĂ©tuer l’existence. Il pointait les restrictions d’accĂšs aux espaces et aux animaux imposĂ©es, dans le mĂȘme mouvement, aux populations africaines et indiennes. Ces problĂ©matiques ont connu par la suite des dĂ©veloppements importants, avec notamment de nombreux travaux sur le gibier et son management colonial et post-colonial [136]. 43 Le cas de l’Afrique du Sud a beaucoup retenu l’attention Jane Carruthers a consacrĂ© plusieurs livres au Kruger National Park, et William Beinart a proposĂ© de rĂ©interprĂ©ter l’histoire de ce pays en l’analysant comme une sociĂ©tĂ© coloniale aux prises avec une dĂ©gradation constante de son environnement causĂ©e notamment par la prolifĂ©ration des ovins [137]. 44 Dans des travaux rĂ©cents comme ceux de Beinart, sous l’effet du basculement historiographique provoquĂ© par les travaux de Richard Grove [138], les pratiques de prĂ©servation ou de conservation ne sont plus vues comme de simples moyens de l’impĂ©rialisme, mais reliĂ©es Ă  l’émergence de pensĂ©es et d’éthiques proto-Ă©cologiques, parfois inspirĂ©es par les cultures des colonisĂ©s. Les travaux de Grove ont Ă©tĂ© essentiels sur deux points. D’abord, il a montrĂ© que c’est dĂšs l’époque moderne que les EuropĂ©ens ont rĂ©agi face aux consĂ©quences Ă©cologiques dĂ©sastreuses de l’économie de plantation, Ă  l’Ɠuvre dans leurs colonies insulaires. De plus, ses recherches l’ont amenĂ© Ă  rejeter les interprĂ©tations qui faisaient de l’environnementalisme colonial un simple faux nez » de l’impĂ©rialisme. Pour lui, il rĂ©sulte aussi d’une rencontre crĂ©atrice avec la nature et les populations colonisĂ©es, dont les effets feront plus tard retour en Occident c’est le sens de son concept de Green Imperialism. 45 Cette relecture des dynamiques centre/pĂ©riphĂ©rie s’est Ă©galement accomplie par l’importation de concepts et de mĂ©thodes d’analyse venus des Subaltern Studies. Le projet subalterniste Ă©merge au dĂ©part comme une exploration des formes d’action et de rĂ©sistance des paysans indiens [139]. DĂšs les annĂ©es 1980, Ramachandra Guha importe cette problĂ©matique sur le terrain environnemental [140]. Il Ă©tudie le mouvement Chipko alors en cours, oĂč les villageois de la rĂ©gion de l’Uttarakhand s’opposent Ă  l’exploitation commerciale de leurs forĂȘts [141]. Il montre que ce phĂ©nomĂšne s’inscrit dans une histoire longue, celle de la confrontation des populations locales aux administrateurs et aux praticiens de la foresterie scientifique, sous le Raj et au-delĂ . Cette analyse permet Ă  Guha de restituer l’économie morale et cognitive complexe qui prĂ©side Ă  la gestion des Ă©cosystĂšmes par les communautĂ©s villageoises. Ce qui apparaĂźt nettement en regard, c’est la continuitĂ© entre les logiques coloniales et nationalistes/modernisatrices d’exploitation des ressources naturelles [142]. Guha prolongera cette rĂ©flexion avec une histoire Ă©cologique de l’Inde publiĂ©e en collaboration, oĂč il rĂ©interprĂšte les castes et les croyances hindouistes comme des systĂšmes socio-culturels organisant l’allocation et l’utilisation soutenable des ressources [143]. 46 L’histoire environnementale coloniale s’est aujourd’hui structurĂ©e, dans le monde anglo-saxon, comme un sous-champ acadĂ©mique dotĂ© de cursus, de manuels et de rendez-vous savants [144]. Les historiens français, quant Ă  eux, avaient investi ces questions dans les annĂ©es 1990, avec des travaux venus surtout de l’histoire des sciences [145] et des Ă©tudes indianistes. Jacques Pouchepadass, notamment, a fait beaucoup pour importer et les Subaltern Studies et les approches de l’histoire environnementale appliquĂ©es au sous-continent indien et/ou aux questions forestiĂšres [146]. Mais ces approches ont nettement marquĂ© le pas dans les annĂ©es 2000. Pourtant, l’étude des empires coloniaux français offre plus que jamais de riches perspectives en matiĂšre d’histoire environnementale, comme le montre la parution rĂ©cente du livre de Diana Davis sur la colonisation algĂ©rienne – qu’elle aborde via l’analyse des discours et des reprĂ©sentations traitant de la nature et de son histoire [147]. Environnement urbain et inĂ©galitĂ©s environnementales 47 L’étude de l’environnement urbain est aujourd’hui une thĂ©matique centrale de l’histoire environnementale. Mais cette situation est rĂ©cente. En effet, celle-ci a longtemps dĂ©laissĂ© les villes, identifiĂ©es Ă  de pures constructions humaines, pour se focaliser sur les interactions entre les groupes humains et une Nature » souvent essentialisĂ©e [148]. 48 La situation a Ă©voluĂ© Ă  partir du dĂ©but des annĂ©es 1990. En tĂ©moigne le retentissement du livre de William Cronon sur Chicago, paru en 1991 [149]. Il y analyse les processus d’interaction qui ont dĂ©cidĂ© Ă  la fois de l’essor de cette mĂ©tropole et d’une transformation radicale d’une vaste portion du territoire amĂ©ricain, allant des Grands lacs aux Rocky Mountains. Il montre que les besoins de Chicago en bois, en viande, en cĂ©rĂ©ales ont suscitĂ© des transformations massives de cet espace, catalysĂ©es par l’usage de dispositifs techniques Ă©lĂ©vateur Ă  grains, camions-frigo dont il souligne le rĂŽle-clĂ©. Le travail de Cronon marque une rupture historiographique la frontiĂšre intĂ©rieure » amĂ©ricaine est rĂ©interprĂ©tĂ©e comme un front de transformation environnementale dont les villes sont le foyer ; l’opposition entre le naturel » et l’urbain laisse place Ă  une analyse des processus de co-construction des villes et de leurs hinterlands. L’ouvrage inaugure aussi un genre Ă©ditorial aujourd’hui florissant les Ă©co-biographies » urbaines. Ces travaux proposent une relecture de l’histoire des grandes villes, vues sous l’angle des transformations environnementales, des conflits d’usage des ressources, des problĂšmes de nuisances qu’elles suscitĂšrent et qui contribuĂšrent Ă  les façonner en retour [150]. Les fleuves ont particuliĂšrement attirĂ© l’attention des Ă©co-biographes, qui ont analysĂ© leurs rĂŽles moteurs en matiĂšre de dynamiques environnementales urbaines via l’alimentation en eau, les rejets, le transport et la conflictualitĂ© associĂ©e Ă  leurs usages [151]. 49 La question des nuisances et des pollutions est un thĂšme central de l’histoire environnementale urbaine, et l’importance sociĂ©tale prise par cette question a largement contribuĂ© Ă  son dĂ©veloppement. Les travaux sur les dĂ©chets, les pollutions industrielles, l’assainissement, l’alimentation en eau potable se sont multipliĂ©s dans la dĂ©cennie 1990, en s’appuyant sur les Ă©tudes de chercheurs qui travaillaient de longue date sur ces sujets, mais dans une perspective d’histoire des techniques [152]. Parmi eux, Joel Tarr et Martin Melosi, qui sont restĂ©s les auteurs plus influents sur ces questions, en signant d’innombrables articles et plusieurs ouvrages de synthĂšse [153]. La rĂ©gulation des nuisances urbaines met aux prises une grande variĂ©tĂ© d’acteurs responsables municipaux, industriels, Ă©lites techniciennes, mais aussi groupes de citoyens mobilisĂ©s au nom de leurs intĂ©rĂȘts ou d’un idĂ©al collectif. L’histoire de ces mouvements sociaux a suscitĂ© de nombreux travaux, notamment axĂ©s sur les questions de genre. Suellen Hoy a ainsi analysĂ© le triomphe, dans les annĂ©es 1870-1930, d’une aspiration Ă  la propretĂ© domestique mais aussi urbaine chez les femmes de la middle class amĂ©ricaine, Ă  l’origine d’un engagement massif en faveur des revendications nĂ©o-hygiĂ©nistes [154]. L’histoire des associations de propriĂ©taires, qui sont devenues Ă  partir des annĂ©es 1960 une composante essentielle du mouvement environnementaliste amĂ©ricain, est elle aussi bien documentĂ©e la revendication d’un cadre de vie sain » et naturel » y fait souvent cause commune avec une dĂ©fense des intĂ©rĂȘts patrimoniaux et un dĂ©sir de sĂ©grĂ©gation sociale et raciale [155]. 50 La montĂ©e des prĂ©occupations environnementales s’exprime, Ă  partir du dĂ©but des annĂ©es 1970, par des mobilisations inĂ©dites suscitĂ©es par des problĂšmes de stockage des dĂ©chets des mobilisations caricaturĂ©es par le fameux slogan NIMBY, Not in my backyard ! . À la fin de la dĂ©cennie, des mouvements sociaux issus de la communautĂ© africaine-amĂ©ricaine se saisissent de ce problĂšme, pour dĂ©noncer les inĂ©galitĂ©s environnementales criantes subies par les populations noires. Ce mouvement, dit de l’environmental justice, parviendra peu Ă  peu Ă  imposer dans le dĂ©bat public la thĂ©matique des inĂ©galitĂ©s environnementales qui concernent l’exposition aux nuisances et aux risques, l’accĂšs Ă  un cadre de vie de qualitĂ©, la capacitĂ© d’agir sur ses conditions environnementales d’existence [156]. Dans la dĂ©cennie 1990, les travaux d’inspiration sociologique se multiplient pour analyser ces inĂ©galitĂ©s subies par les pauvres et les populations de couleur », thĂ©oriser le concept d’éco-racisme et produire une histoire du mouvement de l’environmental justice [157]. La recherche historique s’empare Ă©galement de ces questions, avec la parution en 1995 du livre trĂšs influent d’Andrew Hurley sur la ville de Gary, Indiana [158]. FondĂ©e en 1906 par la compagnie U. S Steel, Gary est tout au long du XXe siĂšcle l’une des villes les plus polluĂ©es des États-Unis. Andrew Hurley analyse sur le long terme l’évolution des inĂ©galitĂ©s environnementales. Il montre que celles-ci restent limitĂ©es jusqu’en 1950 – la population, regroupĂ©e en habitat compact, subissant une exposition homogĂšne aux pollutions – puis qu’elles explosent Ă  la suite de la suburbanisation et du dĂ©veloppement du travail en col blanc. L’un des grands apports du livre est de montrer les effets pervers de certaines formes de rĂ©gulation environnementale ainsi, Ă  Gary, les restrictions imposĂ©es aux rejets dans l’air et l’eau intensifiĂšrent la pollution des sols, accentuant les inĂ©galitĂ©s d’exposition au dĂ©triment des populations noires. La question des inĂ©galitĂ©s environnementales constitue aujourd’hui l’un des chantiers de recherche les plus prometteurs de l’histoire environnementale et, sans doute, de l’histoire sociale. 51 L’histoire environnementale urbaine est un secteur qui connaĂźt un important dĂ©veloppement en France depuis peu. Les travaux de GeneviĂšve Massard-Guilbaud sur les pollutions industrielles, qui analysent l’histoire des mĂ©canismes complexes de gestion administrative, de contrĂŽle sanitaire, de traitement juridique des nuisances urbaines, dans un long XIXe siĂšcle ont Ă©tĂ© prĂ©curseurs [159]. Les pollutions et les nuisances mobilisent aujourd’hui de nombreux historiens Thomas Le Roux et Jean-Baptiste Fressoz en ont traitĂ© dans des thĂšses rĂ©centes [160] ; Estelle Baret-Bourgoin les a Ă©tudiĂ©es sous l’angle d’une histoire des sensibilitĂ©s, dans le sillage des travaux d’Alain Corbin [161] ; Sabine Barles a utilisĂ© la notion de mĂ©tabolisme urbain » pour analyser les villes en tant que des Ă©cosystĂšmes producteurs d’excrata, re-consommĂ©s ou Ă©rigĂ©s en dĂ©chets » Ă  Ă©liminer [162] ; Laurence Lestel et AndrĂ© Guillerme ont traitĂ©, sur des modes diffĂ©rents, des formes de contamination induites par les activitĂ©s industrielles urbaines et pĂ©riurbaines [163]. 52 Il peut sembler Ă©tonnant de consacrer de si longs dĂ©veloppements Ă  l’histoire environnementale urbaine et de ne pas plus insister sur l’histoire et la gĂ©ographie rurales, dont le lien avec l’environnement paraĂźt plus Ă©vident. Ces champs de recherche Ă©tant dĂ©jĂ  constituĂ©s lorsque surgit l’histoire environnementale, ils sont restĂ©s en grande partie autonomes. En France, en particulier, la convergence est rĂ©cente et se fait relativement facilement, sans obliger l’histoire et la gĂ©ographie rurales Ă  modifier leurs mĂ©thodes [164]. L’attention aux dĂ©gradations, aux inĂ©galitĂ©s et Ă  la prĂ©servation de l’environnement est cependant moins prononcĂ©e. En revanche, de nombreuses Ă©tudes sont disponibles sur certaines des grandes questions de l’histoire environnementale, comme l’aliĂ©nation des communs et la gestion des ressources naturelles [165]. 53 Ce dossier thĂ©matique se veut un reflet du dynamisme que connaĂźt aujourd’hui l’histoire environnementale. Notre objectif est de donner Ă  voir un ensemble de travaux rĂ©cents que l’on peut considĂ©rer comme assez novateurs du point de vue de leurs objets d’étude et de leur mĂ©thodologie. Mais ces contributions partagent aussi d’importantes options historiographiques. 54 Tout d’abord, toutes refusent de considĂ©rer l’ environnement » comme un dĂ©jĂ -donnĂ©, un macro-objet transhistorique avec lequel les sociĂ©tĂ©s humaines entretiendraient des rapports qui – aussi Ă©troits soient-ils – seraient irrĂ©ductiblement des rapports d’extĂ©rioritĂ©. Ce sont les mĂ©diations symboliques et matĂ©rielles qui façonnent, dans chaque situation historique, des assemblages hommes-nature particuliers et changeants qui sont ici au cƓur des interrogations. Dans cette analyse des processus de co-construction des sociĂ©tĂ©s et de leur s environnement s, on trouvera une attention particuliĂšre portĂ©e aux sciences et aux techniques. Les pratiques savantes et techniciennes, les stratĂ©gies d’objectivation, les modalitĂ©s de production et d’usage des donnĂ©es seront analysĂ©es eu Ă©gard au rĂŽle souvent essentiel qu’elles jouent dans ces dynamiques de co-construction. 55 Les contributions qu’on va lire manifestent deux autres caractĂ©ristiques d’importance. La premiĂšre tient au souci de se dĂ©partir d’une focalisation sur le seul XXe siĂšcle, assez nette dans l’historiographie anglo-saxonne. Les travaux prĂ©sentĂ©s, au contraire, reflĂštent un intĂ©rĂȘt pour la longue durĂ©e, et l’analyse comparĂ©e des situations modernes et contemporaines y occupe une place importante. L’autre caractĂ©ristique que nous voudrions souligner est l’accent mis sur la recherche et l’exploitation de sources documentaires de tous ordres archives militaires, policiĂšres, savantes, administratives ; productions imprimĂ©es traitĂ©s, journaux, bulletins
 ; corpus cartographiques et numĂ©riques. À cette richesse des sources correspond une rĂ©flexion sur leurs conditions de production et d’usage par les acteurs, par l’historien qui mobilise Ă  la fois les outils de la rĂ©flexion historiographique et celles de l’histoire sociale et culturelle des savoirs, des discours et des reprĂ©sentations, mis au service de l’histoire environnementale. 56 Jean-Baptiste Fressoz examine les rĂ©gimes de rĂ©gulation des pollutions et des nuisances des XVIIIe et XIXe siĂšcles. Il analyse d’abord l’action de la police d’Ancien RĂ©gime, en premiĂšre ligne dans la prĂ©vention et la rĂ©solution des conflits environnementaux les commissaires quadrillent les quartiers, recueillent les plaintes des riverains et poursuivent ou font poursuivre les responsables des nuisances industrielles ou artisanales. Ces pratiques participent d’une biopolitique Ă  laquelle la thĂ©orie mĂ©dicale des climats fournit sa logique intellectuelle il faut agir sur tout ce qui façonne les corps et dĂ©cide de la santĂ© des populations. Fressoz analyse le fossĂ© qui sĂ©pare ces pratiques du nouveau rĂ©gime de rĂ©gulation, libĂ©ral et techniciste, qui s’impose au XIXe siĂšcle. La pĂ©nalitĂ© et la police des choses environnantes » disparaissent alors au profit d’une dĂ© rĂ©gulation administrative et juridique qui exonĂšre largement les industries polluantes. Dans le mĂȘme temps, la parole des Ă©lites savantes gagne en autoritĂ© et l’emporte de plus en plus sur celle des riverains et sur les jurisprudences inspirĂ©es par les savoirs pratiques. S’inaugure ainsi une Ăšre de grande permissivitĂ© vis-Ă -vis des pollutions et de leurs consĂ©quences sanitaires et sociales. 57 Fabien Locher s’intĂ©resse pour sa part Ă  une dimension inattendue de la rĂ©volution industrielle et informationnelle du second XIXe siĂšcle la transformation radicale qui affecte dans son sillage les savoirs, les pratiques et les reprĂ©sentations prenant pour objet l’atmosphĂšre et le temps qu’il fait ». Á partir des annĂ©es 1860, les communautĂ©s scientifiques et les États mettent en place les premiers services de prĂ©vision du temps. Ils utilisent des rĂ©seaux d’observateurs reliĂ©s par le tĂ©lĂ©graphe et des mĂ©thodes inĂ©dites de cartographie et d’anticipation des Ă©tats atmosphĂ©riques. C’est Ă  l’Observatoire de Paris, sous le Second Empire, que ces mĂ©thodes sont tout d’abord expĂ©rimentĂ©es. Elles se fondent sur le suivi d’entitĂ©s jusqu’alors inconnues, les dĂ©pressions, qui sont intronisĂ©es dans le mĂȘme mouvement en tant que des phĂ©nomĂšnes naturels ». Les reprĂ©sentations profanes de l’atmosphĂšre et du temps qu’il fait » vont peu Ă  peu se recomposer autour de l’existence de ces macro-mĂ©tĂ©ores, dont la presse donne chaque jour des nouvelles et des reprĂ©sentations. L’expertise scientifique sur le temps, quant Ă  elle, s’impose par le biais de stratĂ©gies d’accrĂ©ditation et de distinction qui doivent Ă©carter l’amalgame avec les annonces des astrologues Ă©diteurs d’almanachs. C’est une sorte d’archĂ©ologie de l’atmosphĂšre moderne qui est proposĂ©e cet atmosphĂšre, ses mĂ©tĂ©ores, y apparaissent Ă  la fois comme des reflets et des catalyseurs des transformations d’ensemble suscitĂ©es par l’industrialisation, l’essor des mĂ©dias et la premiĂšre mondialisation. 58 FrĂ©dĂ©ric Thomas analyse l’action des forestiers coloniaux en matiĂšre de protection des massifs indochinois, de la conquĂȘte Ă  la Seconde Guerre mondiale. DĂšs les annĂ©es 1860, la colonisation induit une dĂ©gradation des surfaces boisĂ©es. Les experts forestiers le constatent mais ils l’imputent aux populations locales, jugĂ©es incapables de gĂ©rer leur environnement [166]. Ce n’est que dans les annĂ©es 1890 que certaines portions de forĂȘt sont mises en rĂ©serve », c’est-Ă -dire soumises Ă  des coupes raisonnĂ©es. Mais comme le montre F. Thomas, ces rĂ©serves sont rĂ©duites et n’existent parfois que sur le papier. Les populations autochtones sont hostiles Ă  des mesures limitant leurs droits d’usage, mais il n’existe pas de grands mouvements d’opposition comme en Inde. FrĂ©dĂ©ric Thomas cherche ici Ă  mettre Ă  l’épreuve les thĂšses de Richard Grove, qui dominent largement l’histoire environnementale coloniale. Ses conclusions sont sans appel trop de travaux reprennent les arguments que Grove a mis en avant pour l’époque moderne en les appliquant sans discernement aux XIXe et XXe siĂšcles. Or, F. Thomas montre que c’est un tout autre rapport Ă  l’environnement qui s’impose dans le contexte colonial contemporain, sous le double signe de la technique et du capitalisme. 59 Ron Doel concentre son analyse sur les processus de co-construction des sociĂ©tĂ©s et de leur s environnement s, et le rĂŽle qu’y jouent les savoirs savants. En la matiĂšre, argumente-t-il, la recherche s’est abusivement focalisĂ©e sur l’histoire de l’écologie scientifique et ses liens au militantisme environnementaliste. C’est un tout autre aspect des interactions entre savoirs scientifiques et rapport Ă  l’environnement qu’il se propose d’explorer. Ici, ce n’est pas le Silent Spring de Rachel Carson qui est dĂ©terminant, mais les efforts des militaires Ă©tatsuniens pour se prĂ©parer Ă  un conflit ouvert avec l’URSS. DĂšs la fin des annĂ©es 1940, le Pentagone Ă©rige la connaissance de l’environnement physique de la Terre globe, ocĂ©ans, atmosphĂšre au rang d’objectif stratĂ©gique. L’environnement planĂ©taire doit ĂȘtre cartographiĂ©, sondĂ©, modĂ©lisĂ© pour ĂȘtre maĂźtrisĂ© en tant qu’espace d’évolution des missiles balistiques et des sous-marins nuclĂ©aires. Cette situation suscite une formidable mobilisation scientifique et technique, orchestrĂ©e par les instances militaires nord-amĂ©ricaines. Elle dĂ©bouche sur une vĂ©ritable rĂ©volution intellectuelle et acadĂ©mique, avec l’émergence des approches contemporaines, intĂ©gratives, prenant pour objet le systĂšme-Terre ». Ce sont ces pratiques et ces discours savants qui informent aujourd’hui une part importante des questionnements touchant aux atteintes environnementales globales. L’histoire qu’en livre R. Doel dĂ©place notre regard ainsi, ce n’est pas lors d’un Earth Day, mais au Pentagone, que la possibilitĂ© et les consĂ©quences d’un changement climatique global furent discutĂ©es pour la premiĂšre fois, un jour du printemps 1947. Il s’agissait alors d’évaluer ce que pourrait ĂȘtre son impact sur les glaces du PĂŽle nord, ce futur champ de bataille de la TroisiĂšme Guerre mondiale. Notes [1] Les auteurs tiennent Ă  remercier Étienne Anheim, FrĂ©dĂ©ric Graber, Philippe Minard, Dominique Pestre et les rapporteurs du comitĂ© de rĂ©daction de la RHMC, pour leurs rĂ©flexions et suggestions. [2] Mark CIOC, Char MILLER, Interview with Roderick Nash », Environmental History, 12-2, avril 2007, p. 399-407. En ligne [3] Roderick NASH, American environmental history a new teaching frontier », Pacific Historical Review, 41-3, aoĂ»t 1972, p. 362-372. En ligne [4] Donald WORSTER, History as natural history an essay on theory and method », Pacific Historical Review, 53-1, fĂ©vrier 1984, p. 1. En ligne [5] Robert DARNTON, Intellectual and cultural history » in Michael KAMMEN Ă©d., The Past before Us Contemporary Historical Writing in the United States, Ithaca, Cornell University Press, 1980, p. 334. Peter NOVICK, That Noble Dream. The Objectivity Question » and the American Historical Profession, Cambridge, Cambridge University Press, 1988, p. 421. [6] R. NASH, American
 », art. cit., p. 362-372. [7] Kirkpatrick SALE, The Green Revolution. The American Environmental Movement 1962-1992, New York, Hill and Wang 1993, p. 24. [8] Elle se poursuit sous le nom Environmental History Review en 1990, et devient Environmental History en 1996. [9] Carolyn COLUMN, From the President’s desk », ASEH News, Ă©tĂ©-hiver 2001. [10] Samuel P. HAYS, Conservation and the Gospel of Efficiency ; the Progressive Conservation Movement, 1890-1920, Cambridge Mass., Harvard University Press, 1959. FondĂ©e en 1957 par la Forest History Society, la revue Forest History devient le Journal of Forest History Ă  partir de 1974. [11] Interview with Hal K. Rothman », Environmental History, 12-1, janvier 2007, p. 141-154. [12] Mark HARVEY, Donald Worster. Interview », Environmental History, 13-1, janvier 2008, p. 140-155. En ligne [13] William CRONON, The uses of environmental history », Environmental History Review, 17-3, automne 1993, p. 1-22. En ligne [14] M. CIOC, C. MILLER, Interview
 », art. cit., p. 402. [15] Roderick NASH, Wilderness and the American Mind 1967, New Haven, Yale University Press, 1982. Paradoxalement, l’histoire intellectuelle a exercĂ© une grande influence, par la redĂ©couverte de ces prĂ©curseurs. [16] D. WORSTER, Nature’s Economy A History of Ecological Ideas, San Francisco, Sierra Club Books, 1977 ; Hal ROTHMAN, A decade in the saddle confessions of a recalcitrant editor », Environmental History, 7-1, janvier 2002, p. 9-21. En ligne [17] W. CRONON, A place for stories nature, history, and narrative », The Journal of American History, 78-4, mars 1992, p. 1347-1376. En ligne [18] W. CRONON, Changes in the Land Indians, Colonists, and the Ecology of new England, New York, Hill and Wang, 1983 ; Richard WHITE, Land Use, Environment, and Social Change The Shaping of Island County, Seattle, University of Washington Press, 1980, et The Roots of Dependency Subsistence, Environment, and Social Change among the Choctaws, Pawnees, and Navajos, Lincoln, University of Nebraska Press, 1983. [19] Carolyn MERCHANT, The Death of Nature Women, Ecology and Scientific Revolution, San Francisco, Harper & Row, 1980. [20] C. MERCHANT Ă©d., Women and environmental history. Special issue », Environmental Review, 8-1, printemps 1984. [21] Stephen PYNE, Fire in America. A Cultural History of Wildland and Rural fire, Princeton, Princeton University Press, 1982. [22] John MCPHEE, The Control of Nature, New York, Farrar, Straus & Giroux, 1989 ; Marc REISNER, Cadillac Desert. The American West and its Disappearing Waters, New York, Penguin Books, 1986. [23] R. WHITE, American environmental history the development of a new historical field », Pacific Historical Review, 54-3, aoĂ»t 1985, p. 297-335. En ligne [24] Mary DOUGLAS, Aaron WILDAVSKY, Risk and Culture An Essay on the Selection of Technological and Environmental Dangers, Berkeley, University of California Press, 1983. [25] John H. PERKINS, Insects, Experts and the Insecticide Crisis the Quest for New Pest Management Strategies, New York, Plenum Press, 1982. Thomas R. DUNLAP, DDT Scientists, Citizens and Public Policy, Princeton, Princeton University Press, 1981. James WHORTON, Before Silent Spring Pesticides and Public Health in pre-DDT America, Princeton, Princeton University Press, 1974. [26] Arthur MCEVOY, The Fisherman’s Problem Ecology and Law in the California Fisheries, 1850- 1980, New York, Cambridge University Press, 1986. Peter BRIMBLECOMBE, The Big Smoke. A History of Air Pollution in London Since Medieval Times, Cambridge, Methuen, 1987. Kenneth JACKSON, Crabgrass Frontier The Suburbanization of the United States, Oxford, Oxford University Press, 1985. C. MERCHANT, Ecological Revolutions Nature, Gender and Science in New England, Chapel Hill, University of North Carolina Press, 1989. Ted STEINBERG, An ecological perspective on the origins of industrialization », Environmental Review, 10-4, hiver 1986, p. 261-276. [27] John M. MACKENZIE, The Empire of Nature Hunting, Conservation and British Imperialism, Manchester, Manchester University Press, 1988 ; Ramachandra GUHA, The Unquiet Woods. Ecological Change and Peasant Resistance in the Himalaya, Oxford, Oxford University Press, 1989 ; Peter C. PERDUE, Exhausting the Earth State and Peasant in Hunan, 1500-1850 A. D., Cambridge mass., Harvard University Press, 1987. [28] Keith THOMAS, Dans le jardin de la nature. La mutation des sensibilitĂ©s en Angleterre Ă  l’époque moderne 1983, Paris, Gallimard, 1985 ; Harriet RITVO, The Animal Estate The English and Other Creatures in the Victorian Age, Cambridge, Harvard University Press, 1987 ; J. MACKENZIE, The Empire
 , op. cit. [29] Elle a lieu Ă  l’University of California, Irvine en janvier 1982. Une sĂ©lection des communications est publiĂ©e dans Environmental Review, 6-2, automne 1982 et 7-1, printemps 1983. [30] Special issue theories of environmental history », Environmental Review, 11-4, hiver 1987. Cf. aussi John OPIE, Environmental history pitfalls and opportunities », Environmental Review, 7-1, printemps 1983, p. 8-16. [31] Journal of American History, 76-4, mars 1990, p. 1087-1187. [32] S. J. PYNE, Firestick history », The Journal of American History, 76-4, mars 1990, p. 1140. [33] W. CRONON, The uses
 », art. cit., p. 1-2. [34] P. NOVICK, That Noble
 , op. cit., p. 496, 459. [35] M. HARVEY, Donald
 », op. cit., p. 153-154. [36] Alfred CROSBY, The past and present of environmental history », American Historical Review, 100-4, octobre 1995, p. 1177-1190. En ligne [37] P. NOVICK, That Noble
 , op. cit., p. 489-490. [38] D. WORSTER, World without borders the internationalizing of environmental history », Environmental Review, 6-2, automne 1982, p. 8-13. En ligne [39] Ramachandra GUHA, Madhav GADGIL, State forestry and social confl ict in british India », Past and Present, 123, mai 1989, p. 141-177 ; ID., This fissured Land. An Ecological History of India, Berkeley, University of California Press, 1992. [40] R. GUHA, Radical american environmentalism and wilderness preservation a third world critique », Environmental Ethics, 11, 1989, p. 71-83. En ligne [41] Il vise en particulier Lynn WHITE JR., The historical roots of our ecologic crisis », Science, 155-3767, p. 1203-1207. [42] Richard GROVE, Conserving Eden the European East India companies and their environmental policies on St. Helena, Mauritius and in Western India, 1660 to 1854 », Comparative Studies in Society and History, 35-2, 1993, p. 318-351. En ligne [43] R. GROVE, Editorial », Environment & History, 1995, 1-1, p. 1-2. [44] R. GROVE, Environmental History », in Peter BURKE dir., New Perspectives on Historical Writing, University Park, The Pennsylvania State University Press, 2001, p. 261-282. [45] W. CRONON Ă©d., Uncommon Ground. Toward reinventing Nature, New York, Norton, 1995. W. CRONON, The trouble with wilderness or, getting back to the wrong nature », Environmental History, 1-1, janvier 1996, p. 7-28. En ligne [46] Environmental History consacre un numĂ©ro spĂ©cial 1-1, janvier 1996 Ă  cet article, accompagnĂ© de critiques de Michael P. Cohen, Thomas R. Dunlap, Samuel P. Hays et d’une rĂ©ponse de William Cronon. [47] R. WHITE, From wilderness to hybrid landscapes the cultural turn in environmental history », The Historian, 66-3, automne 2004, p. 557-564. En ligne [48] Interview with Hal K. Rothman », art. cit., supra, [49] Ellen STROUD, Does nature always matter ? Following dirt through history », History and Theory, 42-4, dĂ©cembre 2003, p. 75-81. En ligne [50] Douglas R. WEINER, A death-defying attempt to articulate a coherent definition of environmental history », Environmental History, 10-3, juillet 2005, p. 404-420. En ligne [51] R. WHITE, The nationalization of nature », Journal of American History, 86-3, dĂ©cembre 1999, p. 976-989. En ligne [52] Edmund RUSSELL, Evolutionary history prospectus for a new field », Environmental History, 8-2, avril 2003, p. 204-228. En ligne [53] Stephen MOSLEY, Common ground integrating social and environmental history », Journal of Social History, 39-3, printemps 2006, p. 915-933. E. STROUD, Does nature
 », art. cit., p. 75-81. Ted STEINBERG, Down to earth nature, agency, and power in history », American Historical Review, 107-3, juin 2002, p. 798-820 En ligne [54] Sverker SÖRLIN, Paul WARDE, The problem of the problem of environmental history a re-reading of the field », Environmental History, 12-1, janvier 2007, p. 107-130. En ligne [55] R. WHITE, From wilderness
 », op. cit. ; Kristin ASDAL, The problematic nature of nature the post-constructivist challenge to environmental history », History and Theory, 42-4, dĂ©cembre 2003, p. 60-74. Jusqu’en 2009, vingt-trois articles d’Environmental History citent Bruno Latour, dont dix-sept depuis 2005, et sans privilĂ©gier pour autant l’ouvrage de Bruno LATOUR, Politiques de la nature. Comment faire entrer les sciences en dĂ©mocratie, Paris, La DĂ©couverte, 1999. En ligne [56] Verena WINIWARTER, Environmental history in Europe from 1994 to 2004 enthusiasm and consolidation », Environment & History, 10-4, 2004, p. 502. [57] Per ELIASSON, Poul HOLM, Timo MYLLINTAUS, Finland, Sweden, Danemark », Environment and History, 10-4, 2004, p. 508. Pour la Environmental History Bibliography Database http//www. foresthistory. org/research/ et voir pour la base de donnĂ©es intĂ©grĂ©e en histoire environnementale du Canada. [58] S. MOSLEY, Common ground
 », p. 918. [59] Richard JUDD, Approches en histoire environnementale le cas de la Nouvelle-Angleterre et du QuĂ©bec », Globe. Revue internationale d’études quĂ©bĂ©coises, 9-1, 2006, p. 67-92. StĂ©phane CASTONGUAY, Faire du QuĂ©bec un objet de l’histoire environnementale », Globe. Revue internationale d’études quĂ©bĂ©coises, 9-1, 2006, p. 17-49. [60] Franz-Josef BRÜGGEMEIER, A nature fit for industry. The environmental history of the Ruhr Basin 1840-1889 », Environmental History Review, 18-1, printemps 1994, p. 35-54. Peter BRIMBLECOMBE, Christian PFISTER Ă©d., The Silent Countdown. Essays in European Environmental History, Heidelberg, Springer Verlag, 1990. Joachim RADKAU, Nature and Power. A Global History of the Environment 2000, Cambridge, Cambridge University Press, 2008. Christof MAUCH, Thomas ZELLER Ă©d., The World Beyond the Windshield Roads and Landscapes in the United States and Europe, Athens, Ohio University Press, 2008. En ligne [61] Matthew W. KLINGLE, Spaces of consumption in Environmental History », History and Theory, 42-4, 2003, p. 94-110. En ligne [62] Christine MEISNER ROSEN, Christopher C. SELLERS, The nature of the firm towards an ecocultural history of business », Business History Review, 73-4, hiver 1999, p. 577-600. En ligne [63] Greg MITMAN, Christophe SELLERS, Michelle MURPHY, Introduction. Landscape of exposures. Knowledge and illness in modern environments », Osiris, 2nd series, 19, 2004, p. 1-17. C. SELLERS, Thoreau’s body towards an embodied environmental history », Environmental History, 4-4, octobre 1999, p. 486-514. En ligne [64] Soraya BOUDIA, Nathalie JAS, Introduction risk and “risk society” in historical perspective », History and Technology, 23-4, dĂ©cembre 2007, p. 317-331. En ligne [65] S. CASTONGUAY, The production of flood as natural catastrophe extreme events and the construction of vulnerability in the drainage basin of the St. Francis River Quebec mid-nineteenth to mid-twentieth century », Environmental history, 12-4, octobre 2007, p. 816-840. Michael KEMPE, Christian ROHR Ă©d., Coping with the unexpected-natural disasters and their perception », Environment and History, 9-2, 2003. Les prix de l’AEHES ont distinguĂ© rĂ©cemment plusieurs travaux sur les catastrophes Louis A. PEREZ JR., Winds of Change Hurricanes and the Transformation of Nineteenth-Century Cuba, Chapel Hill, University of North Carolina Press, 2001 meilleur livre 2001 ; Joanna DYL, Urban disaster an environmental history of San Francisco after the 1906 earthquake », Ph. D., Princeton University, 2007 meilleure thĂšse 2007. [66] Char MILLER, The Atlas of US and Canadian Environmental History, New York, Routledge, 2003. [67] Jacob DARWIN HAMBLIN, Gods and devils in the details marine pollution, radioactive waste, and an environmental regime circa 1972 », Diplomatic History, 32-4, septembre 2008, p. 539-560. Edmund RUSSELL, Richard P. TUCKER Ă©d., Natural Enemy, Natural Ally Toward an Environmental History of Warfare, Corvallis, Oregon State University Press, 2004. E. RUSSELL, War and Nature, Fighting Humans and Insects with Chemicals from World War 1 to Silent Spring, Cambridge, Cambridge University Press, 2001. [68] Simon SCHAMA, Le paysage et la mĂ©moire 1995, Paris, Seuil, 1999. [69] John R. MCNEILL, Observations on the nature and culture of environmental history », History and Theory, 42, 2003, p. 29 ; Environment & History, 10-4, 2004, p. 407-530. [70] GeneviĂšve MASSARD-GUILBAUD, France », Environment & History, 10-4, 2004, p. 513-514. Le nombre de communications prĂ©sentĂ©es par des chercheurs d’institutions françaises aux congrĂšs de l’ESEH est passĂ© de 3 en 2001 St-Andrews Ă  7 en 2003 Prague, 9 en 2005 Sienne, 10 en 2007 Ă  Amsterdam, contre 31 pour l’Angleterre, 27 pour l’Allemagne, 14 pour la TchĂ©quie, et enfin 17 en 2009 Copenhague. [71] W. CRONON, The uses
 », art. cit., p. 14 ; A. CROSBY, The past
 », art. cit., p. 1184-1185 ; R. GROVE, Editorial », art. cit., p. 1-2. [72] D. WORSTER, World without
 », art. cit., p. 8-13. Dans Environmental Review, entre 1976 et 1985, deux articles font rĂ©fĂ©rence Ă  Lucien Febvre, trois Ă  Marc Bloch, trois Ă  Fernand Braudel. [73] G. MASSARD-GUILBAUD, De la “part du milieu” Ă  l’histoire de l’environnement », Le mouvement social, 200-3, 2002, p. 66, et Quelle histoire pour l’environnement ? », Annales des Mines, 48, octobre 2007, p. 30-37. [74] R. GUHA, M. GADGIL, This fissured
 , op. cit., p. 7. Richard C. HOFFMANN, Nancy LANGSTON, James C. MCCANN, Peter C. PERDUE, Lise SEDREZ, AHR conversation environmental historians and environmental crisis », The American Historical Review, 113, dĂ©cembre 2008, p. 1431-1465. Dipesh CHAKRABARTY, The climate of history four theses », Critical Inquiry, 35, hiver 2009, p. 197-222. En ligne [75] Lucien FEBVRE, La terre et l’évolution humaine 1922, Paris, Albin Michel, 1970, p. 43, 131. [76] Florian CHARVOLIN, L’invention de l’environnement en France, Paris, La DĂ©couverte, 2003. En ligne [77] Pierre GEORGE, L’environnement, Paris, PUF, 1971, p. 5-7 et 126 ; Emmanuel LE ROY LADURIE, Histoire et environnement », Annales ESC, 29-3, mai-juin 1974, p. 537. [78] Ibidem et E. LE ROY LADURIE, Pour une histoire de l’environnement la part du climat », Annales E. S. C., 25-5, septembre-octobre 1970, p. 1459-1470. [79] Caroline FORD, Landscape and environment in French historical and geographical thought new directions », French Historical Studies, 24-1, 2001, p. 125-134. Les gĂ©ographes aussi sont loin d’ĂȘtre Ă©trangers Ă  cette lecture Paul CLAVAL, Histoire de la gĂ©ographie française de 1870 Ă  nos jours, Paris, PUF, 1995. [80] Susan W. FRIEDMAN, Marc Bloch. Sociology and Geography. Encountering changing disciplines, Cambridge, Cambridge University Press, 1996. En ligne [81] François DOSSE, L’histoire en miettes 1987, Paris, La DĂ©couverte, 2005, p. 128-138. [82] Marc BLOCH, Apologie pour l’histoire ou mĂ©tier d’historien 1949, Paris, Armand Colin, 1993, p. 81-83. [83] E. LE ROY LADURIE, Le territoire de l’historien, Paris, Gallimard, 1973, p. 417 et 522. [84] Georges BERTRAND, Pour une histoire Ă©cologique de la France rurale », in Georges DUBY et Armand WALLON Ă©d., Histoire de la France rurale, t. 1, Des origines Ă  1340, Paris, Seuil, 1975, p. 37-113. [85] Jacques LE GOFF Ă©d., La Nouvelle histoire, Paris, Retz, 1978. [86] AndrĂ© BURGUIÈRE, Les Bretons de Plozevet, Paris, Flammarion, 1977. [87] Corinne BECK, Robert DELORT Ă©d., Pour une histoire de l’environnement, Paris, CNRS Éditions, 1991. [88] Marc JOLIVET, Un exemple d’interdisciplinaritĂ© au CNRS le PIREN 1979-1989 », Revue pour l’histoire du CNRS, 4, mai 2001 ; Alain PAVÉ, Deux programmes de recherche sur l’environnement dans les annĂ©es 1990-1998 le programme Environnement, puis le programme Environnement, Vie et SociĂ©tĂ©s », Revue pour l’histoire du CNRS, 4, mai 2001. [89] François WALTER, L’historien et l’environnement. Vers un nouveau paradigme », Natures, Sciences, SociĂ©tĂ©s, 2-1, 1994, p. 31-42. [90] Pour un exemple rĂ©cent, cf. Corinne BECK, Yves LUGINBHÜL, Tatiana MUXART Ă©d., Temps et espaces des crises de l’environnement, Versailles, Éditions Quae, 2006. Ce volume ne compte que cinq historiens sur vingt-six contributions venant de la gĂ©ographie physique, de l’anthropologie, de la sismologie, du droit, de l’économie, de l’archĂ©ologie. [91] Colloque de l’Association française des historiens Ă©conomistes de 1995, publiĂ© dans Histoire, Ă©conomie et sociĂ©tĂ©, 1997-3, n° spĂ©cial Environnement et dĂ©veloppement Ă©conomique », p. 315-547 ; ou par exemple Elisabeth CROUZET, Jalons pour une histoire de l’environnement vĂ©nitien la lagune de Torcello », in Milieux naturels et espaces sociaux. Études offertes Ă  R. Delort, Paris, Presses de l’UniversitĂ© Paris-Sorbonne, 1997, p. 85-93, et Toward an ecological understanding of the myth of Venice », in Dennis ROMANO, John MARTIN Ă©d., Venice reconsidered, Baltimore, The Johns Hopkins University Press, 2000, p. 39-64. [92] Sans aucun souci d’exclusivitĂ©, citons par exemple Pierre TOUBERT, Les structures du Latium mĂ©diĂ©val. Le Latium mĂ©ridional et la Sabine du IXe siĂšcle Ă  la fin du XIIe siĂšcle, Rome, École française de Rome, 1973 ; Bernard PICON, L’espace et le temps en Camargue, Arles, Actes Sud, 1988 ; Alain CORBIN, Le miasme et la jonquille. L’odorat et l’imaginaire social XVIIIe-XIXe siĂšcles, Paris, Aubier, 1982 ; Serge BRIFFAUD, Naissance d’un paysage. La montagne pyrĂ©nĂ©enne Ă  la croisĂ©e des regards. XVIe-XIXe siĂšcles, Toulouse, A. G. M Archives des Hautes PyrĂ©nĂ©es CIMA CNRS, 1994. [93] Le sain et le malsain », Dix-huitiĂšme siĂšcle, 9, 1977 ; Reynald ABAD, Les tueries Ă  Paris sous l’Ancien RĂ©gime ou pourquoi la capitale n’a pas Ă©tĂ© dotĂ©e d’abattoirs aux XVIIe et XVIIIe siĂšcles », Histoire, Ă©conomie et sociĂ©tĂ©, 1998-4, p. 649-676. [94] Pour rĂ©pondre Ă  ce problĂšme rĂ©current d’identification et de visibilitĂ©, le projet ANR Kindunos responsable G. Quenet est en train de construire une base de donnĂ©es bibliographique en histoire environnementale de la France. Notons par ailleurs qu’en juillet 2009, aucune bibliothĂšque française n’était abonnĂ©e Ă  la revue de rĂ©fĂ©rence Environmental History la version papier paraĂźt depuis 1976. [95] ConsidĂ©rĂ© comme le fondateur de l’éco-histoire, Robert Delort est citĂ© deux fois entre 1976 et 2009 dans Environmental History. Sur les difficultĂ©s de rĂ©ception de l’histoire environnementale amĂ©ricaine, cf. Jean HEFFER, compte rendu de William Cronon, Nature’s Metropolis, Annales HSS, 48-4, juillet-aoĂ»t 1993, p. 966-968. [96] Paul J. CRUTZEN, IGBP Newsletter 41, May 2000. [97] C’est le principal reproche que l’on peut faire Ă  R. DELORT, F. WALTER, Histoire de l’environnement europĂ©en, Paris, PUF, 2001. [98] G. MASSARD-GUILBAUD, Quelle histoire
 », art. cit. [99] S. P. HAYS, Conservation
 , op. cit. [100] Elmo E. RICHARDSON, Dams, Parks, and Politics Resource Development and Preservation in the Truman-Eisenhower Era, Lexington, University of Kentucky Press, 1973 ; John ADAMS, Damming the Colorado the Rise of the Lower Colorado River Authority 1933-1939, College Station, Texas A&M. University Press, 1990. [101] John REIGER, American Sportsmen and the Origins of Conservation, New York, Winchester Press, 1975 ; Louis S. WARREN, The Hunter’s Game Poachers and Conservationists in Twentieth-Century America, New Haven, Yale University Press, 1997 ; Karl JACOBY, Crimes against Nature Squatters, Poachers, Thieves, and the Hidden History of American Conservation, Berkeley, University of California Press, 2001. [102] D. WORSTER, Dust Bowl
 , op. cit. [103] Par exemple Tim LEHMAN, Public Values, Private Lands Farmland Preservation Policy, 1933- 1985, Chapel Hill, University of North Carolina Press, 1995. [104] R. NASH, Wilderness
 , op. cit. [105] Alfred RUNTE, National Parks The American Experience, Lincoln, University of Nebraska Press, 1979. [106] James A. PRITCHARD, Preserving Yellowstone’s Natural Conditions Science and the Perception of Nature, Lincoln, University of Nebraska Press, 1999. [107] Marguerite S. SHAFFER, See America First Tourism and National Identity, 1880-1940, Washington, Smithsonian Institution Press, 2001. Les recherches sur l’histoire environnementale du tourisme se sont beaucoup dĂ©veloppĂ©es au cours de la derniĂšre dĂ©cennie. Voir par exemple Blake HARRISON, The View From Vermont Tourism and the Making of an American Rural Landscape, Burlington/Hanover, University of Vermont Press/University Press of New England, 2006 ; Connie Y. CHIANG, Shaping the Shoreline. Fisheries and Tourism on the Monterey Coast, Seattle, University of Washington Press, 2008. [108] Mark D. SPENCE, Dispossessing the Wilderness Indian Removal and the Making ok the National Parks, Oxford, Oxford University Press, 1999. Voir aussi Theodore CATTON, Inhabited Wilderness Indians, Eskimos, and National Parks in Alaska, Albuquerque, University of New Mexico Press, 1997, et K. JACOBY, Crimes against Nature, op. cit. [109] Cf. la contribution de F. THOMAS, dans ce n° ; Adel SELMI, Administrer la nature. Le parc national de la Vanoise, Paris, Éditions de la MSH-Quae Éditions, 2006 ; C. FORD, Nature, culture and conservation in France and her colonies, 1840-1940 », Past & Present, 183, 2004, p. 173-198. [110] Isabelle MAUZ, Histoire et mĂ©moires du parc national de la Vanoise, 1921-1971 la construction, Grenoble, Hors-sĂ©rie de la Revue de GĂ©ographie Alpine, Ascendances », 2003. Voir aussi le travail en cours de Guillaume BLANC, Logiques identitaires, logiques nationales les territoires des parcs nationaux QuĂ©bec, France, Éthiopie », UniversitĂ© Paris 1/UniversitĂ© du QuĂ©bec Trois-RiviĂšres thĂšse en cours. [111] F. CHARVOLIN, L’invention de l’environnement
 , op. cit. [112] A. CROSBY, The Columbian Exchange. Biological and Cultural Consequences of 1492, Wesport, Greenwood, 1972. [113] A. CROSBY, Ecological Imperialism. The Biological Expansion of Europe, 900-1900, Cambridge, Cambridge University Press, 1986. [114] William MCNEILL, The Rise of the West. A History of the Human Community, Chicago, University of Chicago Press, 1963. Cf. Caroline DOUKI, Philippe MINARD, Histoire globale, histoires connectĂ©es un changement d’échelle historiographique », RHMC, 54-4 bis, suppl. 2007, p. 7-21 p. 9. [115] W. MCNEILL, The Human Condition An Ecological and Historical View, Princeton, Princeton University Press, 1980. [116] Parmi eux, William Cronon, Donald Worster, Richard White. [117] J. Donald HUGHES, Pan’s Travail Environmental Problems of the Ancient Greeks and Romans, Baltimore, The Johns Hopkins University Press, 1994. Hughes envisage l’essor et le dĂ©clin des civilisations antiques en considĂ©rant leurs liens avec les dommages infl igĂ©es aux environnements dĂ©forestation, surexploitation des sols, destruction de la faune
. [118] J. R. MCNEILL, The Mountains of the Mediterranean World An Environmental History, New York, Cambridge University Press, 1992. [119] Jared DIAMOND, De l’inĂ©galitĂ© parmi les sociĂ©tĂ©s 1997, Paris, Gallimard, 2000. [120] J. DIAMOND, Effondrement. Comment les sociĂ©tĂ©s dĂ©cident de leur disparition ou de leur survie 2005, Paris, Gallimard, 2006. [121] Ses praticiens ont souvent des formations hybrides. Ainsi J. Donald Hughes a-t-il eu Ă  la fois une formation en gĂ©nĂ©tique vĂ©gĂ©tale, en histoire et en thĂ©ologie. oralhists-fndrs consultĂ© le 29 mai 2009. [122] Par exemple Brian FAGAN, Floods, Famines, and Emperors, New York, Basic Books, 1999. L’étude du climat et de son histoire mobilise aujourd’hui de nombreux historiens de l’environnement. HĂ©ritiers des travaux pionniers d’Emmanuel Le Roy Ladurie, ils sont engagĂ©s dans un vaste travail de collecte et d’analyse des donnĂ©es climatiques anciennes. Rudolf BRÁZDIL, Christian PFISTER, Heinz WANNER, Hans Von STORCH, JĂŒrg LUTERBACHER, Historical climatology in Europe – the state of the art », Climatic Change, 70, 2005, p. 363-430. [123] Mike DAVIS, GĂ©nocides tropicaux. Catastrophes naturelles et famines coloniales. Aux origines du sous-dĂ©veloppement 2001, Paris, La DĂ©couverte, 2003. [124] J. D. HUGHES, An Environmental History of the World Humankind’s Role in the Community of Life, Londres, Routledge, 2001. [125] John F. RICHARDS, The Unending Frontier An Environmental History of the Early Modern World, Berkeley, University of California Press, 2003. [126] Kenneth POMERANZ, The Great Divergence. China, Europe and the Making of the Modern World Economy, Princeton, Princeton University Press 2000 trad. fr. Ă  paraĂźtre en 2010 aux Ă©ditions Albin Michel. Pour une prĂ©sentation synthĂ©tique, cf. K. POMERANZ, La force de l’empire rĂ©volution industrielle et Ă©cologie, ou pourquoi l’Angleterre a fait mieux que la Chine, Alfortville, Éditions Ăše, 2009. [127] J. MCNEILL, Something New Under the Sun An Environmental History of the Twentieth-Century World, New York, W. W. Norton & Co, 2000. Pour une recension rĂ©cente, voir Jean-François MOUHOT, Du nouveau sous le Soleil. Une histoire environnementale du XXe siĂšcle », Revue Internationale des Livres et des IdĂ©es, 11, 2009, p. 4-11. [128] Rappelons que les gaz CFC sont les responsables du fameux trou » dans la couche d’ozone atmosphĂ©rique. [129] Citons Ă©galement le livre de Joachim Radkau qui, Ă  l’issue d’un macro-rĂ©cit qui se dĂ©ploie sur plus de 10 000 ans, pointe notre entrĂ©e rĂ©cente dans une phase de globalisation et de non-soutenabilitĂ© radicale des activitĂ©s Ă©conomiques, d’abord expĂ©rimentĂ©e aux États-Unis. PubliĂ© en allemand en 2000, l’ouvrage a Ă©tĂ© traduit depuis peu et il connaĂźt une seconde vie » dans le monde anglo-saxon Joachim RADKAU, Nature and Power A Global History of the Environment 2000, Cambridge, Cambridge University Press, 2008. [130] Par exemple James L. GIBLIN, The Politics of Environmental Control in Northeastern Tanzania, 1840-1940, Philadelphia, University of Pennsylvania Press, 1992. [131] Christophe BONNEUIL, Marie-NoĂ«lle BOURGUET, De l’inventaire du globe Ă  la mise en valeur du monde. Botanique et colonisation », Revue Française d’Histoire d’Outre-Mer, 86, 1999, p. 7-38. [132] Richard DRAYTON, Nature’s Government Science, Imperial Britain, and the Improvement » of the World, New Haven, Yale University Press, 2000 ; C. BONNEUIL, Development as experiment science and state building in late colonial and postcolonial Africa, 1930-1970 », Osiris, 15, 2000, p. 258-281. [133] Peder ANKER, Imperial Ecology Environmental Order in the British Empire, 1895-1945, Cambridge Ma., Harvard University Press, 2001. [134] David ANDERSON, Richard GROVE Ă©d., Conservation in Africa Peoples, Policies and Practice, Cambridge, Cambridge University Press, 1987. [135] J. M. MACKENZIE, The Empire of Nature
 , op. cit. [136] Par exemple Roderick P. NEUMANN, Imposing Wilderness Struggles over Livehood and Nature Preservation in Africa, Berkeley, University of California Press, 1998 sur la Tanzanie. [137] Le plus rĂ©cent est Jane CARRUTHERS, Wildlife and Warfare the life of James Stevenson-Hamilton, Pietermaritzburg, University of Natal Press, 2001 ; William BEINART, The Rise of Conservation in South Africa Settlers, Livestock, and the Environment 1770-1950, Oxford, Oxford University Press, 2003. [138] R. GROVE, Green Imperialism
 , op. cit. [139] Cf. Ranajit GUHA, Elementary Aspects of Peasant Insurgency in Colonial India, Delhi, Oxford University Press, 1983. [140] R. GUHA, Forestry and social protest in British Kumaun, c. 1893-1921 », in Ranajit GUHA Ă©d., Subaltern Studies n° 4, Delhi, Oxford University Press, 1985, p. 54-101. [141] R. GUHA, The Unquiet Woods
 , op. cit. [142] Le mĂȘme constat a Ă©tĂ© fait en matiĂšre d’agriculture, RĂ©volution verte comprise. C. BONNEUIL, Development
 », art. cit. [143] M. GADGIL, R. GUHA, The fissured Land
 , op. cit. [144] À titre d’exemple, notons la parution rĂ©cente d’un sixiĂšme volume de l’Oxford History for the British Empire consacrĂ© Ă  ces questions William BEINART, Lotte HUGHES, Environment and Empire, Oxford, Oxford University Press, 2007. [145] En lien avec la problĂ©matique Sciences et empire ». Yvon CHATELIN, C. BONNEUIL Ă©d., Les sciences hors d’Occident au XXe siĂšcle, t. 3 Nature et environnement, Paris, Édition Orstom, 1995. [146] Jacques POUCHEPADASS Ă©d., Outre-Mers coloniaux et environnement », numĂ©ro spĂ©cial de la Revue d’Histoire d’Outre Mer, 299, 1993 avec des articles de Claire Bernard, MarlĂšne Buchy, GuĂ©hi Jonas Ibo et Anne Bergeret sur les forĂȘts et les politiques coloniales de protection de la nature. [147] Diana K. DAVIS, Resurrecting the Granary of Rome Environmental History and French Colonial Expansion in North Africa, Athens Oh., Ohio University Press, 2007. Sur l’AlgĂ©rie, voir aussi C. FORD, Reforestation, landscape conservation, and the anxieties of empire in french colonial Algeria », American Historical Review, 113, 2008, p. 341-362. [148] G. MASSARD-GUILBAUD, Pour une histoire environnementale de l’urbain », Histoire urbaine, 18, 2007, p. 5-21. En ligne [149] W. CRONON, Nature’s Metropolis. Chicago and the Great West, New York, W. W. Norton & Co, 1991. [150] Parmi les plus rĂ©cents, citons Matthew KLINGLE, Emerald City An Environmental History of Seattle, New Haven, Yale University Press, 2007. [151] Par exemple, pour la Nouvelle OrlĂ©ans et le Mississipi Ari KELMAN, A River and Its City The Nature of Landscape in New Orleans, Berkeley, University of California Press, 2003, mais aussi Isabelle BACKOUCHE, La trace du fleuve. La Seine et Paris 1750-1850, Paris, Éditions de l’EHESS, 2000, qui relĂšve en grande part d’une histoire environnementale. [152] Martin V. MELOSI, Garbage in the Cities Refuse, Reform and the Environment, 1880-1980, College Station, Texas A&M. University Press, 1981, constitue le premier ouvrage solide sur l’histoire des ordures et de leur gestion. [153] M. V. MELOSI, The Sanitary City Urban Infrastructure in America from Colonial Times to the Present, Baltimore, The Johns Hopkins University Press, 2000 ; Joel A. TARR, The Search for the Ultimate Sink Urban Pollution in Historical Perspective, Akron Ohio, University of Akron Press, 1996. [154] Suellen HOY, Chasing Dirt The American Pursuit of Cleanliness, Oxford, Oxford University Press, 1995. [155] Adam ROME, The Bulldozer in the Countryside Suburban Sprawl and the Rise of American Environmentalism, New York, Cambridge University Press, 2001. Voir aussi M. DAVIS, City of Quartz. Los Angeles capitale du futur 1990, Paris, La dĂ©couverte, 2006, p. 137-203. [156] Andrew SZASZ, Ecopopulism Toxic Waste and The Movement for Environmental Justice, Minneapolis, University of Minnesota Press, 1994. [157] Robert D. BULLARD, Dumping in Dixie Race, Class, and Environmental Quality, Boulder, Westview Press, 1990. [158] Andrew HURLEY, Environnemental Inequalities Class, Race, and Industrial Pollution in Gary, Indiana, 1945-1980, Chapel Hill, University of North Carolina Press, 1995. [159] SynthĂšse dans G. MASSARD-GUILBAUD, Une histoire sociale de la pollution industrielle dans les villes françaises 1789-1914 », Habilitation Ă  diriger des recherches, UniversitĂ© de Lyon-II, 2003, Ă  paraĂźtre. [160] L’article de Pierre-Denis BOUDRIOT, Essai sur l’ordure en milieu urbain Ă  l’époque prĂ©industrielle. Boues, immondices et gadoue Ă  Paris au XVIIIe siĂšcle », Histoire, Ă©conomie et sociĂ©tĂ©, 5-4, 1986, p. 515-528, est longtemps restĂ© un cas assez isolĂ©. Ce n’est plus le cas avec Thomas LE ROUX, Les nuisances artisanales et industrielles Ă  Paris, 1770-1830 », doctorat d’histoire, UniversitĂ© de Paris 1, 2007 ; et Jean-Baptiste FRESSOZ, La fi n du monde par la science », innovations, risques et rĂ©gulations de l’inoculation Ă  la machine Ă  vapeur, 1750-1850 », doctorat d’histoire, EHESS, 2009. [161] Estelle BARET-BOURGOIN, La ville industrielle et ses poisons. Les mutations des sensibilitĂ©s aux nuisances et aux pollutions industrielles Ă  Grenoble, 1810-1914, Grenoble, Presses Universitaires de Grenoble, 2005. Voir aussi, dans une perspective non exclusivement urbaine Charles-François MATHIS, L’émergence d’une pensĂ©e environnementale en Angleterre au XIXe siĂšcle », doctorat en histoire, UniversitĂ© Paris 4, 2006. [162] Sabine BARLES, L’invention des dĂ©chets urbains. France, 1790-1970, Seyssel, Champ Vallon, 2005. [163] AndrĂ© GUILLERME, La naissance de l’industrie Ă  Paris. Entre sueurs et vapeurs, 1780-1830, Seyssel, Champ Vallon, 2007 ; Laurence LESTEL, Experts and water quality in Paris in 1870 », in Bill LUCKIN, G. MASSARD-GUILBAUD, Dieter SCHOTT Ă©d., Urban Environment Resources, Perceptions, Uses, Aldershot, Ashgate, 2005, p. 203-214. [164] Cf. en particulier les revues Études rurales et Histoire et sociĂ©tĂ©s rurales GĂ©rard CHOUQUER, Nature, environnement et paysage au carrefour des thĂ©ories », Études rurales, 2001, p. 235-251. Jean-Marc MORICEAU, De l’environnement au territoire regards croisĂ©s sur les sociĂ©tĂ©s rurales », Histoire et sociĂ©tĂ©s rurales, 16, 2001, p. 7-9. [165] Parmi des publications rĂ©centes, cf. Alice INGOLD, To historicize or naturalize nature hydraulic communities and administrative states in nineteenth-century Europe », French Historical Studies, 32-3, Ă©tĂ© 2009, p. 129-153 ; Marie-Danielle DEMÉLAS, Nadine VIVIER Ă©d., Les propriĂ©tĂ©s collectives face aux attaques libĂ©rales, 1750-1914 Europe occidentale et AmĂ©rique latine, Rennes, Presses universitaires de Rennes, 2003. [166] Ce discours – classique – ressortit du concept d’ orientalisme environnemental » Ă©laborĂ© par Suzana SAWYER, Arun AGRAWAL, Environmental orientalisms sexuality, race, conservation », Cultural Critique, 45, 2000, p. 71-108, et largement discutĂ© depuis.
Caril en existe des centaines, plus ou moins spĂ©cialisĂ©s : Papystreaming (qui se concentre sur les films et sĂ©ries en français), VoirSeries (qui se vante d'ĂȘtre trĂšs sĂ©curisĂ© Depuis le dimanche 24 janvier 2016, la Fox diffuse une mini-sĂ©rie dont le titre vous est sans doute familier The X-Files, Aux FrontiĂšres du RĂ©el
 Six nouveaux Ă©pisodes a priori diffusĂ©s dans le dĂ©sordre qui constituent la suite de l’évĂ©nement phĂ©nomĂšne des annĂ©es 90. Verrouillez votre porte Ă  double tour, Ă©teignez vos portables, baissez vos rideaux, ne mangez que des conserves que vous avez vous-mĂȘme ouvertes et dites-vous bien qu’ils vous Ă©coutent. Qui ça, ils ? Ben, eux ! Retour sur la sĂ©rie tĂ©lĂ©visĂ©e des dossiers classĂ©s X ». Non, posez cette boĂźte de Kleenex ! Ce n’est pas ce genre de X » là
 Le dimanche 12 juin 1994 sur M6, les tĂ©lĂ©spectateurs français plongeaient pour la toute premiĂšre fois dans l’univers complotiste des X-Files Aux FrontiĂšres du RĂ©el » chez nous, un ovni tĂ©lĂ©visuel qui proposait du jamais-vu l’image, la rĂ©alisation, le ton
 Tout relevait d’une qualitĂ© cinĂ©matographique jamais atteinte jusqu’alors. Sans parler des scĂ©narios. Certes, plusieurs Ă©pisodes suivaient la formule classique des shows du petit Ă©cran en se conformant Ă  la formule un Ă©pisode = une histoire », mais il y avait nĂ©anmoins un fil conducteur Ă  travers les neufs saisons, et parfois mĂȘme des Ă©pisodes qui Ă©taient incomprĂ©hensibles sans avoir vu les prĂ©cĂ©dents. Une chose rare pour l’époque. Oh, et une bonne VF. Encore plus rare. Cette sĂ©rie amĂ©ricaine et non pas amĂ©ricano-canadienne, contrairement Ă  ce qu’annonce la page française de Wikipedia, relatant les aventures de deux agents du FBI confrontĂ©s Ă  l’inconnu, allait changer Ă  nombreuses reprises de jour de diffusion dans notre beau pays. Mais surtout cette dĂ©ferlante de la pop culture allait s’abattre sur la France et le monde en laissant bien plus qu’un souvenir anecdotique. Zeu trouffe ize aoutte zĂšre Ancien journaliste spĂ©cialisĂ© dans le surf le vrai, avec des planches et scĂ©nariste chez Disney, le crĂ©ateur de la sĂ©rie Chris Carter s’est inspirĂ© des sĂ©ries cultes de sa jeunesse Kolchak The Night Stalker, Dossiers BrĂ»lants en VF, et The Twilight Zone, La QuatriĂšme Dimension en VF pour crĂ©er ce qui deviendra l’Ɠuvre de sa vie. Le pitch deux agents du FBI enquĂȘtent sur des phĂ©nomĂšnes inexpliquĂ©s, allant des fantĂŽmes aux vampires, en passant par les extra-terrestres. L’un arbore une personnalitĂ© obsessionnelle, en croisade au nom de la vĂ©ritĂ©; l’autre est une sceptique acerbe placĂ©e dans ce service pour le dĂ©mystifier. Une stratĂ©gie qui, comme l’espĂšrent certains, mĂšnera enfin Ă  sa fermeture dĂ©finitive. Manque de bol, bien qu’elle ne croie pas Ă  toutes ces sornettes, elle finira par dĂ©fendre la validitĂ© des enquĂȘtes et l’importance du bureau des affaires non classĂ©es ». Carter imagine les deux personnages comme la personnification de sa foi et de son scepticisme. Mais par un tour de passe-passe, le surfeur/scĂ©nariste inverse intelligemment les stĂ©rĂ©otypes de genre. Et voilĂ  que la foi prend forme masculine, tandis que le scepticisme devient fĂ©minin. David Duchovny, surtout connu jusqu’alors pour son rĂŽle d’agent du FBI travesti dans Twin Peaks, reprend du service de maniĂšre fictive mais en laissant son tailleur jupe de cĂŽtĂ©. Dans X-Files, Duchovny incarne Fox Mulder, un profiler exceptionnel qui, de son propre chef, se concentre sur les dossiers abandonnĂ©s et les cas inexpliquĂ©s. Quand il Ă©tait enfant, sa sƓur a disparu et il est persuadĂ© qu’elle a Ă©tĂ© enlevĂ©e par des extra-terrestres. Gillian Anderson hĂ©rite quant Ă  elle du rĂŽle de la trĂšs terre-Ă -terre Dana Scully, personnage plus que fortement inspirĂ© par celui de Clarice Starling dans le Silence des Agneaux, fascination morbide avec les tueurs en sĂ©rie oblige. Jeune agent du FBI Ă  peine sortie de l’acadĂ©mie, mĂ©thodique, allant jusqu’à avoir la mĂȘme coupe de cheveux du personnage interprĂ©tĂ© par Jodie Foster et qui a valu un oscar de Meilleure Actrice Ă  cette derniĂšre en 1992. L’annĂ©e oĂč Chris Carter a Ă©crit le pilote de X-Files
 Gillan Anderson avouera d’ailleurs plus tard dans des interviews qu’elle a basĂ© son approche du personnage de Scully sur celui de Jodie Foster dans le film prĂ©alablement citĂ©. La blague est que plusieurs annĂ©es aprĂšs X-Files, on lui proposera de reprendre le rĂŽle de Starling pour Hannibal, proposition qu’elle devra dĂ©cliner en raison d’une clause de son contrat stipulant qu’elle ne peut pas jouer un agent du FBI en dehors de la sĂ©rie de Carter. Le pilote diffusĂ© le 10 septembre aux USA est un succĂšs immĂ©diat qui attire douze millions de tĂ©lĂ©spectateurs dans le pays et le dernier Ă©pisode de la saison en ramĂšne quatorze millions. Ce n’est qu’un dĂ©but car la sĂ©rie atteindra quasiment les trente millions dans sa troisiĂšme saison. Toutes les lĂ©gendes urbaines y sont exploitĂ©es, tous les mythes y sont abordĂ©s, tout Ă©lĂ©ment fantastique trouve sa place Ă  un moment ou Ă  un autre dans la sĂ©rie. C’est d’ailleurs le seul gros reproche qu’on peut lui faire tout existe, les vampires, les loups-garous, les spectres, les yĂ©tis, les robots, les sorciĂšres, les lutins, les pouvoirs psychiques et les transports en commun qui ne font pas grĂšve. TOUT. C’est Ă  croire que la Terre entiĂšre est aveugle et que seul Mulder connaĂźt la vĂ©ritĂ©. Comme si pendant neuf ans, il avait Ă©tĂ© le seul Ă  s’y intĂ©resser, aidĂ© de ses trois potes paranoĂŻaques, les Lone Gunmen trĂšs mal traduit en VF par les Bandits Solitaires », passant ainsi Ă  cĂŽtĂ© de la rĂ©fĂ©rence Ă  la thĂ©orie du complot entourant le meurtre de JFK. Trad exacte les Tireurs IsolĂ©s. Mais admettons
 Trust personne MĂ©langeant les slogans I want to believe » je veux croire », Trust no one » ne faites confiance Ă  personne » et The truth is out there » la vĂ©ritĂ© est ailleurs », la sĂ©rie se transforme en phĂ©nomĂšne pop-culture qui s’abat sur le monde entier, y compris au Japon oĂč la sĂ©rie atteint la premiĂšre place Ă  l’audimat, chose inĂ©dite pour une sĂ©rie amĂ©ricaine Ă  l’époque. La France tombe aussi sous le charme et, dans certaines enseignes commençant par A » et terminant par lbum », les cartes Ă  collectionner se vendent par palettes entiĂšres. Comme les bandes dessinĂ©es, les mangas, les posters I want to believe », les faux badges du FBI ou mĂȘme les faux spĂ©cimens de fƓtus extraterrestres. Tout y passe. La sĂ©rie suit deux formules Monster of the Week ou MotW le monstre de la semaine » qui sont des Ă©pisodes stand alone », format classique, anecdotique et utilisĂ© par de nombreuses autres sĂ©ries avant et aprĂšs les X-Files. le Mytharc l’arc de la mythologie », qui se concentre sur la conspiration politico-extra-terrestre que Mulder veut faire Ă©clater au grand jour. Et c’est surtout ce Mytharc qui suscite le plus grand intĂ©rĂȘt, les complotistes y trouvant largement de quoi alimenter leurs fantasmes les plus fous. AppelĂ©e successivement Consortium » puis Syndicat », l’organisation au centre de cette conspiration n’est ni plus ni moins qu’une variante des Illuminati qui auraient pactisĂ© avec des visiteurs d’un autre monde. Le crash de Roswell en 1947, la Zone 51 et toute la paranoĂŻa vĂ©hiculĂ©e par Jacques Pradel et sa cassette vidĂ©o toute pougnave se rajoutent Ă  l’engouement. Les Envahisseurs
 Fox Mulder les a vus ! » Mon rĂ©dac’ chef vĂ©nĂ©rĂ© mettrait un contrat sur ma tĂȘte si j’énumĂ©rais toutes les rĂ©fĂ©rences qui parsĂšment la sĂ©rie. Mais s’il n’y en avait qu’une Ă  citer, ce serait sans conteste l’apparition de Roy Thinnes, acteur qui incarnait David Vincent dans la sĂ©rie des annĂ©es soixante Les Envahisseurs ». Une histoire paranoĂŻaque ayant pour sujet un homme tentant de tirer la sonnette d’alarme Ă  propos d’une cinquiĂšme colonne extra-terrestre vivant parmi nous, attendant patiemment le moment pour frapper et envahir notre belle planĂšte
 Ça vous rappelle quelque chose ? MĂȘme si on pourrait penser que la sĂ©rie se rĂ©sume Ă  la Zone 51 n’existe pas et si vous ĂȘtes intelligent, vous arrĂȘterez de poser des questions », il n’en n’est rien. Si ça commence par ce qui semble ĂȘtre un clichĂ©, le Mytharc devient de plus en riche en personnages qui se rajoutent comme de multiples pierres Ă  l’édifice passionnant de Chris Carter. Il y a une version russe du Syndicat qui opĂšre aussi dans l’ombre, l’agent double ou triple ou indĂ©pendant qu’est Alex Krycek et qui devient partenaire de Mulder, un indic » nommĂ©e Gorge Profonde en hommage au scandale du Watergate, Mr. X une autre rĂ©fĂ©rence au Watergate et mĂȘme une huile noire qui contamine et plie les gens Ă  sa volontĂ© avec pour projet d’ĂȘtre distribuĂ©e via du maĂŻs transgĂ©nique. Les deux derniĂšres saisons verront l’apparition de deux autres agents Monica Reyes et John Doggett, jouĂ© par Robert Patrick inoubliable en T1000 dans Terminator 2, qui aideront Scully alors que Mulder est mystĂ©rieusement manquant et n’apparait que de maniĂšre sporadique. Ceci Ă©tant expliquĂ© par le fait que le contrat des deux stars d’origine prenant fin, Duchovny en profita pour se mettre Ă  mi-temps. Et la reconnaissance n’est pas que dans les yeux des fans car l’industrie fĂ©licite amplement la sĂ©rie en lui donnant soixante-cinq rĂ©compenses dont Meilleure SĂ©rie aux Golden Globes en 1994, 1996 et 1997. Aie ouante tou bilive Et puisqu’on parle de 1997, c’est durant cette annĂ©e qu’un Ă©vĂ©nement Ă©trange fit beaucoup de bruit par chez nous, Ă©vĂ©nement qu’on ne put bien entendu pas s’empĂȘcher de relier Ă  la sĂ©rie. L’histoire se passe dans le dĂ©partement du Nord, au lycĂ©e-collĂšge EugĂšne-Thomas de Quesnoy. De nombreux Ă©lĂšves prĂ©sentent soudainement des rougeurs et dĂ©mangeaisons au niveau du visage et des mains. Les adultes ne sont quant Ă  eux pas touchĂ©s et, fait encore plus troublant, les cas apparaissent spĂ©cifiquement durant certaines pĂ©riodes de la semaine. Plusieurs personnes font immĂ©diatement le lien avec l’épisode d’X-Files la Guerre des coprophages », rediffusĂ© quelques jours auparavant. Panique. Fermeture de l’établissement. L’hypothĂšse de toxi-infection alimentaire collective est d’emblĂ©e Ă©cartĂ©e. Les mĂ©dias s’emparent de l’affaire et baptisent l’incident le X-Files Syndrome ». Quelques cas seront dĂ©terminĂ©s comme auto-infligĂ©s suite Ă  des frottements avec de la laine, du cuir ou de la soie. Mais le reste des patients seront bel et bien diagnostiquĂ© comme victimes d’un phĂ©nomĂšne psychogĂ©nique de masse provoquĂ© par le stress de la distribution des bulletins scolaires, la suggestion de l’épisode et la mauvaise blague de leurs camarades. Mais revenons au monde de la tĂ©lé  Forte de son succĂšs, la sĂ©rie X-Files va engendrer plusieurs spin-offs. Tout d’abord, citons le cas des Bandits Solitaires qui auront leur propre sĂ©rie du mĂȘme nom, sĂ©rie qui ne durera malheureusement qu’une saison. Le monde n’était sans doute pas prĂȘt pour une sĂ©rie tĂ©lĂ© avec trois geeks pas sexy. Mentionnons Ă©galement Millenium, qui tĂ©moigne encore une fois de la passion indĂ©fectible de Chris Carter pour Thomas Harris l’auteur de la saga autour d’Hannibal Lecter. Si Dana Scully est inspirĂ©e par la recrue Clarice Starling, Frank Black est ouvertement un clone de Will Graham, mais poussĂ© Ă  l’extrĂȘme. Son don » pour se mettre Ă  la place de tueurs en sĂ©rie lui a valu trop de sacrifices et l’a forcĂ© Ă  quitter le FBI. FatiguĂ©, usĂ© mĂȘme, il dĂ©couvre l’existence d’une organisation baptisĂ©e Millenium et qui pourrait Ă  nouveau le rendre utile. Changeant de ton Ă  chaque saison, la sĂ©rie n’existera que pendant trois ans. Notons que ces deux titres verront leurs histoires prendre fin au sein de X-Files Aux FrontiĂšres du RĂ©el. X-Files – Fight the Future A la base, Chris Carter voulait clĂŽturer son Ɠuvre Ă  l’issue de la cinquiĂšme saison et terminer la saga par une suite de films. Eh bien non ! 20th Century Fox a vu cela d’un tout autre Ɠil. Pour la chaĂźne, pas question de lĂącher leur poule aux Ɠufs d’or. Elle donne nĂ©anmoins son feu vert pour une sortie en salles, mais les lois de l’audimat imposent de continuer aussi sur les ondes hertziennes. L’ami Carter se voit alors dans l’obligation de concocter un scĂ©nario s’intercalant entre la saison cinq et six, pouvant ĂȘtre vu et compris par des gens n’ayant jamais visionnĂ© la sĂ©rie. Qui plus est, il faut caser le tournage durant la pause entre la saison quatre et cinq, soit un an Ă  l’avance, avec la difficultĂ© supplĂ©mentaire de respecter la continuitĂ© de la sĂ©rie, puisque le film s’intĂšgre dans le fameux Mytharc. La rĂ©gression schizophrĂ©nique ayant Ă©tĂ© Ă©vitĂ©e, Chris Carter rĂ©ussit son pari et le film X-Files Fight the Future intelligemment traduit en X-Files, le film » en VF sortira en salle en 1998, et rencontrera un succĂšs international. Carter en profitera pour arrĂȘter de tourner Ă  Vancouver Canada et rapatrier la production Ă  Los Angeles. Trois ans plus tard, la tragĂ©die frappe les deux tours du World Trade Center. Et ses consĂ©quences sont politiques, sociales, financiĂšres, mĂ©diatiques et culturelles. La fin de X-Files a eu lieu pendant l’administration Bush et aprĂšs les Ă©vĂ©nements du 11 septembre 2001, nous avons trĂšs rapidement compris que les gens ne pouvaient pas simplement s’exprimer ouvertement et publiquement sur ce qu’ils pensaient que nous devrions faire ou pas, suite Ă  ce qu’il s’était passĂ©. Jusque-lĂ , la sĂ©rie avait — et a toujours — principalement pour sujet les complots gouvernementaux. Il y en a Ă  l’heure actuelle qui affirment que le gouvernement a eu connaissance ou a provoquĂ© ces Ă©vĂ©nements, ou encore que ça a Ă©tĂ© une ruse et une excuse pour aller en Irak
 Mais ce n’était plus acceptable que des gens puissent accuser le gouvernement de mentir ou de n’ĂȘtre pas digne de confiance. Et c’était la base de notre sĂ©rie. Gillian Anderson. Le show prend fin le 19 mai 2002 aux États-Unis. En France, ce sera en le 22 janvier 2003. Le service des affaires non classĂ©es a officiellement fermĂ© ses portes. Laissant une marque indĂ©lĂ©bile sur la tĂ©lĂ©vision, et de façon plus gĂ©nĂ©rale dans la pop-culture, il inspirera plus d’une sĂ©rie Supernatural, les trois premiĂšres saisons de Smallville toutes les deux tournĂ©es au Canada mais aussi Torchwood, le crĂ©ateur gallois Russel T. Davies citant X-Files comme source d’inspiration majeure. X-Files I Want to Believe Cinq ans aprĂšs la fin de la sĂ©rie, un deuxiĂšme film sort dans les salles sous le titre I Want To Believe X-Files RĂ©gĂ©nĂ©ration en VF. Si le premier long mĂ©trage se concentrait Ă  mort sur le Mytharc, ce second volet est une caricature d’épisode de monstre de la semaine ». Et pas un des meilleurs. Les personnages y sont plan-plan, on y apprend que Mulder se cachait mais pas vraiment, qu’il est avec Scully mais pas vraiment, qu’il y a un scĂ©nario mais pas vraiment. Bref, on s’en fout. Et nous n’étions a priori pas les seuls, puisque le film sera un Ă©chec cuisant. Certains rejetteront la faute sur la sortie de The Dark Knight une semaine auparavant, mais ne nous voilons pas la face le 2Ăšme long mĂ©trage estampillĂ© X-Files Ă©tait tout sauf mĂ©morable. Ce qui n’empĂȘchera pas de nombreux fans de continuer Ă  s’emballer pour l’univers, comme le dĂ©montre la sortie de nombreux comic books poursuivant l’histoire jusqu’aux saisons dix et onze. La verite est ailleurs
 et surtout de retour sur la FOX AprĂšs l’échec cuisant de son pilote The After pour Amazon passĂ© sous le radar de pratiquement tout le monde, Chris Carter voulait relancer la machine X-Files avec un troisiĂšme film, mais dĂ» finalement abandonner l’idĂ©e aprĂšs trois tentatives infructueuses de monter le projet. C’est finalement en tĂ©lĂ© que la sĂ©rie renaĂźtra de ses cendres, projet initiĂ© en janvier 2015 sous l’impulsion du PDG du Fox Television Group, Gary Newman. Carter accepte d’emblĂ©e. Duchovny se remettait de plusieurs annĂ©es sur Californication et Aquarius ou sa NĂ©mĂ©sis n’était autre que Charles Manson. Suite Ă  sa sĂ©rie britannique elle habite Ă  Londres, The Fall, Anderson avait tournĂ© en tant que psychanalyste du Docteur Lecter dans la sĂ©rie tĂ©lĂ© Hannibal. Une fois surmontĂ©e la difficultĂ© de trouver un moment pour rĂ©unir les trois principaux Ă©lĂ©ments » de la sĂ©rie Carter, Duchovny et Anderson malgrĂ© leurs emplois du temps chargĂ©s, le retour peut enfin s’amorcer. Dernier petit accroc Ă  rĂ©gler Gillian Anderson se voit offrir la moitiĂ© du salaire de Duchovny pour rĂ©intĂ©grer la sĂ©rie. Une offre qu’elle ne peut dĂ©cemment accepter, considĂ©rant que son personnage reprĂ©sente plus qu’un vulgaire sidekick. Heureusement, aprĂšs quelques houleuses nĂ©gociations, les deux stars se retrouveront finalement sur un pied d’égalitĂ© financier. Je veux croire Alternant Mytharc et monstre de la semaine, la Fox diffuse le premier Ă©pisode le dimanche et le deuxiĂšme le lundi, histoire de frapper un grand coup. Carter nous prouve que son bĂ©bĂ© n’est pas mort. Loin de lĂ . Tout les Ă©lĂ©ments qui ont fait le succĂšs de la sĂ©rie originale sont prĂ©sents la conspiration, la parano, le ton espiĂšgle et dark en mĂȘme temps. Le gouvernement en prend plein la tronche, George W aussi au passage, et la sĂ©rie se moque des Ă©missions rĂ©acs sĂ©vissant sur Youtube. Il y a mĂȘme une rĂ©fĂ©rence au nazisme le titre My Struggle » est la traduction anglaise de Mein Kampf ». MĂȘme le gĂ©nĂ©rique est d’époque. Comme si la sĂ©rie ne s’était jamais arrĂȘtĂ©e. J’ai carrĂ©ment hĂ©sitĂ© Ă  chercher une VHS pour enregistrer, par rĂ©flexe saloperie de trilogie du samedi soir. Maudit sois-tu, M6 ! Si vous avez encore le moindre doute sur le fait que cette sĂ©rie constitue une pierre angulaire de l’histoire de la tĂ©lĂ©vision, posez-vous simplement cette question vous en connaissez beaucoup des sĂ©ries qui ont des accessoires qui terminent au Smithsonian’s National Museum of American History dont le scĂ©nario du pilote et le poster I Want To Believe », et qui reprennent lĂ  oĂč elles s’étaient arrĂȘtĂ©es quatorze ans plus tĂŽt comme si de rien n’était ? C’est bien ce que je pensais
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